VIDEO – Bleeding Steel de Leo Zhang

Posté le 24 août 2019 par

65 millions de dollars de budget, la star Jackie Chan en tête d’affiche d’un film d’anticipation, le second long-métrage de Leo Zhang après l’essai Chrysanthemum to the Beast en 2012 (et dans le quel joue le fils de Jackie) intrigue. Avec un script original de prime abord bancal, Bleeding Steel tient-il ses promesses ? Le bât blesse malheureusement dès l’insertion de la galette… Notre avis sur ce film à découvrir en DVD et Blu-Ray dès le 21 août !

Une invention biochimique permet de sauver la fille malade de Lin Dong, un inspecteur de police de Hong Kong. Mais cette invention révolutionnaire est convoitée par un mystérieux groupe criminel. Afin de la protéger, Lin Dong n’a pas d’autre choix que cacher sa fille loin de lui. Malheureusement, les criminels finissent par retrouver sa trace et Lin Dong va tout faire pour la protéger…

Alors que la première tentative du réalisateur Leo Zhang, dans Chrysanthemum to the Beast, plaçait l’action à Shanghai en 1946 (l’histoire d’un policier en déliquescence sous couverture d’un gang de criminels notoire de Shanghai et qui tombe amoureux d’un beau membre d’un gang), le réalisateur choisit avec Bleeding Steel le grand écart pour cette seconde bouteille à la mer. Dévoilé en Chine en avant première mondiale le 22 septembre 2017, le film propose, de Pékin à Sydney, de suivre les aventures d’ un inspecteur meurtri, contraint de s’éloigner de son enfant pour la protéger (tout en la surveillant de loin), le tout dans un postulat science-fictionnel particulièrement hasardeux. Autant mettre de suite les pieds dans le plat : la simple lecture du pitch provoque un immédiat sentiment de méfiance quant à la proposition du cinéaste. Scénario, prestation des comédiens, twist final anticipé dès les premières minutes, SFX monstrueux : par où commencer…

Par définition et de la manière la plus pragmatique et honnête qui soit, chaque film se respecte. Le travail du chef décorateur, des éclairagistes, des petites mains, des cascadeurs, des scénaristes… Certains, toutefois, méritent un peu moins de bienveillance face à un résultat aussi consternant qu’il en devient risible. Comment déjà, trois êtres humains dont visiblement le métier est d’écrire une histoire ont pu, à six mains, valider un script aussi risible et daté. Mention spéciale donc à Leo Zhang (nous reviendrons sur son cas car il est aussi la révélation de la mise en scène 2019), Erica Xia-Hou et Cui Siwei pour cette histoire qui figurera probablement au tableau des nanars 2019 lors des flops de fin d’année.

Insulte pour tous les amateurs de cyberpunk : Jī qì zhī xuè, littéralement « Acier saignant » (sacré titre), cumule les poncifs embarrassants dès les premières secondes et semble ignorer les dernières décennies du cinéma mondial. Une petite fille souffrant d’une leucémie sacrifiée pour sauver un témoin par le flic – papa ?. Un méchant aux pouvoirs surhumains joué par Callan Mulvey de Hartley, cœurs à vif. Une explosion provoquant la mort dès les premières secondes du monstre traqueur, dont on ne retrouve pas le corps évidemment… Difficile de citer avec exhaustivité toutes les erreurs d’écriture de cette insulte au métier de scénariste. Le savant fou en danger pourrait justement sauver la fille de l’inspecteur grâce à un cœur biomécanique ?! Mais quelle drogue ont-ils consommé pour valider une histoire pareille ? Nous conseillons par ailleurs la lecture du script sur la page wikipédia du film. Un bonheur de confusion mentale.

Quasi impossible à raconter, l’histoire de Bleeding Steel n’est malheureusement pas la seule corde de l’arc brisé de l’équipe du film. La direction artistique n’est notamment pas en reste. Aussi personnelle et inspirée que G.I Joe ou l’immonde Black Panther. Le film a probablement été étalonné par un stagiaire de troisième. Aucune personnalité, aucune tonalité quelconque à retenir, aucun sens déguisé avec subtilité dans un éclairage, un reflet, un second plan… Une catastrophe formelle. Enfin, et bien qu’il semble vain de lister tous les paris ratés du film, impossible de ne pas évoquer une partition détachée et ratée de tous les comédiens ! Mais pourquoi Jackie Chan s’est-il embarqué dans une telle galère ? L’acteur est toutefois le seul à sauver, il fait visiblement tout ce qu’il peut pour donner un peu de corps à son personnage (bien qu’il surjoue). Pour le reste, Tess Haubrich (Wolverine : le combat de l’immortel) livre la pire partition de l’année en tueuse impitoyable, Erica Xia-Hou est… belle et l’ex Drazic des 90’s digne d’un méchant de Power Rangers Parachevant cette incompréhensible mise aux ordures de la vertu de la filmographie de Jackie Chan (ne pas tuer et sauver la veuve et l’orphelin), le héros ne semble ici ne plus s’embarrasser d’une quelconque morale. Sous les oripeaux d’un Batman qui sortirait son Colt, l’acteur préfère ici rédiger un pamphlet cynique et mercantile. On n’attendait pas ça de lui…

L’overdose de films de SF ces 10 dernières années, le bide d’exploitation en Chine ou à Hong-Kong après le succès colossal de Kung-fu Yoga (mais 6 films en salles en un an et demi pour Jackie Chan ne suscite plus d’intérêt) ou un réalisateur insipide et présomptueux ne sont que quelques pistes quant à la gêne ressentie face à un comédien qu’on aime pourtant tellement, depuis plus de 30 ans.

Sept compagnies sont créditées en coproduction dont la branche asiatique de la société américano-australienne Village Roadshow Pictures (d’où le plan de 10 minutes sur l’Opéra de Sydney). L’embarcation partait à l’évidence au naufrage sans un véritable capitaine aux commandes. Big Brother, Police Story, Le flic de Hong-Kong ne sont pas de ceux que l’on enseigne dans les écoles de cinéma. Et pourtant, il est probable que les 3/4 de la population mondiale a un jour posé les yeux sur un film de Jackie Chan. Comédien casse-cou aussi humble qu’hilarant, nous prions pour que ce  nouvel échec commercial ne range pas le drunken master dans les futurs bacs à solde DVD.

Doté d’une unique bande annonce en terme de bonus, même le générique final est consternant alors qu’il s’agit toujours de la cerise sur le gâteau lors des cascades ratées ou des fous rires attendrissant. Un montage incompréhensible, des SFX honteux (mention spéciale au fond vert de la chute en parachute), une histoire étouffante d’ amateurisme ; Bleeding Steel n’a rien à proposer de novateur. C’est simplement un mauvais film.

Jonathan Deladerrière.

Bleeding Steel de Leo Zhang. Chine. 2017. En DVD et Blu-Ray le 21/08/2019 chez chez AB Vidéo.

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