Plus productif et exalté que jamais, le cinéaste kazakh Adilkhan Yerzhanov a retrouvé L'Étrange Festival de Paris pour cette édition 2025. Outre une carte blanche qu'il a animée, il a présenté au public du Forum des images, auquel il est habitué, deux films, Cadet et Moor, et les trois premiers épisodes de sa dernière série télé, Kazakh Scary Tales. Il nous a fait l'honneur de nous accorder une interview exclusive dans laquelle il est revenue longuement sur ses inspiration et on pourra constater, s'il fallait en douter, qu'il est extrêmement cinéphile.
Le dernier projet d'Adilkhan Yerzhanov présenté lors de l’Étrange Festival n'est pas un troisième film à proprement parler, c'est la compilation des trois premiers épisodes d'une série de dix épisodes, Kazakh Scary Tales, exploration du folklore de son pays, qui sera diffusée au Kazakhstan sur la plateforme de streaming Freedom Media et dont le lancement est prévu pour la mi-octobre. C'est un récit policier sur un enquêteur acharné qui essaye de découvrir les origines de phénomènes mystérieux qui se déroulent à Karatas, la ville où se déroule la majorité des films du réalisateur, luttant à la fois contre le surnaturel et la pesanteur des institutions, épaulé par une médium et un médecin légiste.
L'un des événements patrimoniaux de la 31e édition de L'Etrange Festival était la découverte de la restauration d'un étonnant montage de Black Magic with Buddha (parfois plus connu sous le nom de Nao Mo) de Lo Lieh. Destinée à l'Asie du Sud Est, cette version tente d'être respectueuse des croyances et légendes de la région, transformant le ton du film en expurgeant une bonne partie de sa dimension comique. Dans toute les versions, la trame reste la même : un homme à l'éthique douteuse rapporte d'une expédition le cerveau d'une momie et décide de forger un pacte faustien avec lui pour obtenir la richesse.
Parmi les films coréens montrés lors de ce 31e Etrange Festival, il en est un qui se distingue par son incongruité : The Last Woman On Earth de Lee Jong-min et Yeun Moon-kyong. Au milieu d'une production coréenne connue pour son goût de la maîtrise parfois jusqu'à s'en corseter, le film de ce duo se veut résolument libre et rebelle, conscient de ses limites mais les assumant pleinement. C'est un film éminemment réjouissant sur un sujet pourtant sérieux : ce que des réalisateurs s'autorisent au nom du cinéma. Dans un cours d'écriture de scénario, un jeune homme pas tout à fait déconstruit se rapproche d'une jeune fille aux cheveux bleus qui écrit un film de science fiction nihiliste et qualifié de misandre.
Adilkhan Yerzhanov ne cesse d’aller sur des terrains inédits sans jamais se contenter d’un simple essai : une fois le sillon creusé, il s’engouffre dans la brèche pleinement tout en continuant de le prolonger. Avec Moor, le cinéaste kazakh prolonge cette fois sa veine néo-noire avec toujours autant de maîtrise mais aussi de surprises.
Réalisé par Hong Won-ki, créateur très prolifique dans l’industrie de la k-pop, The Cursed: Insatiable Desires est un long-métrage horrifique sous la forme de film à sketches. Assez banal, le film brille autant pour ses très rares idées que pour son formatage assez éreintant.