Preview : Detective Dee de Tsui Hark – Premières impressions

Posté le 26 janvier 2011 par

Le nouveau Tsui Hark, Detective Dee, sort en France le 20 avril 2011. Justin Kwedi a vu le film et nous explique pourquoi on a raison de trépigner d’impatience ! Par Justin Kwedi.

Depuis l’étourdissant Time and Tide, l’aura de Tsui Hark avait quelque peu perdu de sa superbe. Les films qui allaient suivre ce tour de force allaient se partager en productions ambitieuses tronquées (Seven Swords truffé de bon moments mais à l’impact amoindri par les coupes drastiques au montage), objets autres à la lisière entre génie et nanar (Legend of Zu et Black Mask 2) et commande totalement insipide le film de sous-marin Missing et la comédie All About Women. Jonnie To semblait l’avoir totalement supplanté en métronome de la production hongkongaise et même John Woo retrouvait des hauteurs artistiques inespérées après son exil américain avec le flamboyant Les Trois Royaumes.

L’heure était venue pour le maître de signer son retour et c’est enfin chose faîte avec ce Detective Dee. Le film adapte les aventures du Juge Ti, haut fonctionnaire chinois sous la Dynastie Tang qui aura nourri nombre de récits populaires qui en font une sorte d’équivalent asiatique de notre Sherlock Holmes. Un personnage loin d’être obscur pour l’occidental puisque le diplomate hollandais Robert Van Gulik, installé en Chine après avoir découvert la popularité du Juge Ti, en offrit les premières traductions puis s’est mis à son tour à en imaginer de nouvelles aventures. Depuis, les ouvrages consacrés aux Juge Ti pullulent… Sans être LA figure mythique qu’en voient les Chinois, le personnage une figure bien connue de la littérature policière. Le film se partage d’ailleurs entre ses deux influences : le folklore chinois truffé de légendes, de fantômes et de mysticisme et la facette occidentale jouant plus sur le mystère, l’énigme et les facultés d’enquêteur du Juge Ti.

Tsui Hark Detective Dee

L’histoire dépeint comment, à la veille du couronnement de la première femme empereur, une série de crime étranges entrave l’élévation de la statue qui lui est consacrée. Dee ( Andy Lau), emprisonné des années auparavant pour sa défiance envers la souveraine, s’avère le seul capable de résoudre le tout et est libéré à l’occasion. Tsui Hark s’approprie le personnage en lui conférant des aptitudes martiales en plus du reste qui permettent de furieuses scènes de combats magistralement chorégraphiées par Sammo Hung. Tsui Hark semble avoir fait la synthèse parfaite entre ses deux mentors Chu Yuan et King Hu. Du premier le scénario mêle joyeusement serial truffé de rebondissements et enquête policière teinté de surnaturel et du second le goût pour les intrigues de palais tortueuses. Le rythme ébouriffant est porté par une mise en scène de Tsui Hark toujours aussi folle mais plus maîtrisée. Le réalisateur a en effet mis de côté son goût pour l’anarchie et offre une tonalité posée et accessible à tous. De plus cette fois il a eu les moyens de ses ambitions et l’ensemble est visuellement luxueux (tout juste quelques trucages numériques un à peu laids) pour une reconstitution épatante. Les morceaux de bravoures grandioses sont légions dont une expédition dans le « marché fantôme » et un final compte à rebours à la James Bond parmi les plus mémorable.

Andy Lau, comme un Jet Li en son temps avec Wong Fei Hung, respecte et modernise à la fois le Juge Ti par sa sagesse et son charisme. On est loin des films nationaliste d’un Zhang Yimou ici avec un message final audacieux appelant à une plus grande réflexion des dirigeants pour leur sujets plutôt que leurs ambitions personnelles… C’est également un vrai plaisir de retrouver Tony Leung Ka Fai dans un rôle étonnant tandis que Carin Lau en impose en souveraine manipulatrice et que la jeune Li Bingbing est épatante en figure romantique et tragique.

Superbe retour aux affaire pour Tsui Hark !

Justin Kwedi.