[Animé] Terror in Resonance : le Japon face à ses démons

Posté le 18 octobre 2014 par

Après Cowboy BebopSamurai ChamplooKids on the Slope ou encore Space Dandy, le talentueux réalisateur Watanabe Shin’ichirō change une nouvelle fois de registre avec sa nouvelle série animée Terror in Resonance, qui paraît assez classique au premier abord mais n’en est pas moins complexe et passionnante.

Après avoir échappé à une mystérieuse organisation, deux adolescents orphelins, Nine et Twelve, forment un groupe terroriste nommé Sphinx et plongent la ville de Tokyo dans un jeu mortel suite à un attentat dont ils sont les instigateurs. Sur leur route, ils croiseront Risa, une adolescente mal dans sa peau qui voit en Nine et Twelve l’occasion de prendre un nouveau départ, et Shibasaki, un membre du Département de la Police Métropolitaine de Tokyo qui va leur donner du fil à retordre.

« Par un été étouffant me sont apparus un sourire chaleureux comme le soleil, et des yeux froids comme la glace » : telle est l’impression laissée par Twelve et Nine à Risa lors de leur première rencontre. A ce moment-là, elle ne sait pas encore qu’ils ont l’intention de commettre un attentat dans Tokyo. Nine est le cerveau des opérations. Calculateur et discret, il ne montre la plupart du temps aucune émotion. Twelve paraît plus joyeux et enjoué, mais son regard est tout aussi terrifiant. Risa, elle, se retrouve au centre de la première attaque et est amenée à faire un choix : mourir ou suivre Nine et Twelve dans leur périple destructeur.

Nos deux anti-héros veulent entrer en guerre contre leur pays et faire bouger les choses en utilisant le moyen le plus radical : une menace terroriste. Par l’intermédiaire de vidéos diffusées sur le net, ils informent les citoyens et les policiers tokyoïtes de leurs futurs actes en leur proposant une énigme dont la réponse est l’emplacement de la prochaine bombe. Face à eux, Shibasaki, un ex-inspecteur rétrogradé suite à une sombre affaire, est mis à la tête d’une équipe afin de contrecarrer les plans de nos deux terroristes. Un peu plus intelligent que la moyenne, il est le seul à comprendre que les énigmes ont un rapport avec certaines mythologies, notamment la mythologie œdipienne (d’où le nom du groupe formé par Nine et Twelve, Sphinx). Toute la première moitié de la série s’articule d’ailleurs autour de la confrontation à distance entre le Sphinx et Shibasaki, avec des énigmes de plus en plus retorses et des attentats qui rappellent aisément notre triste réalité. Cette première partie ne dévoile pas encore les véritables questionnements et enjeux mais s’avère haletante et bien orchestrée.

Cependant, les choses s’accélèrent quand le passé des personnages ressurgit peu à peu. D’abord sous forme de flashbacks nous montrant Nine et Twelve s’enfuyant d’un mystérieux complexe en proie aux flammes, où ils étaient retenus prisonniers (ce qui explique que leur nom s’apparente à un numéro de matricule). Ensuite, lorsque le gouvernement japonais comprend que Nine et Twelve sont sans doute les responsables du vol de plutonium qui a eu lieu quelques mois plus tôt (c’est la séquence qui introduit la série). Enfin, lorsque Five, une ancienne connaissance de Nine et Twelve, supposée morte dans l’incendie du complexe, se lance à leur poursuite avec l’aide d’agents américains, et tente par tous les moyens de les arrêter, peu importe les dommages collatéraux. Petit à petit, les rôles s’inversent, les actions de Nine et Twelve se retournent contre eux, le piège se referme et seule la présence de Risa les maintient à flot.

Quelles sont les réelles motivations du Sphinx ? Que cache le gouvernement japonais au reste du monde ? Pourquoi Five met-elle tant d’ardeur à chasser Nine et Twelve ? Quel est leur passé commun ? De toutes ces questions naissent plusieurs réflexions passionnantes sur les prémices du terrorisme, sur les traumas causés par la bombe nucléaire, et sur les agissements secrets d’un pays qui cherche à explorer de nouvelles méthodes de défense pour pallier la démilitarisation post-Seconde Guerre Mondiale. Il en découle un portrait du Japon et de sa capitale qui se veut proche de la réalité et qui trouve une résonance toute particulière dans l’actualité, aussi bien locale qu’internationale. Cet aspect est renforcé par la présence permanente des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Techniquement, les décors très détaillés et l’animation d’une fluidité exemplaire donnent vraiment l’impression de se retrouver en plein cœur de Tokyo aujourd’hui.

Watanabe signe un nouveau coup de maître sur le marché de l’animation japonaise en s’attaquant frontalement à l’histoire de son pays. Le réalisateur jongle avec virtuosité entre montées de tension spectaculaires, scènes de réflexion intenses et moments intimistes reposants, tout en explorant ses personnages jusqu’à la moelle pour en ressortir une beauté tragique bouleversante. L’OST sublime de la compositrice Yoko Kanno, collaboratrice habituelle de Watanabe, accompagne magnifiquement la série en lui donnant une dimension universelle.

Nicolas Lemerle.

De : Watanabe Shin’ichirō
Avec les voix de : Ishikawa Kaito, Saitō Sōma, Tanezaki Atsumi, Sakuya Shunsuke, Han Megumi
Studio d’animation : MAPPA
Diffusion :
Japon – 10 juillet 2014 (Fuji TV)
France – 10 juillet 2014 (Wakanim)
Production : 11 épisodes

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Un commentaire pour “[Animé] Terror in Resonance : le Japon face à ses démons”

  1. Eh bien ça donne envie, c’est le moins qu’on puisse dire. Déjà le thème un peu tabou qu’il soulève me donnait envie de voir le résultat, comme ci Cowboy Bebop et Samurai Champloo n’avaient pas déjà fait le travail !

    Super critique et bonne continuation !

    N’hésitez pas à nous rendre visite ici : http://merci90s.tumblr.com/
    On parle de tout ce qui a fait les années 90s, notamment les films !

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