Avec à peine huit volumes du manga publiés, Ao no Exorcist se voit adapté en un anime de 26 épisodes. Kazé édite un premier coffret regroupant les neuf premiers chapitres d’un shonen dynamique et plaisant, qu’il serait dommage de rater. Par Victor Lopez.
Si l’on peut être circonspect devant les visuels très classiques de Blue Exorcist, et craindre un énième shonen à l’intrigue rebattue, aux personnages stéréotypés et au développement interminable, on aurait tort de bouder son plaisir et de ne pas se laisser emporter dans son univers coloré. Soyons juste : malgré son beau succès (5,8 millions d’exemplaires vendus au Japon et 120 000 en France), et sa solide réputation auprès des amateurs, Blue Exorcist ne révolutionne rien et ne dévie pas vraiment du programme que fixent ses premiers épisodes : de l’action bien sentie, une animation correcte, une touche d’humour, un dessin classique et sobre, une pointe d’émotion un poil forcée, des personnages attendus, et des situations pas toujours très cohérentes… Bref, un Shonen, quoi ! Mais c’est justement là que Blue Exorcist réussi son pari : si aucune surprise ne vient entraver son déroulement, la série sait offrir exactement ce qu’attend son spectateur, pour lui permettre de passer un agréable moment sans jamais s’ennuyer devant le déroulement des opérations.
On peut alors reprocher à Blue Exorcist son manque d’originalité, mais jamais son manque de rythme et de générosité, et on ne peut qu’être enthousiaste devant le dosage parfait de ses éléments, au point que l’on peut considérer le résultat comme une franche réussite, dans les limites imposées d’un genre sans doute trop étriqué. C’est soigné et réalisé avec respect de son spectateur, ce qui suffit déjà à rendre l’ensemble plus que regardable.
À l’origine de la série, il y a le manga d’une jeune dessinatrice, Kato Kazue, qui apporte une douceur carrollienne à l’univers souvent fait de sueur testostéronée du Shonen, ou l’effort et le travail sont généralement les uniques clefs de l’apprentissage. C’est un peu le cas ici, mais pas tout à fait. Notre jeune héros, Rin, qui va nous permettre d’entrer dans l’univers magique de l’anime, n’a en effet pas grand-chose à apprendre niveau force physique, puisqu’il n’est d’autre que le fils de Satan, qui attend patiemment de prendre possession de son corps. À la mort de son père adoptif, tué par son démoniaque et véritable géniteur, notre petit démon jure de se venger en devenant exorciste, et s’enrôle comme étudiant dans l’école de La Croix Vraie, où son frère enseigne l’art de se débarrasser des créatures infernales. Le sujet ne va donc pas vraiment être pour notre personnage de dépasser ses limites en allant au bout de lui-même, mais justement, d’apprendre à être autre chose que ce à quoi il est destiné à devenir, à lutter contre sa nature en choisissant de devenir ce qu’il veut être. Bien sûr, le thème n’est pas neuf, et c’est bien entendu au contact des autres que Rin va échapper à son destin funeste, mais ce léger changement de perspective apporte au Shonen une certaine fraicheur régénératrice.
Car loin d’être une pompeuse démonstration, Blue Exorcist vise avant tout la distraction sans prétention. On s’étonne ainsi de trouver aux commandes de l’entreprise Okamura Tensai, qui s’affranchi de la réalisation élégiaque et comme en apesanteur de son mystérieux Wolf’s Rain pour adapter son style à un public plus jeune et impatient, et trouver un rythme assez frénétique et sans pause. Résultat : les épisodes passent à une vitesse infernale et on termine les neufs premiers chapitres sans s’en rendre compte.
On se demande alors si le choix d’adapter l’œuvre en une série de 26 épisodes, alors que le manga n’en est qu’à huit tomes et est toujours en cours et judicieux. Sans doute qu’une série continue aurait été plus adaptées aux attentes. Ce choix de production a en effet forcé les auteurs à modifier la structure du récit, afin d’inventer une fin. Les épisodes 16 à 25 viendront ainsi boucler l’histoire et s’affranchiront du manga. On verra alors le résultat, mais l’épisode 6, filler qui vient faire patienter le spectateur le temps de retrouver la narration adaptée du manga, ne rassure pas sur la suite. C’est en effet le seul épisode médiocre de ce premier tiers. Mais ne jugeons pas trop vite : pour l’heure, et en attendant un retour sur l’ensemble de l’anime, Blue Exorcist est une agréable surprise, et ses neufs premiers épisodes une belle façon de passer le temps sans prétention en attendant l’été.
À noter que Kazé n’a pas oublié les Omake, adaptant les planches comiques de fin du manga, en proposant 5 petits bonus sur le second disque.
Verdict :
Victor Lopez.
Blue Exorcist – Ao no Exorcist (Coffret 1 : épisodes 1 à 9) de Okamura Tensai, disponible en Vidéo (DVD/Blu-Ray), édité par Kazé, depuis le 16/05/2012.