Street Fighter : La légende de Chun-Li d’Andrzej Bartkowiak (DVD)

Posté le 1 juin 2011 par

Pour une fois que ce n’est pas un film hongkongais que Metropolitan édite… Par Tony F.

En 1994 arrivait sur nos écrans le film Street Fighter. L’une des premières adaptations cinéma de l’univers vidéoludique (l’année précédente à peine sortait Super Mario Bros) et déjà l’une des moins réussies. En effet, si les enfants que certains d’entre nous étions trouvaient en ce film un fight movie sympathique à revoir (merci JCVD), force est de constater qu’en terme d’adaptation, le métrage fut un foirage total. Personnages pour la plupart ratés, tant dans le fond (Honda Hawaïen) que dans la forme (La storyline de Blanka mélangée à celle qui sera l’histoire de Charlie, Dhalsim en scientifique), le seul point relativement défendable que l’on peut trouver aujourd’hui pour le compte de l’oeuvre se situe sur son casting, attachant et tenu par deux gueules mémorables (Van Damme en pleine gloire, Raul Julia qui signait tristement son dernier rôle, et…Kylie Minogue?!). En bref, si certains vieux gamers nostalgiques nous répètent inlassablement que « le jeu video, c’était mieux avant. » les adaptations,elles, étaient déjà bien pourries.

Mais trève de nostalgie, sortons de ce flashback, et revenons aux années 2010. Second film adapté du célèbre jeu de baston, Street Fighter – Legend of Chun Li sort en dvd cet été. On passera sur l’opportunisme ambiant (on sort un film en même temps que le nouvel opus JV) pour se centrer sur l’oeuvre en elle-même. Et si un peu plus de quinze ans séparent les deux adaptations live, force est de constater que les tares, loin d’être soignées, n’ous sautent deux fois plus au visage.

 

Here come a new challenger!

Comme l’indique le titre du film, celui-ci sera centré sur l’histoire et les origines de la combattante la plus populaire du milieu vidéoludique : Chun-li Zhang. Une pause s’impose ici, le temps de consulter quelques petits détails. Nous apprenons via les bonus (peu fournis, mais personne ne s’en plaindra) qu’apparemment, toute la team était très motivée pour tenter de fournir un film fidèle, soigné et finalement bon. On aurait presque envie de croire ces braves gens, Andrzej Bartkowiak en tête, mais lorsque l’on sait l’homme responsable de films tels que Roméo doit Mourir, En Sursis ou encore (ou devrais-je dire : ou surtout ) Doom, même sa bonne volonté apparente ne peut que nous inquieter un peu plus. Regardons donc le casting du film, peut être que l’on y trouvera matière à se rassurer. Kristin Kreuk (rôle principal), Chris Klein (plongé dans un coma artificiel depuis American Pie), Michael Clark « John Coffy » Duncan, Taboo Nawasha (membre des Black Eyed Peas, soit l’équivalent 2010 de Kylie Minogue), et enfin Robin Shou, clandestin Hongkongais récupéré par le cinéma US à l’époque de la rétrocession, et condamné depuis aux rôles dans les adaptations étranges (Liu Kang dans Mortal Kombat, c’était déjà lui). Il s’agit là d’une énumération sommaire et classique, vous en conviendrez, mais sur laquelle je m’appuierais pour mettre en lumière un dernier détail : le rôle du grand méchant de la saga, M.Bison. Un screen sera plus éloquent que mille mots : il semble que la production elle-même ait été bernée.


Des dizaines d’erreurs se sont glissées dans l’image de droite. Saurez-vous trouver lesquelles?

 

Super Street Fighter II HD Remix – The Movie

Passé le choc que représente le casting, nous nous retrouvons devant le film en lui-même. Celui-ci va tenter (je pèse le mot « tenter » ) de nous raconter la jeunesse de Chun-li donc, jeune fille sino-américaine de bonne famille, élevée dans la richesse auprès de parents aimants, et pianiste de surcroît. A se demander si sa storyline n’a pas été mélangée avec celle de Lara Croft. Bref, Miss Zhang vit une enfance dorée, jusqu’au jour où un cambrioleur noir de deux mètres vient fracasser l’une de ses fenêtres, et son père par la même occasion. Le film nous apprend en quelque secondes qu’il s’agit de Balrog (M.C. Duncan donc, si vous n’avez pas suivi) et qu’il bosse pour Bison (le petit blond aux joues rouges…), lequel va forcer papa Zhang à le suivre pour l’aider à bâtir son empire, sous la contrainte. Je vous passe les détails de l’entretien d’embauche, réduit ici à quelques phrases bien clichées et à une destruction de mobilier factice.Notons au passage que si Mr Duncan avait ému dans La Ligne Verte, ici, il va bien souvent se contenter de rire comme un gros lourd avant de balancer des mandales. Séquence émotion, flashback sépia sur fond de piano, et nous retrouvons Chun li / Kreuk adulte, pour enfin entrer dans le vif du sujet.

La jeune femme se voit remettre anonymement un parchemin mystérieux, lequel va l’envoyer directement à Bangkok pour rencontrer Liu Kang, rebaptisé Gen (il faut bien coller à l’univers du jeu, quand même) et converti en kame senin (la perversité en moins, il fera même des kaméha). Pendant ce temps là, en parallèle, Chris Klein nous prouve une fois encore que certains acteurs devraient simplement recevoir une interdiction d’exercer. Et si vous n’avez pas encore décroché après tout cela, sachez par avance que le reste sera du même acabit : baston contre des racailles bangkokiennes cablées (et oui, Mlle Kreuk n’est pas une combattante et nous le rappelle à chaque séquence d’action), accélération/ralentis totalement useless (et ce même hors combat), secte secrète avec tatouage secret sur la main (secrète?) et même des super pouvoirs dignes d’un Dragon Ball Evolution, histoire de malmener un peu plus des personnages déjà bien massacrés. Face au générique de fin, c’est un soupir de soulagement que l’on pousse, et un effort sera de mise pour oublier cette heure et demi de notre vie à jamais perdue dans les limbes du temps. On aura beau dire que les adaptations vidéoludiques sont généralement des navets, Street Fighter – Legend of Chun li peut au moins se vanter de repousser un peu plus les limites de la médiocrité, nous faisant voir les autres adaptations avec un tout nouveau recul. A ceux qui pensaient qu’on ne pouvait pas faire plus ridicule que Wentworth Miller et Ali Larter en Chris et Claire Redfield (Dennis Hopper en bowser ne compte pas! ), sachez que Kristin Kreuk à réussi l’impensable : nous offrir un personnage qui n’a rien à voir avec la Chun-li que l’on connaît… et ce même avec la tenue adéquate.

Bon Cosplay – Mauvais Cosplay…

 

En bref :

C’est sans surprises, et vous l’aurez compris, que Street Fighter – Legend of Chun-li est à éviter comme la peste, cumulant à la fois les tares habituelles des adaptations vidéoludiques, celles d’un casting de troisième zone et celles d’un réalisateur décidément abonné aux échecs. Raté à tous les niveaux, le film ne se paye même pas le luxe d’accéder au rang de nanar. C’est dire.

Verdict :


Tony F.

Street Fighter – Legend of Chun-li, disponible en DVD et Blu-Ray, édité par Metropolitan, depuis le 01/06/2011.