Une loi restreignant l’accès de certains mangas aux mineurs vient mettre l’industrie japonaise en émoi. Car derrière cette loi visant la protection de la jeunesse, se cache un retour à des valeurs morales rétrogrades assez inquiétantes. Par Victor Lopez.
Vous imaginez le japon comme un pays ultra permissif en matière d’étrangeté et de perversion artistique en tous genres ? Hé bien, les choses changent ! Sous l’impulsion du gouverneur Ishihara Shintaro (un vieux monsieur connu pour ses déclarations racistes et rétrogrades, désireux de partir à la retraite sur un coup d’éclat pour installer son fils à son poste) la loi 156, « l’ordonnance destinée au bon développement de la jeunesse » vient de se durcir sévèrement. Elle restreint en effet, dans la province de Tokyo, (il s’agit d’une ordonnance régionale), l’accès aux mineurs à certains mangas, jeux-vidéos et animes, auparavant en libre-service.
Là où cette loi pose problème, c’est que les titres visés répondent à des critères très vagues. Toutes œuvres montrant des « actes sexuels contraires à la loi ou des actes sexuels entre personnes ne pouvant se marier légalement si ces scènes sont présentées de manière élogieuse ou exagérée » sont ainsi visées.
Malaise à la lecture de ce décret qui semble moins viser la pédophilie et les relations consanguines que… l’homosexualité, sujet déjà bien tabou au Japon. De plus, la loi ne concerne que les représentations dessinées, et s’attaque donc frontalement à l’industrie du manga. Du coup, les dix plus grands éditeurs menacent de boycotter le Tokyo International Anime Fair. La menace est si sérieuse que le Premier ministre lui-même a demandé aux deux parties de trouver un terrain d’entente.
L’affaire est à suivre mais ne manque pas d’inquiéter sur une forme de retour à une moralité bien-pensante, que l’on croyait appartenir au passé.
Victor Lopez.