La première journée du festival Animasia de Pessac fut l’occasion de se pencher sur la diversité des cultures asiatiques dans une ambiance bonne enfant, loin des rouleaux-compresseurs des manifestations parisiennes.
Ce qu’il y a de bien avec les festivals, c’est qu’ils permettent la découverte de la région dans laquelle ils se déroulent en plus de la manifestation en elle-même. De la gare de Bordeaux au cinéma Jean Eustache, QG de l’association Mandora qui organise Animasia, on passe ainsi devant les fameux vignobles de Pessac, que nous présente, non sans fierté, Damien Beigbedder. La course-poursuite pour arriver à l’heure aux projections de l’hommage à Kon Satoshi, qui s’est déroulé au cinéma Le Festival de Bègle, entièrement consacré à l’Animation, nous donne un aperçu des environs de Pessac lors de sa traversé en Tramway. Alors que notre hôtel, près de l’aéroport de Merignac, nous laisse apercevoir une inquiétante zone futuriste, vidée la nuit de ses habitants. Bref, le voyage au cœur de l’Asie est aussi pour les journalistes parisiens un voyage au cœur de l’Aquitaine.
Le pays des matins pas si calmes
Nous arrivons donc samedi matin à la salle Bellegrave de Pessac, où se déroule le gros du festival, déjà précédés par des centaines de fans faisant la queue dans des costumes les plus improbables. Ici, les cosplayeurs sont rois et colorent sympathiquement de leurs déguisements très recherchés les alentours de la salle. Située à Toulouse, l’association Cosplay Mansion, dirigé par un Stéphane enthousiaste (costumé en Ryûku, qui inscrit le nom de notre site sur son Death Note – on est heureux d’être encore en vie) est venue en nombre. Ses membres assurent, comme beaucoup, préférer ce genre d’événement local aux usines parisiennes comme la Japan expo, qu’ils boycottent à cause de ses dérives commerciales.
A l’intérieur, les stands se présentent dans un souci de partage et de convivialité affiché. On est accueilli par le stand de Chabei, maison de Thé de la ville, qui régale les festivaliers depuis la première édition d’Animasia, en cafés des quatre coins de l’Asie. J’opte pour un Kopi Luwak, le café Indonésien le plus cher du monde, en raison de son passage par le système digestif d’un animal local.
Bien réveillé par ce breuvage inhabituel, j’explore alors en compagnie de mon sidekick armé d’un appareil photos dont le reportage arrive tantôt, les divers stands de l’expo. Si les plus bruyants sont aussi les plus visibles, Karaoké et tournois de jeux-vidéos attirant d’abord l’oreille des fans, il y en a pour tous les goûts. De l’origami à la cuisine, des pans entiers des cultures asiatiques sont offerts aux amateurs. Les organisateurs prennent ainsi soin à diversifier les géographies, même si le Japon est à l’honneur, attirant le gros de la foule alléchée par l’odeur des mangas.
Mais cela ne veut pas dire que le traitement des cultures du pays du soleil levant ne vise pas à éveiller la curiosité des Otaku. Pour preuve, cette conférence de Sylvain Jolivalt sur le sujet de livre consacré aux Esprit et créatures fabuleuses du Japon aux éditions You Feng. Voilà un excellent moyen d’éveiller la curiosité du lecteur de Manga en lui faisant découvrir la richesse d’une thématique qui irrigue toute la culture populaire japonaise et complète donc idéalement sa passion.
Explorateur de l’Asie
Avant le grand concours de Cosplay, où les gamins de tout âges déguisés en héros de notre enfance de la leur se sont fait plaisir, on a pu découvrir le chouette documentaire de Diego Bunuel : Ne dîtes pas à ma mère… que je suis en Corée du Nord. Réalisateur star des Nouveaux explorateurs de Canal + produit par Capa, Diego Bunuel partage avec son homonyme Luis cette fascination pour démasquer les interdits et filmer les Terres sans pains. La comparaison avec le surréaliste espagnol s’arrête là, tant l’explorateur ressemble plutôt à un Michael Moore à la française. Armée d’une petite caméra, il cherche des images de pays qui en manque cruellement. On le voit ici partir pour la Corée du Nord à l’occasion de la cérémonie d’anniversaire de la mort de Kim Il-sung.
S’il la forme ludique n’est pas très inventive, ni le fond emprunt d’une distanciation ironique d’une forte originalité, le film se regarde avec un grand plaisir, tant les images d’un pays qui est privé de représentation sont fascinantes. C’est bien simple, on se croirait sans exagération dans Tintin aux pays des Soviets : la grandeur des apparences y est un trompe l’œil qui cache bien mal une misère omniprésente. La caméra de Bunuel arrive à gratter la surface à un ou deux moments, lorsqu’il filme les façades repeintes de Pyongyang qui camouflent piteusement les taudis dans lesquels les habitants s’entassent derrière. Il met aussi de manière très comique les deux membres du parti, véritables personnages de fiction qui le suivent à la trace, face à leurs contradictions avec un humour bien communicatif.
Voilà une projection qui fait plaisir, et nous prépare à la nocturne du samedi…
(A suivre)…
Victor Lopez.
Le mag
Également:
Animasia 2010 (1) : Une journée à la Kon
Animasia 2010 (2) : Ne dîtes pas à ma mère… que je suis à Pessac