Les Nuits rouges du bourreau de jade de Julien Carbon et Laurent Courtiaud, les plus hongkongais des réalisateurs français, arrive sur nos écrans le 27 avril prochain. East Asia l’a vu et vous livre dès maintenant ses premières impressions ! Par Anel Dragic.
Cela faisait un petit moment que l’on attendait Les nuits rouges du bourreau de jade. Il faut avouer que voir Julien Carbon et Laurent Courtiaud s’attaquer à leur premier long métrage avait quelque chose d’excitant. Pourquoi ça, me direz vous. Tout simplement parce que le duo frenchie de Hong Kong a eu jusqu’ici un parcours intéressant et a donné naissance à des œuvres, certes imparfaites, mais toujours attachantes. Jugez un peu: passionnés de cinéma (HK notamment), ils commencent comme journalistes pour des mags aussi mémorables qu’HK orient extrême et le Cinéphage, ou encore le toujours vivant Mad Movies, puis rejoignent la Film Workshop, la légendaire société de production de Tsui Hark où ils enchainent l’écriture de scénars (dont finalement quasiment aucun ne verront le jour). Mais c’est surtout au travers des scripts de Running Out of Time de Johnnie To et de Black Mask 2 de Tsui Hark que l’on se souvient du duo, et c’est donc avec ces Nuits rouges qu’ils reviennent sur les écrans.
Qu’en est-il de ce premier essai en tant que réalisateurs ? Eh bien, le film se montre dans la continuité de leur travail, à savoir imparfait mais encore une fois sympathique. Racontant la quête de divers protagonistes qui cherchent tous à mettre la main sur un objet précieux (dont nous ne révélerons pas la nature), l’œuvre se donne à voir comme un thriller sensuel particulièrement graphique. Paradoxalement, et bien que la majorité du film se déroule à Hong Kong, ce n’est pas en Asie qu’il faut rechercher la principale influence stylistique mais bien du côté de l’occident, en particulier des gialli ritals. Avec des séquences de violences particulièrement perverses et gores, une atmosphère très graphique (la direction artistique autant que la violence), mais aussi ses femmes aux formes voluptueuses, le film évoque tout ce pan du cinéma italien très cher aux yeux des fans de films de genre.
Du côté du casting, production française oblige, nous retrouvons Frédérique Bel, au jeu complètement à côté de la plaque. Mais visiblement, le personnage de Catherine qu’elle incarne n’intéressait pas les réalisateurs/scénaristes qui, dès qu’ils le peuvent, s’en éloignent pour s’intéresser à l’autre tête d’affiche: Carrie Ng. Cette dernière fait la grande force du film, et trouve ici l’un des meilleurs rôles de sa carrière en incarnant une femme démoniaque, vénéneuse et sadique qui aime s’adonner aux plaisirs de la torture. L’occasion de retrouver la Carrie Ng perverse que l’on aimait dans certaines catégories III, ce qui, en ces temps de ciné HK bien morose, fait toujours plaisir.
Finalement, Les nuits rouges du bourreau de jade prend la forme d’une curieuse ballade sensuelle, appuyée par une direction artistique élégante, et quelques beaux plans d’un Hong Kong nocturne vidé de sa population, où les personnages s’entrecroisent et s’entrechoquent. C’est donc une œuvre véritablement hybride à laquelle on a à faire, revêtant les traits du cinéma occidental, et prenant pour cadre les rues si particulières du port aux parfums. Pensez à booker vos billets, le voyage est prévu en salle le 27 avril prochain !
Anel Dragic.