Gros succès en salles en août dernier lors de sa sortie en Corée du Sud, le troisième long-métrage de Kim Joo-hwan, Midnight Runners, présenté dans la section « Evènements » du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP), a fait souffler un vent de fraîcheur au sein d’une sélection hétéroclite.
Débutant comme un buddy movie classique, Midnight Runners nous propose de suivre deux étudiants s’apprêtant à intégrer l’école de police, qui deviennent rapidement amis pour le meilleur et pour le pire. Lors d’une permission de sortie, les deux garçons sont témoins du kidnapping d’une jeune adolescente et décident de mener l’enquête par leurs propres moyens, abandonnés qu’ils sont par leur hiérarchie, bien trop occupée sur des affaires soi-disant plus importantes. S’en suit une course contre la montre qui conduira nos deux bleus jusque dans les endroits les plus sombres de Séoul. Tout l’intérêt du film repose donc sur la relation entre nos deux protagonistes, qui se retrouvent dans des situations de plus en plus tordues, et doivent inventer des stratagèmes loufoques et insensés pour s’en sortir. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne parfaitement, grâce au talent comique de Park Seo-joon et Kang Ha-neul (ce dernier nous avait déjà fait rire à gorge déployée dans le film Twenty, présenté en 2015 au FFCP). Il ne faut évidemment pas être allergique à l’humour coréen, mais il est difficile de ne pas s’amuser devant les expressions et autre facéties des deux acteurs principaux, qui se renvoient la balle sur un rythme parfaitement dosé, comme aux plus belles heures d’une certaine frange de la comédie policière américaine, dans les années 80-90.
Si la partie comédie fonctionne parfaitement, le versant polar d’action est tout aussi efficace, grâce à une enquête qui se révèle de plus en plus passionnante à mesure que les deux héros s’enfoncent dans les bas-fonds de la capitale sud-coréenne. Kim Joo-hwan maîtrise son sujet et marie avec aisance recherche d’indices, découvertes glauques et scènes de baston endiablées. On retrouve même la critique habituelle du système policier coréen, remise dans le contexte du moment, puisque dans le film, l’absence policière est justifiée par l’importance accordée aux évènements entourant la transition politique de ces derniers mois en Corée du Sud. En gros, il est sous-entendu que la police préfère aller taper sur du citoyen au lieu de faire ce qu’il faut pour démanteler certaines organisations clandestines qui gangrènent le pays encore aujourd’hui. Rien d’original certes, mais le message est plutôt bien vu dans le contexte actuel, et il est toujours agréable de voir un divertissement qui ne se repose pas sur son statut.
Remettant au goût du jour la comédie policière, Kim Joo-hwan signe un divertissement de haute-volée, qui ravira autant les adeptes d’un humour typiquement coréen que les amateurs de buddy movie à l’ancienne.
Nicolas Lemerle.
Midnight Runners de Kim Joo-hwan (2017). Projeté lors de la 12e édition du Festival du Film Coréen à Paris.