Pour son premier long-métrage, The Artist: Reborn, Kim Kyoung-won tente une sorte de fable fantastique dans le milieu de l’art en Corée du Sud. La 12e édition du Festival du Film Coréen en France (FFCP), qui a sélectionné le film dans la section Paysage, nous a permis de le découvrir !
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The Artist : Reborn est un projet qui naît de la réflexion et de la dépression, qu’a connu son jeune auteur après son service militaire, moment où il a décidé de devenir cinéaste. Il a voulu faire un film sur ses doutes en tant que jeune artiste. Ainsi, le film nous montre le parcours de Giselle (Ryoo Hyoun-kyoung) qui revient en Corée du Sud après avoir étudié l’art à l’étranger. C’est une jeune femme rêveuse qui se confronte à la réalité du monde du travail coréen. Un monde où les artistes n’ont pas vraiment leur place. Dans le même temps, Jae-Bum (Park Jung-min), directeur d’une galerie, découvre la peinture de la jeune artiste et surtout l’argent que cette dernière pourrait lui rapporter.
Le réalisateur nous propose de suivre les péripéties de cette rencontre par l’étrangeté de ses conséquences. Giselle évolue au contact de Jae-Bum, et renaît en tant qu’artiste au sens propre comme au figuré. D’ailleurs sa peinture abstraite peut nous faire penser au film. Alors que ce dernier est très convenu, nous avons du mal à y pénétrer, tandis que les personnages du film s’accordent à dire que la peinture de la jeune femme est un choc émotionnel inexplicable. Kim Kyoung-won, autant par économie de moyens que par esthétique, accompagne les corps dans des dialogues, souvent des disputes, avec une caméra à l’épaule qui donne un effet faussement naturaliste. C’est l’une des qualités du film, mais surtout son plus gros défaut. La simplicité du dispositif de The Artist: Reborn lui permet de laisser les acteurs développer les situations et parfois même de passer du comique au tragique en quelques minutes ou de la romance au fantastique dans le même laps de temps. On sent une liberté de ton qui est très efficace au début et qui nous perd dans la seconde partie du film. Les situations deviennent beaucoup plus graves, mais le jeu des acteurs ne différe pas, et la mise en scène reste malheureusement constante. Nous ne ressentons pas le choc que subit Giselle, il nous est explicité par les dialogues, mais la caméra toujours très mobile et légère semble esquiver la noirceur des actions qui concluent le film.
Le discours sur l’Art et la vision du monde de l’art en Corée (que, par ailleurs, Kim Kyoung-won connaît bien) est également très léger voire naïf. Cette naïveté joue en la faveur de la protagoniste principale qui est une idéaliste, et qui serait l’opposée de Jae-Bum qui ne voit l’art comme un moyen de devenir riche. Dualité simple voire simpliste mais qui devient troublante dans le cynisme de la première partie tant elle est juste, et perçue comme la norme. On regrette alors de ne pas sentir ce trouble lors de la scène tragique entre nos deux protagonistes qui semble ne pas intéresser le cinéaste plus que ça. Il préfère se concentrer sur son héroïne qu’il idéalise finalement à travers une imagerie onirique qui rappelle des lieux communs de clips coréens, ce qui n’est pas forcément péjoratif. Cela nous indique surtout que pour son premier long-métrage, le jeune cinéaste n’a pas pu trancher entre la rêverie interlope et le cynisme post-moderne. Il a choisi de se concentrer sur des moments, sur des visuels, alors qu’il aurait pu créer des images. On espère que pour son prochain film, Kim Kyoung-won sera renaître, et faire un choix des couleurs qui dépeignent le mieux sa vision du monde.
Kephren Montoute.
The Artist: Reborn de Kim Kyoung-won (2016). Projeté lors de la 12e édition du Festival du Film Coréen à Paris.
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