Critique de A Honeymoon in Hell de Honda Ryuichi (Festival Kinotayo)

Posté le 1 février 2013 par

Projeté au Festival Kinotayo, A Honeymoon in Hell, Mr & Mrs Oki’s Faboulus Trip est le onzième long métrage de Honda Ryuichi, connu pour ses films comiques. Le scénario a tout pour en faire une œuvre loufoque : la lune de miel d’un couple en enfer. Une réussite ? Par Marc L’Helgoualc’h.

A_Honeymoon_in_Hell

Résumé : Tout juste mariés, Nobuyoshi et Saki s’ennuient déjà et n’ont déjà plus rien à se dire. Ils viennent d’emménager dans un nouvel appartement mais les cartons ne sont pas encore défaits. Les nouveaux mariés n’ont même pas prévu de lune de miel. Leur vie est plus morose qu’un film d’auteur français en noir et blanc tourné dans le Quartier latin (avec Louis Garrel, faut-il le préciser ?). Au supermarché, Saki fait la rencontre d’une voyante qui lui propose, dans le calme le plus total, un voyage en enfer. Le couple Oki accepte ce voyage extraordinaire et se retrouve bientôt dans un univers décalé peuplé d’êtres étranges, peints en bleu et rouge…

A Honeymoon in Hell est adapté d’un roman du dramaturge Maedo Shiro dont les thèmes de prédilection sont la vie, la mort et le sexe, traités de façon réaliste ou absurde. Maeda Shiro est en quelque sorte un dramaturge existentialiste. Honda Ryuichi est quant à lui un réalisateur plutôt fan des années 60 (Russ Meyer, les guitares fuzz et les chemises colorées) à qui l’on doit des métrages bisseux et érotiques (citons Pussycat Great Mission! et Watermelon, deux pinku hommages aux poitrines démesurées) ainsi que des comédies plus conventionnelles (dont GS Wonderland, un film sur la pop japonaise entre 1969 et 1972, un mélange entre Walk Hard: The Dewey Cox Story de Jake Kasdan et That Thing You Do! de Tom Hanks). C’est donc de cette réunion entre un Maeda plutôt sérieux et un Honda plutôt comique qu’est né A Honeymoon in Hell.

Le couple Oki interprété par Yutaka Takenouchi et Asami Mizukawa.

Le couple Oki interprété par Asami Mizukawa et Yutaka Takenouchi.

Le film s’en ressent car il navigue effectivement entre sérieux et comique. La première moitié du film est la plus réussie. On apprend à connaître le couple Nobuyoshi/Saki et sa routine garrélienne (même pas un spleen, juste un ennui). L’entrée en enfer s’effectue par une baignoire cradingue sur le toit d’un immeuble. Le séjour en enfer provoque des scènes cocasses. Par exemple, un bain thermal au bœuf bourguignon ou une technique originale pour manger des crevettes. Mais le spectateur assiste à une succession de scènes sans progression dramatique : du véritable tourisme qui laisse une impression d’ennui. C’est moins excitant que les « Holidays in the sun » des Sex Pistols. Quel est le but de ce voyage ? C’est ce que l’on apprendra tant bien que mal dans la seconde partie du film… mais l’ennui a déjà blasé le spectateur – rejoignant le couple Oki du début du film. La balance entre humour absurde et morale existentialiste ne sait pas vraiment de quel côté pencher. Le film laisse plus une impression de vide qui anéantit les intentions, et comiques, et sérieuses.

Marc L’Helgoualc’h

Verdict : A Honeymoon in Hell déçoit car son scénario n’arrive pas à exister vraiment, coincé entre des scènes burlesques et un propos philosophique sur le couple et la signification de la vie. À moins que le film soit une ode au célibat… ce qui serait trop subtil.

Mouais copier

A Honeymoon in Hell de Honda Ryuichi, au festival Kinotayo