Revue de presse : Detective Dee, retour de flammes !

Posté le 16 mai 2011 par

C’est Dee : la presse est unanime devant le dernier opus de maître Tsui Hark, qui signe avec ce film son “retour” ! Mais ou était-il donc parti ? Par Victor Lopez.

De mémoire de cinéphile, on n’avait pas vu ça depuis 1995 : un film asiatique en couv à la fois des Cahiers du Cinéma et de Positif ! A l’époque, c’était Wong Kar-Waï qui explosait en France avec Chungking Express. Et voici que le miracle se produit à nouveau avec Detective Dee : couverture sobre avec Bingbing Li pour Positif, habillage plus fun pour les Cahiers, avec une flamme fantôme qui annonce la résurrection de Tsui ! Autant dire que cette double consécration est le reflet d’une critique absolument unanime, qui salue le retour du réalisateur. Globalement, tout le monde s’accorde pour dire que c’est son film le plus réussi depuis Time and Tide, qui annonçait (on semble aussi l’oublier un peu…) aussi le retour de Tsui Hark en 2000. A l’époque, il était parti aux États-Unis réaliser quelques (douloureux pour lui) délires avec JCVD. Cette fois, c’est plutôt de la visibilité des critiques qu’il est parti (“on avait un peu perdu la trace de Tsui Hark”, avoue par exemple Les Inrocks , alors que Jacky Golberg, il faut le reconnaitre, est tout de même parmi les seuls journalistes de la presse écrite à citer All about woman ou Missing).

Cahiers du cinema

 

Le concert de louange est unanime : Libé, Le Monde, Le Figaro, L’Express, Les Inrocks, Le Nouvel Obs : tous s’extasient devant un film, en vrac : “époustouflant”, “virtuose”, “intelligent”, “flamboyant”, “réjouissant”, “époustouflant” (il revient souvent celui-ci !). Bref, les superlatifs sont de rigueur. Même son de cloche chez nos confrères d’Internet : Justin Kwedi s’enflamme sur Il était une fois le cinéma (en même temps, vous étiez prévenu de son enthousiasme ici même !), Ilan Ferry écrit sur CineVibe que Tsui “signe ici son film le plus abouti depuis l’étourdissant Time and Tide”, Roman le Vern, sans être Excessif, retrouve un “Tsui Hark au sommet”, et Sébastien Chapuys de Critikat trouve aussi le métrage “romanesque et spectaculaire”.

Tsui Hark Detective Dee

 

Outre les adjectifs laudatifs, on trouve quelques lectures intéressantes (Positf, les Cahiers, Mad Movies…) et d’autres franchement comiques. On hallucine par exemple sur la papier de Télérama, qui commence par présenter Tsui Hark comme un cinéaste méconnu (pour l’auteur Jacques Morice peut-être, le public français a eu le temps de se familiariser avec lui, même s’il a pu l’oublier depuis), mais surtout, assène quelques belles interprétations surréalistes. Le bouddha détruit à la fin du film serait un clin d’œil aux tours du World Trade Center (?), l’impératrice serait une incarnation de Mao (on a cherché à vérifier cela dans l’Huma, mais ils ne parlent malheureusement pas du film…). Le critique conclue que ces “délires interprétatifs” sont justifiés par l’univers fabuleux du film. Par l’absence d’inspiration et de références aussi…

A l’inverse de ces amusants non-sens, Mad Movies pointe justement que le film parle en miroir des jeux politiques et de pouvoir de la Chine actuel, notamment dans sa conclusion, ce qui correspond mieux à l’idée que l’on se fait d’une fable (et d’une critique).

A lire tout cela, on se demande alors si notre Olivier Smach serait le seul journaliste a avoir baillé lors des projections de presse et à se tenir la tête de douleur devant les effets spéciaux du film… Certainement pas ! En fait, si la critique de Mad est élogieuse, les avis des rédacteurs de la rédac divergent pas mal : quand on regarde le tableau des notations, la moyenne globale doit être de 3/6, et tous les défauts du films sont repérés (CGI hideux, problème de rythme, etc.). Cela semble indiquer que les détracteurs de Dee ont été ballonné par ses défenseurs (à l’image d’Olivier Smach, obligé de se cacher dans les tréfonds du marché fantôme depuis qu’il a donné son avis sur le film). Car ces louanges ne nous feront pas oublier que le vrai retour de Tsui Hark, c’était Time and Tide, et que ce Detective Dee ne lui arrive pas à la cheville.

Victor Lopez (d’une prison où il lit tous ces décrets de critiques en se faisant passer pour un aveugle depuis qu’il a émis des réserves sur le film).

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