Sex and Zen 3D: The Great Extasy, preview en direct de Hong Kong !

Posté le 27 juin 2011 par

Après le retour de Tsui Hark et son Detective Dee, c’est un autre monument du cinéma hong kongais des années 90 qui nous fait son come back. Et quel come back : un budget de 3 millions de dollars, un buzz mondial et pour finir un hold-up sur le box office en battant, l’espace de quelques jours,  Avatar de James Cameron à Hong Kong ! Je veux bien sur parler de Sex and Zen 3D : The Great Extasy du réalisateur inconnu Christopher Suen, sorti le 14 avril dernier à Hong Kong et Taiwan. Par Maitre Shifu.

Résident en Chine et attiré par le teasing et la bande annonce mucha caliente, me voici à 9h30 du matin au cœur de MongKok, quartier bien connu de Hong Kong pour ses triades, dans une salle pleine à craquer,  lunette sur le nez et dimsum dans la main pour vous en faire la critique !

Sex and Zen 3D tient-il toutes les promesses que son titre et sa réputation suggèrent ?

Attention verdict !

La file d’attente de Sex and Zen à 9h30 !

BACK TO THE PAST !

Pour les néophytes qui nous lisent, un petit retour en arrière s’impose.  Sex and Zen, ce sont  trois films sortis entre 1991 et 1998  d’abord sous la direction de Michael Mak (déjà au commande de polars comme The long Arm of the law)  avant de passer sous la houlette de Wong Jing, le dernier grand nabab de HK toujours à l’affût d’un nouveau filon ou d’une franchise à pressurer.

Ces œuvres nous racontent les débauches et déboires de nobles en quête de virilité et de prostitués perfectionnant leur art  dans la Chine médiévale.

Je fais ici un résumé très simpliste, mais grâce à ses  séquences érotiques softs, ses scénarios abracadabrantesques mêlant humour, Kung Fu et sexe, son casting peuplé de très belles actrices (Shu Qi y  fait ses débuts dans le 2)  et à sa mise en scène très soignée, la série est devenue un grand classique de la Catégorie III.

Le billet de Sex and Zen, marqué du sceau de la CAT III !

La catégorie III est la classe qui renferme tous les films interdits au moins de 18 ans pour leur amoralité, violence ou des thèmes, pudeur britannique oblige, que l’on juge dérangeant pour le public. Wong Kar Wai et son Happy together narrant une relation homosexuelle fut frappé du sceau de la CAT III tout comme de nombreux autres grands réalisateurs tels Ringo Lam et John Woo.

Si vous souhaitez vous plonger dans l’histoire de cette catégorie, je ne peux que vous conseiller de lire  le très riche livre  Catégorie III : sexe, sang et politique à Hong Kong de Julien Sévéon, qui rend un vrai hommage à ce genre à part entière du cinéma hong kongais.

SEX IS COMEDY

En guise de préliminaire, parlons non pas de Sex et de 3D mais débutons tranquillement  par le Zen, le scénario et la mise en scène !

L’histoire rappellera des souvenirs à ceux qui ont vu l’opus originel puisque pour ce revival de la franchise, c’est vers le remake que le producteur et scénariste du film Stephen Shiu (déjà producteur du 1)  s’est tourné.

On y retrouve Wei, un jeune noble lettré marié à la belle Tie. Tout semble sourire au jeune couple mais Wei se découvre impuissant. Pour retrouver sa virilité, il part à la rencontre du Prince Ning, un despote débauché qui lui révèlera ses secrets pour le meilleur et pour le p(r)ire. Le film sortant en France très prochainement, il serait dommage de déflorer les surprises du film.

Scénaristiquement parlant, cette version 2011 garde tous les ingrédients du premier film, qui était déjà lui-même l’adaptation d’un classique de la littérature érotique chinoise : la chine médiévale, la quête de virilité, l’opération chirurgicale bien particulière que subie le héros, la déchéance et la rédemption. A ce matériel de base, il ajoute une histoire de vengeance qui permet quelques scènes de Wu Xia Pian : poignards volants, combat au sabre, etc. Ces scènes sont certes anecdotiques mais participent bien  à ce cocktail «  tout en un » que cherche à nous faire partager Stephen Shiu.

Le breuvage n’est pas révolutionnaire, très déroutant dans son dernier tiers, mais se boit très agréablement sans ennui et dans l’euphorie, car la principale force du scénario, c’est véritablement son humour.

Un humour que l’on retrouve dans les dialogues, et dans la tonalité burlesque du métrage. Ce burlesque se trouve renforcé par la caméra dynamique de Christopher Suen, qui réussit par exemple à rendre encore plus drôle qu’elle ne l’était la scène de l’opération chirurgicale en la transformant en un ballet comique, où tous les éléments se déchainent contre le héros. Second exemple, la scène d’amour en suspension, qui se déroule  chez le marchand d’étoffe se transforme ici en une sorte de parodie de Tarzan avec le prince Ning sautant de chaine en chaine dans sa caverne en honorant fort vigoureusement sa courtisane.

Incontestablement, cette relecture comique est une des forces du film et fait honneur à l’œuvre d’origine.

Autre réussite du métrage : sa mise en scène très soignée. La Chine médiévale est assez bien reconstituée, les costumes sont très beaux et certains, à l’instar de la robe de Vonnie Lui, sont très originaux. Seule ombre au tableau : la caverne qui tient lieu de lupanar au  prince Ning est complètement kitsh avec ses fontaines en forme de  sexe et ses rochers tocs.

Éloge de la chair

Autant vous le dire tout de suite, ceux qui s’apprêtent à voir Sex and Zen 3D car le buzz autour du film s’est fait autour du slogan «  le premier film porno en 3D » vont tomber de haut. Disons le franchement, les journaux français comme L’express qui ont utilisé le mot porno pour relater la sortie du film à Hong Kong ont fait preuve d’une méconnaissance totale de la série. En effet, Sex and Zen n’est pas un film porno au sens strict du terme mais bien un film érotique soft. Vous y verrez poitrines, quelques toisons et ébats mais tout le reste est astucieusement caché.

Au-delà de cette comparaison sémantique, ces scènes libertines sont filmées de manière très glamour et il y en a pour tous les gouts : triolisme, amour en groupe, amour féminin et j’en passe. Tout comme le premier film, on retrouve quelques postures acrobatiques et délirantes.

Cependant même si ces batifolages sont bien filmés et assez bien intégrés au scénario, ils sont quand même un ton en dessous de la version de 1991, qui est sur cet aspect très généreux. Ici, ils sont plutôt courts mais surtout ils ne sont, à quelques exceptions près, nullement mémorables. On sent, comme une retenue dans l’imagination de ces séquences alors que l’originale offrait un spectacle assez osé comme la scène de la nuit de noce, de la  baignoire, du tisserand vigoureux, de la miche de pain ou de la flûte.

Le charme de ces scènes est également le fruit des actrices du film. Un casting en adéquation avec le thème puisque qu’il réunit la fine fleur du cinéma  érotique et pornographique de Hong Kong et du Japon. Coté Hong kongais, Vonnie Lui, nymphette des CAT III,  nous joue une transsexuelle aux attributs spectaculaires, Lan Yan l’actrice sino-russe, interprète l’épouse bafouée qui plongera dans le libertinage. Enfin les amateurs d’AV japonaises trouveront leur bonheur dans les performances de Saori Hara (hilarante quand elle défroque un moine) et de Yukiko Suo, toutes deux courtisanes du prince Ning.

Mais là, encore fois, si physiquement le casting est à tomber, il n’efface en rien les performances de 1991  avec Amy Yip, Carrie Ng ou Isabelle Chow. La faute à un scénario où les filles ne sont finalement là  que pour  assouvir avec talent les besoins du héros, flatter la rétine du spectateur et… rien d’autre ! Mis à part Lan Yan et Vonnie Lui qui ont des personnages légèrement travaillés et qui interviennent autre part que dans un lit, on est très loin du jeu d’Amy Yip, par exemple, l’épouse délaissée par son libertin d’époux,  qui savait si bien retranscrire sa passion et son feu intérieur.

Chez les garçons, si Tony Ho (vu dans Flashpoint avec Donnie Yen) s’impose en Prince Ning dans toute sa violence et sa débauche, l’ex mannequin Go Hayama en lettré impuissant ne rivalise pas par sa transparence avec la formidable  gouaille  et crétinerie de  Lawrence Ng, star du premier film.

Regardez-moi dans les yeux, j’ai dit les yeux !


Après le zen, le Sex, attardons nous  maintenant sur ce qui a provoqué tout ce ramdam autour du film, j’ai nommé la 3D !

Tout comme la publicité du film autour du mot « porno », une mise au point s’impose. Si vous  rêvez que votre idole favorite d’AV prendra du plaisir à quelques centimètres de vous, vous allez être cruellement déçu.

Deux 3D cohabitent dans le film. Une 3D technique à la Avatar qui concerne la profondeur de champs, qui est ici visuellement assez réussie, puisque le film a été tourné en 3D et  l’on se sent vraiment en immersion. Quand à la 3D qui fournit l’essentiel du spectacle, la « 3D  pop up », elle est utilisé avec les balles de pistolet, les couteaux, les vases qui  volent efficacement vers le spectateur.

Mais du coté du sex 3D, c’est la déception qui domine ! Mis à part deux courtes scènes où vous verrez la poitrine de Saori Hara venir vers vous et les pouvoirs de Vonnie Lui, la 3D n’est jamais mise au service du libertinage et c’est bien dommage car c’est une promesse du film qui s’envole malgré une 3D très convaincante permise grâce au budget du film.

Et la tendresse ? Bordel !

Tous les défauts mineurs du film que j’ai esquissé jusqu’ici,  casting et 3D, ne sont rien face à la tare majeur du long métrage qui est pour moi son dernier tiers.

Pendant 1h10, Sex and Zen 3D est un très honnête divertissement qui honore son cahier des charges mais lorsque s’engage la fin du film, c’est la sortie de route.

En guise de conclusion, l’épisode premier nous mettait en garde contre le libertinage avec la déchéance du héros devenu grabataire, qui expiait le suicide de sa femme dans un monastère. Ici, la notion de déchéance est bien là mais la forme est digne d’un sermon fait par une ligue des bonnes mœurs intégriste.

Car pour punir le héros, scénaristes et réalisateur se tournent vers le torture porn, le gore et la série Saw ! Même si l’ensemble fait grand guignol, avec tout ce sang en 3D, on peut ressentir une certaine gêne devant ces scènes de SM hard, ces gros plans sur des plaies purulentes gorgées d’asticots ou encore ce cheval à bascule que Jigsaw aurait aimé inventer.

On ne rit absolument plus, le divertissement devient une insupportable leçon de morale assenée à coup de marteau.

Heureusement que  le film se termine vraiment de manière burlesque et autour de quelques plaisanteries, histoire de sortir de la salle le sourire aux lèvres.

Alors c’est un bon coup ?

Au final Sex and Zen 3D : the great extasy ne méritait sans doute pas tout ce buzz autour de lui. D’une part, sa 3D, bien que très maitrisée, n’apporte en rien une plus-valu au film puisqu’elle n’est pas utilisée dans les moments clefs ,et, d’autre part, il ne tient pas, sur certains points,  la comparaison avec son ainé nettement plus délirant et jusqu’au-boutiste.

Mais il serait malhonnête de dire qu’il s’agit d’un mauvais film puisque, malgré ses défauts, il offre avec  une grande efficacité tout ce que  l’on peut attendre d’une telle franchise : une sacrée dose d’humour, une réalisation très correcte et un casting féminin qui ne laisse guère indifférent ! Pour les aficionados et les curieux, sachez que le film sortira en France (initialement prévue le 27 juillet, la sortie a été repoussée à une date encore inconnue). Je vous conseille bien évidement de le voir en VOSTFR, car le doublage en français du premier est tout simplement horrible !

Maitre Shifu.

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