Bangkok Adrenaline : ou comment une pure série B, qui pourrait être proche des nanars produits par Luc Besson, est sauvée par le talent et le génie des cascadeurs thaïlandais ! Par Yannik Vanesse.
Les premières minutes du film sont vraiment effrayantes, laissant penser que l’on va assister à une catastrophe pelliculée censément cool, une espèce de bessonade thaïlandaise type Banlieue 13… Un générique sur fond de musique djeuns assez insupportable, sorte de mélange rap/techno lance le film, suivi de quelques mouvements de caméras qui montrent une réalisation tape à l’œil assez insupportable – on est loin d’un stylisme classe façon cinéma coréen ou encore de l’habileté d’un David Fincher – qui, là encore, font penser à du Banlieue 13. La présentation des personnages nous montre des occidentaux franchement crétins et insupportables qui, couplée à un tournage en grande partie en langue anglaise, semble dévoiler une volonté d’exporter un produit calibré.
Courageux, votre serviteur persiste, découvrant un scénario minimaliste – les dits crétins doivent beaucoup d’argent à un gangster local et décident d’enlever une riche et jolie demoiselle pour demander une rançon, mais tout va évidemment se compliquer – et attend de voir ce que va donner le film, qui offre de surcroit une explosion nanarde pire que celle clôturant Beowulf, et de l’humour essentiellement pas drôle – mis à part le garage automobile dirigé exclusivement par des nains. Il est aussi à noter un personnage de Français, un des ressorts « comique » du film, puisque présent pour se faire taper dessus et mourir de manière ridicule. Là encore, le but est sans doute de faire de l’œil aux États-Unis, qui adorent depuis quelques années mettre des méchants français dans leurs films ou tourner l’hexagone en dérision.
Et, dès la première scène de combat, l’intérêt de Bangkok Adrenaline apparaît. Certes, il n’arrive pas au niveau d’un Ong-Bak ou d’un Born To Fight, mais il confirme d’une part que les cascadeurs thaïlandais sont plus que téméraires, et d’autres part, qu’ils sont d’une souplesse et d’une habileté martiale ahurissante… Car si aucun acteur ne joue bien – le méchant est presque du niveau de Billy Drago dans Delta Force 2 – ceux censés se battre sont phénoménaux ! Les combats sont filmés la plupart du temps en plan large, histoire de montrer qu’il n’y a pas de cordage ou de tremplin, et que les chutes se font la plupart du temps sans matelas pour amortir – et il y a beaucoup de chutes d’assez haut ! – et les chorégraphies, accentuées par des ralentis ou des replay façon Ong Bak, sont tout simplement effarantes ! Les artistes martiaux courent sur les murs, virevoltent, mais nous sommes très loin des Yamakasi ! Ici, il s’agit de vrais combats : coups de pieds et de poings, portés avec une souplesse étonnante, projections ahurissantes, mais dont la violence est édulcorée, contrairement aux Born To Fight ou Ong-Bak précédemment cités. Le but ici est de magnifier l’action – avec brio ! – mais de ne pas rendre le produit – car c’en est un – inaccessible à une partie du public. Aucune giclées de sang donc et, finalement, peu de morts.
Voici donc un mauvais film – il faut être honnête – qui fera passer un excellent moment à tout amateur de bastons impressionnantes, le dvd permettant de passer les scènes inutiles et se concentrer sur les dites bagarres.
Yannik Vanesse.
Verdict :
Bangkok Adrenaline de Raimund Huber, disponible en DVD et Blu-ray, édité par We Prod, le 01/03/2011.