Sono Sion continue d’ausculter la société japonaise des marges avec une nouvelle œuvre inclassable entre thriller, drame familiale et étude de mœurs. Par Victor Lopez.
Lors de la présentation de Guilty of romance, Sono Sion, vêtu d’une élégante veste à rayures et d’un chapeau très seyant, explique qu’il a voulu exprimer dans ce film les sentiments opposés qu’il ressent vis-à-vis des femmes, entre fascination et peur. Le résultat est une troublante étude des mœurs à la croisée des genres.
Le film débute brutalement et annonce la couleur avec des plans heurtés d’une femme faisant l’amour dans une douche, après quelques mots sur les Love Hôtel. Le téléphone sonne, elle interrompt brutalement le coït, décroche et s’en va. On ne verra pas l’homme : pas le temps ! On retrouve le personnage, inspecteur de police, sur une scène de crime particulièrement atroce. Un corps de femme a été découpé, ses membres remplacés par des bras et jambes de mannequin. Fondu au noir : le premier chapitre peut commencer.
On l’aura compris, Guilty of romance n’est pas une comédie romantique, mais parle crument de sexe, de désir et de mort, le tout vu du point de vu féminin. Débutant comme un thriller hardcore, le film se calme cependant pour décrire le quotidien d’une femme au foyer frustrée, épouse d’un célèbre écrivain qui la domine. Elle va peu à peu découvrir le désir et ses instincts les plus sombres. On pense au Bunuel de Belle de jour, auquel se télescope Choses secrètes de Brisseau dans une ambiance vaporeuse mi-réaliste, mi-fantastique à la Twin Peaks. Bref, on en en plein dans du Sono Sion : un mélange improbable où les genres fusionnent pour appréhender le côté le plus malsain et dérangeant de la psyché humaine.
Le tout finit en apothéose dans un drame amoureux et familial aux accents surréalistes, à la fois éprouvant, dérangeant, et déviant, qui prend définitivement aux tripes.
Victor Lopez.
Verdict :