DVD – The Garden of Sinners

Posté le 17 novembre 2010 par

A l’occasion de la sortie le 17 Novembre 2010 du troisième film The Garden of Sinners (Kara no kyôkai) chez Kaze, East Asia revient sur l’intégral des sept films sortis entre 2007 et 2009. Confiés à 7 réalisateurs différents du studio Ufotable, les films sont l’adaptation éponyme des trois romans à succès de Nasu Kinoko, publiées en 1998 aux éditions Kodansha. Par Olivier Smach.

The Garden of Sinners 1, Thanatos d’Aoki Ei (Décembre 2007)

Juillet 1998. L’histoire se concentre sur une série de suicides de plusieurs jeunes filles que rien ne semble lier aux premiers abords. Pourtant, tous ces drames surgissent au même endroit, dans des conditions similaires et s’enchaînent quasiment à la suite. Mais les apparences sont trompeuses et la résolution de l’enquête n’est pas toujours celle à laquelle on peut s’attendre. Car comme tout le monde le sait, la vérité est ailleurs… Ryôgi Shiki, jeune femme énigmatique ayant la capacité de voir la mort, employée au service d’une société de construction (en réalité la couverture d’une organisation secrète), est engagée par Aozaki Tôhko pour éclaircir ce mystère…

812MTGGDiKL._SL1500_

Appuyé par un discours métaphysique et intégrant des éléments surnaturels, le film est superbe visuellement, et l’atmosphère est renforcée par les compostions de Kajiura Yuki, qui sont comme à leur habitude, d’excellente facture. Mais le résultat est en final assez mitigé car il est difficile de se faire une idée concrète sur le métrage, tant les interrogations restes nombreuses. En effet, plusieurs éléments scénaristiques trouvent leurs réponses dans les films suivants. De plus la personnalité des protagonistes n’est pas suffisamment exploitée, ce qui fait plus penser à une introduction qu’autre chose (bien que chaque films soit pensé indépendamment). Mais, pour les raisons évoquées plus haut, cet anime laisse présager d’une œuvre de qualité.

The Garden of Sinners 2, Enquête Meurtrière de Nonaka Takuya (Décembre 2007)

L’histoire se déroule en 1995, 3 ans avant le premier film. Une succession de meurtres effroyables s’abat sur Mifume. Pendant ce temps, Mikiya Kokutô, lycéen au caractère doux et sociable se lie d’amitié avec sa très énigmatique camarade de classe, Shiki, héritière de la puissante famille Ryôgi, qui s’isole totalement des autres élèves.. Glaciale et farouche au premier abord, Shiki ne tarde pas à lui révéler le conflit intérieur qui la ronge au fur et à mesure que les deux jeunes gens se rapprochent…

Première partie d’une série de 2 (l’épisode sept étant la seconde partie), ce film est bien plus intéressant que le premier puisqu’il nous permet d’en apprendre d’avantage sur ses personnages principaux et donc de s’attacher à eux. Point positif, les longs dialogues métaphysiques pompeux de l’épisode précédent ont disparu, pour laisser place à une intrigue haletante. Le ton reste en revanche toujours très lourd, la narration lente, et certains passages très gores nous font définitivement penser que nous sommes bien en présence d’un anime pour adultes.

Garden Of Sinners

Ce second métrage confirme les qualités que l’on présageait dès le premier opus, à savoir une réalisation exceptionnelle, que ce soit au niveau des images (les choix des couleurs, les contrastes), de l’animation, ou encore des thèmes musicaux, qui collent parfaitement à l’atmosphère du film.

Néanmoins, bien que très plaisant à regarder, le film souffre tout de même d’un manque d’originalité tant les thèmes abordés ont été vus et revus, et on espère vraiment que la suite soit du niveau des prétentions que la réalisation générale affiche. Les craintes ne sont donc pas totalement dissipées mais les améliorations effectuées par rapport au film précédent sont considérables et de bon augure pour la suite.

The Garden of Sinners 3, Le Sens Enfoui de la Douleur de Obunai Mitsuru (Janvier 2008)

Le troisième film se déroule en juillet 1998 soit deux mois avant le premier et n’est pas la suite directe du film précédent.

Asagami Fujino, jolie jeune femme, se fait violer par un groupe d’individus. Durant les six mois qui vont suivre le drame, tous ses agresseurs meurent les uns après les autres dans d’atroces circonstances, les membres disloqués ou arrachés… Malgré le danger sans précédent, Ryôgi Shiki, aidée de Mikiya Kokutô, n’hésite pas à mettre sa vie en jeu pour résoudre le mystère…

Alors, qu’en est-il de ce troisième opus ? Bien que l’originalité ne soit toujours pas vraiment de mise, on se prend à apprécier cette animé. Et cela en grosse partie grâce à l’ambiance qu’il dégage. Tout est toujours parfaitement maîtrisé (photo, cadrage, musique…), l’atmosphère est bien flippante, c’est gore et certains passages de torture sont à la limite du soutenable (avec son humour second degré, les morts dans Hokuto no Ken peuvent aller se rhabiller…).

Kara_no_Kyoukai_The_Garden_of_Sinners_3_Sens_enfoui

 

Au niveau des thèmes, le film continue dans le lourd puisqu’il s’agit cette fois ci d’une histoire tournant autour d’une agression sexuelle. Il s’ouvre sur le viol collectif d’une jeune femme qui rappelle étrangement dans sa mise en scène et ses dialogues celui de Va, Va Vierge pour la Deuxième Fois de Wakamatsu Kôji : la victime reste impassible malgré les horreurs que lui font subir ses agresseurs, ces derniers allant jusqu’à plaisanter de manière complètement anodines durant l’acte.

Le film continue également de surfer sur la schizophrénie, sujet qui avait déjà été bien amorcé dans le précédent opus.
Le côté fantastique décrit avec brio la perte de repères et le malaise des jeunes à travers les différents problèmes de sociétés auxquels ils peuvent êtres confrontés tel que le suicide, la solitude, le viol…

Passons maintenant à l’attendue séquelle indirecte du film numéro deux, le quatrième épisode.

The Garden of Sinners 4, Le Creux du Temple de Takiguchi Shinitchi (Mai 2008)

Juin 1998. Cela va faire deux ans que Ryôgi Shiki a mystérieusement plongé dans le coma. A son réveil, cette-ci semble être parvenue à enfouir définitivement sa personnalité meurtrière au fond d’elle, mais devient de ce fait une sorte d’enveloppe vide. De plus, son « exil » au contact de la mort, lui a également permis d’acquérir une capacité exceptionnelle : des pupilles qui lui font entrevoir malgré elle la mort environnante de tout être, vivant comme décédé. Pour sa rééducation, elle va recevoir dès lors, depuis son lit d’hôpital, la visite quotidienne d’une jeune orthophoniste, Aozaki Tôhko, dont l’activité est en réalité très loin de celle qu’elle prétend être…

Voilà encore un excellent épisode qui se concentre sur le passé de Shiki (les meilleurs films jusqu’à maintenant) et qui est la suite directe du second. Il révèle également l’identité de Tôhko, futur mentor de l’héroïne qui, il faut bien l’avouer, suscitait beaucoup d’interrogations jusqu’à présent. Mikiya, le copain sympa mais qui ne sert pas à grand-chose, est toujours présent, et petit à petit les réponses aux questions que l’on se posait dans les précédents films sont mises en lumière à mesure que la narration progresse.

Kara_no_Kyoukai_The_Garden_of_Sinners_4_Le_creux_du_temple

Énorme succès au Japon, cette œuvre a sans nul doute inspiré bon nombres de supports par la suite, avec en tête de liste, le manga au succès planétaire : Death Note (et oui avec les pupilles qui voient la mort, il faut vraiment être idiot pour ne pas faire le rapprochement). Nous pouvons penser également très fortement au film thaïlando-hong-kongais The Eye. Et les emprunts continuent de plus belle puisque l’anime n’hésite pas à reprendre à l‘ identique certaines scènes de l’hôpital du film des Frères Pang. On ne pourra pas dire que l’on ne vous aura pas prévenu…

Sinon, il est inutile de parler de la qualité exceptionnelle qui est toujours au rendez vous.

The Garden of Sinners 5, Spirale de Paradoxes de Hirao Takayuki (Août 2008)

Novembre 1998. Shiki vient au secours d’un garçon de son âge, Enjô Tomoe, qui est en train de se faire tabasser par des élèves de sa classe. Après l’avoir sauvé, elle le recueille à son domicile. Cependant celle-ci ne se doute pas que le jeune homme cache un très lourd secret au fond de lui. Pendant ce temps là, Aozaki Tôhko se remémore son passé au sein de l’académie des mages et plus particulièrement sa relation avec deux étudiants : Araya Sôren et Cornelius Alba. Ces derniers ne vont justement pas tarder à refaire irruption dans la vie du mentor de Shiki et se mettre en travers de son chemin…

Ce film est le deuxième épisode le plus long de la série puisqu’il dure près de deux heures contre une moyenne de 60 minutes pour les précédents. Et c’est tout simplement le meilleur de la série ! La mise en scène est impressionnante : la construction narrative de l’épisode est uniquement constituée de Flash-backs et de Flash-forwards, ce qui est assez déroutant au début et on est rapidement largué. Néanmoins, à mesure que l’histoire progresse, les deux extrémités vont petit à petit converger vers un point unique qui est matérialisé par une résidence gigantesque et labyrinthique abritant en ses lieux la clé de toutes les énigmes.

kara-kyoukai-garden-sinners-13

 

Le scénario alterne tout le long du film entre scènes de réalité et de cauchemar, ce qui ne rend pas le fil de l’histoire évident à suivre. Néanmoins, si l’on s’accroche un tant soit peu, l’intrigue est extrêmement passionnante, tout est parfaitement ficelé et le film a le mérite de présenter des personnages charismatiques au possible. Citons entre autres Cornelius, le mage complètement détraqué, et Araya, moine austère imposant qui jouit quasiment d’une puissance divine, sans oublier bien entendu la résidence malsaine, personnage à part entière, qui va devenir le théâtre macabre où va se jouer le destin des protagonistes. L’atmosphère oscille tour à tour entre le fantastique et l’horreur pure avec son lot de zombies et d’hémoglobine.

Pour les points faibles, nous pouvons observer une baisse de qualité dans la réalisation, qui est légèrement en deçà des épisodes précédents. Le character design semble un peu moins travaillé et la fluidité des mouvements plus saccadée, notamment durant les scènes de combats.

Mais en somme, c’est quasiment un sans faute. Un conseil à vous donner cependant, celui de ne pas regarder le film fatigué, tant chaque détail à son importance !

The Garden of Sinners 6, Oblivion Recorder de Miura Takahiro (Décembre 2008)

Janvier 1999. Secondée par Shiki, Kokutô Azaka, petite sœur de Mikiya et élève apprentie d’Aozaki Tôkho, est chargée d’enquêter sur le meurtre de Kaori au sein de l’internat Rein dont elle fait elle-même partie. Étrangement, tous les pensionnaires n’ont plus aucuns souvenirs de la défunte et, à mesure que l’investigation avance, nos deux héroïnes vont se retrouver confrontées à des créatures féeriques dont la particularité est d’effacer les souvenirs…

Alors, on ne vas pas y aller par quatre chemins, cet épisode est une véritable daube catastrophique, donc pénible à regarder ! Azaka, personnage secondaire que l’on a pu voir en totalité moins de 5 minutes depuis le premier film, est ici au centre de l’histoire. Mais voilà, elle est introduite bien trop tard dans la série, si bien que l’on a du mal à s’accrocher à cette apprentie sorcière. Elle est inintéressante au possible, et représente à tous les niveaux l’archétype de la petite japonaise Kawai dont l’enthousiasme, permanent et gonflant, contraste radicalement avec celui de notre héroïne aux pupilles de braises.

Garden of Sinners_Oblivion Recorder

 

Le changement d’héroïne qui s’est opéré entraine inévitablement un changement de ton. L’atmosphère bien flippante qui fait la force de la série depuis le début a de ce fait complètement disparu… si bien qu’il n’y a absolument rien à défendre sur ce film ! Le seul point positif réside dans les cinq dernières minutes, juste après le générique de fin qui présente une scène bien gore marquée par la rencontre d’un adolescent cannibale avec Araya Sôren et qui restitue ainsi à la série son caractère lugubre originel.

Niveau scénario, c’est plat et sans aucun rapport avec les autres. L’intensité du dernier combat est plus que décevante, et on baille tout le long du film.

Bien entendu, cet opus souffre également de la comparaison avec le précédent, qui, à côté de celui ci, fait littéralement office de chef d’œuvre. On a en quelque sorte un peu l’impression d’être en face d’un film bouche trou destiné à faire patienter les fans en attendant la suite plus qu’attendue du deuxième film, Enquête Meurtrière. Mais ne soyons pas mesquins, si vous êtes fan d’ Harry Potter et avez moins de quinze ans, vous y trouverez peut être votre compte, pour les autres, définitivement, passez votre chemin.

En bref, votre humble serviteur dépité n’attend plus que la venue d’ une petite fée pour lui faire oublier ce douloureux souvenir…

The Garden of Sinners 7, Enquète Meurtrière partie 2 de Takizawa Shinsuke (août 2009)

Février 1999. Quatre années se sont écoulées depuis la première série d’assassinats dans la ville de Mifume. Les meurtres sauvages reprennent et la police semble impuissante. Bien que Shiki, suite à son coma, se soit débarrassée de sa personnalité masculine meurtrière, Mikiya se met de nouveau à la soupçonner, et ses doutes sont accentués par le fait que la jeune femme passe son temps à errer de nuit dans les ruelles sordides de la ville. Désemparé, le jeune homme veut pourtant croire jusqu’au bout en l’innocence de son amie. Il va donc mener son enquête de son côté à la recherche de la vérité.

 

Chronologiquement, ce septième et dernier film est la suite de l’intrigue policière qui avait débuté dans le second métrage. Notons en revanche que la suite directe étant plutôt le quatrième épisode qui s’ouvre sur l’hospitalisation de Shiki. Bien que très attendu, il ne tient cependant pas toutes ses promesses, car si l’on a suivi un tant soit peu les épisodes précédents, nous disposons déjà de tous les éléments de réponses, et par conséquent le suspens saute…

Garden Of Sinners

Reste alors un long film, complètement dénué de surprises. Ce dernier chapitre est en effet le plus long de la série puisqu’il dure exactement deux heures, et malheureusement, on les sent bien passer… Il ne se passe quasiment rien pendant les trois quarts du film mis à part un bla bla inutile entre Mikiya et Thôko. En matière de réalisation, la dernière demi-heure est en revanche de toute beauté, renforcée par un certain lyrisme qui donne beaucoup de profondeur à la romance de nos héros. Les acteurs principaux sont réunis sur l’échiquier pour accomplir leur destiné et nous sommes impatients de voir le dénouement arriver. Malheureusement il est également très prévisible comme on pouvait s’y attendre et on reste donc sur notre faim…

En résumé

The Garden of Sinners est une œuvre extrêmement bien réalisée, qui, mis à part quelques bonne surprises, ne convainc pas tout à fait. La faiblesse narrative et le manque d’originalité certain ne permettent pas à la série de véritablement décoller… Alors certes, certains films sont bons (le troisième), excellents (notamment le second et le quatrième) voir anthologique (le cinquième,) mais les épisodes sont trop inégaux entre eux. Et c’est là que ça casse car, bien que pensés indépendamment, les films prennent vraiment leur sens dans la globalité de l’œuvre et il est moins évident de les apprécier au cas par cas, fautes de réponses. De plus, le côté froid de la série ne joue pas vraiment en faveur d’une facilité de visionnage.

Le pari de lancer ce projet autour de sept réalisateurs différents est certes ambitieux mais également à double tranchant. Et le résultat s’en ressent. Le très bon côtoie le médiocre, et après avoir passé près d’une dizaine d’heures devant The Garden of Sinners, on ne peut s’empêcher de se demander si l’on n’a pas un peu perdu son temps. Les craintes que l’on présageait dès le premier chapitre n’auront donc pas totalement disparu et la déception reste assez importante aux vues des prétentions de l’animé.

Néanmoins The Garden of Sinners n’est pas exempts de qualités et il y a fort à parier que les films séduisent une grande partie du public. Mais à tout miser sur le design, il est moins sûr qu’ils resteront longtemps dans les mémoires. Cette série arrive un peu tard, et elle aurait été sans doute parfaite dix ans en arrière, à l’époque de la parution des romans.

Olivier Smach

Imprimer


Laissez un commentaire


*