Après une première salve avec le coffret Ninja + Samurais, voici la deuxième offensive de HK Vidéo : un double feature des plus aguichants, composé des Guerriers de l’Apocalypse de Saito Mitsumasa et Dragon Princess de Kohira Yutaka. Encore une fois, le principal argument de vente est la star Sonny Chiba. Par Jérémy Coifman.
Les Guerriers de L’Apocalypse
Japon 1979, une troupe de militaires équipée de camions, d’un hélicoptère et d’un char, sont propulsés dans le Japon féodal du 16ème siècle. Ils participeront aux batailles opposant les seigneurs de l’époque.
Tiré d’un roman de Hanmura Ryo, le pitch de départ a quelque chose de très excitant. Voir des soldats contemporains arriver dans le Japon d’antan crée tout de suite un décalage passionnant. Le long métrage joue d’ailleurs presque uniquement sur ce décalage. La perte de repères, l’incompréhension totale. La faille temporelle (filmée de manière typiquement seventies, avec filtres de couleurs, chevaux galopants, tout en psychédélisme) est inexpliquée.
Le leader de cette troupe est Iba (Sonny Chiba), un militaire avide de combats. Il a l’air renfrogné, autoritaire, passionné. Il fait la rencontre de Kagetora Nagao. Tout de suite, un respect mutuel s’installe entre les deux hommes. C’est l’instant de la rencontre. Iba montre comment tirer à la mitraillette à Nagao, ça rigole, la musique est bucolique. Iba n’aura pas le temps de jouer au dernier samuraï comme Tom Cruise, l’action va pouvoir enfin débuter ! Et en ce qui concerne l’action, on laisse les chorégraphies à Sonny Chiba et son Japan Action Club ! C’est violent, épique et rythmé. Pile ce qu’on attendait au fond.
Quand on lit le synopsis, il est presque impossible (si on est fan de science-fiction) de ne pas penser au film américain The Final Countdown aka Nimitz, retour vers l’enfer dans nos contrées. Le film était adapté d’un roman lui-même inspiré par Les Guerriers de L’Apocalypse ! Mais là où celui-ci proposait une approche beaucoup plus psychologique et philosophique, le film de Saito est avant tout un gros film épique. Malgré tout, le film prend le temps de développer ses personnages et l’image que renvoie l’armée japonaise n’est pas des plus glorieuses. Ils sont parfois montrés comme des lâches incapables, des tire-au-flanc ou des monstres.
Malgré des qualités évidentes, le film n’évite pas quelques maladresses et surtout a un aspect parfois Over The Kitsch, comme ces séquences clipesques avec une musique pop rock à la mode et un montage alterné du plus mauvais goût. Un montage que n’aurait pas renié le Sylvester Stallone de Rocky IV ! La musique reste donc un des gros points faibles du long métrage. Tantôt insipide, hors propos ou totalement kitsch, elle dessert grandement la qualité des Guerriers de L’Apocalypse. Les images perdent de leur force, c’est moins épique que prévu.
Malgré beaucoup de maladresses et peu de moyens, le film remplit son office. La bataille finale est passionnante et impressionnante, le décalage des époques est assez bien exploité et Sonny Chiba est toujours aussi charismatique.
Dragon Princess
New-York 1966, le crime est en recrudescence et les policiers sont blessés par dizaine chaque jour. Pour faire face à la menace grandissante, les autorités décident d’enseigner le karaté comme moyen d’auto-défense. Deux écoles de karaté s’opposent pour obtenir les faveurs de la police et pouvoir vivre de leur art. Higaki Kazuma (Sonny Chiba) est en tête de liste, mais Nikaido, un autre postulant, le provoque en duel pour la victoire finale. Cependant, ce duel se révèle être un vil piège et Higaki en ressort infirme. Sa fille ayant assisté à toute la scène, Higaki décide de se servir de la haine de la petite fille et d’en faire l’instrument de sa vengeance.
Tout indique à la lecture du synopsis que l’on aura droit à un bon Revenge Movie. Et c’est exactement ce qu’on aura. Petite déception pour ceux qui achèteraient le coffret pour voir deux films avec Sonny Chiba en héros : il n’est pas le héros de ce film, pis, on ne le voit que vingt minutes. On pourra se réconforter en regardant sa première scène, combat rondement mené contre trois fous furieux à la solde de Nikaido, le Big Bad Guy de l’histoire. Saut au ralenti, armes blanches, musique funky, on est tout de suite dans l’ambiance seventies et c’est un vrai plaisir. Cette première scène avec son ambiance western (une église désaffectée, des portes claquants sous les coups du vent, le duel), met le film sur de bons rails.
L’héroïne du film est donc la fille d’Higaki qui, devenue adulte, sera une vraie machine à balancer des tatanes. Shihomi Etsuko interprète cette femme dévouée à venger son père. Membre du J.A.C (Japan Action Club fondé par Sonny Chiba), elle prend la relève avec brio. Dans sa deuxième partie, le film fait penser à Enter The Dragon avec Bruce Lee. Un tournoi de karaté est organisé, mais le but de Nikaido est d’éviter toute concurrence. Il va tenter d’éliminer tous les participants. Pourtant ce tournoi n’aura jamais lieu, à notre plus grand regret. Mais rassurons-nous, le rythme reste très élevé, aidé par la durée assez courte du film (1h20).
Aidée par un Kurata Yasuaki en grande forme, la jeune héroïne va se frayer un chemin, gravir les étapes jusqu’à la confrontation finale. La structure classique du Revenge Movie, les expérimentations formelles de Kohira Yutaka (les filtres de couleurs, les ralentis), les combats passionnants (les dobermans, les clochettes, le combat final) font de Dragon Princess un divertissement de premier choix, dans le cadre d’un double feature du samedi soir.
Ce coffret est donc une bonne pioche et propose un double programme assez réjouissant. De la fresque guerrière/science-fiction et un bon revenge movie, que demande le peuple ?
Verdict :
Les Guerriers de L’Apocalypse – Coffret 2 Films avec Sonny Chiba, inclus le film Dragon Princess, disponible en DVD, édité par Hk Vidéo (Metropolitan), depuis le 01/02/2012.
Jérémy Coifman.