En salles – Apprentice de Boo Junfeng (01/06/2016)

Posté le 29 mai 2016 par

Dans la catégorie Un Certain Regard, Singapour a présenté Apprentice de Boo Junfeng, dont le premier long-métrage Sandcastle avait été projeté à la Semaine de la Critique en 2010. Produit par le cinéaste singapourien Eric Khoo (Tatsumi), Apprentice met en scène Aiman, ancien voyou, qui est par la suite devenu gardien dans une prison de haute sécurité. Rahim, le bourreau, le prend sous son aile et le forme. Aiman est très appliqué mais sa conscience le rattrape peu à peu. En effet, alors qu’il était enfant, son père a été exécuté dans cette même prison par Rahim.

Le choix de suivre un bourreau plutôt qu’un prisonnier est original et permet de s’interroger sur la peine de mort, encore active à Singapour. Boo Junfeng évite l’écueil de la dénonciation à travers son personnage principal, Aiman, joué par Fir Rahman dont c’est le premier rôle au cinéma, qui ne cesse de douter. Rahim, joué par Wan Hanfi Su (Men Who Save the World), de son côté, semble être un bourreau humain, si tant est que cela soit possible. Il explique à Aiman, avec une précision chirurgicale, comment organiser une pendaison pour qu’elle ne fasse pas souffrir le condamné. Ces différents points de vue permettent à chaque spectateur de se forger sa propre opinion sans être guidé par le réalisateur et donc, sans aucune moralisation du discours.

apprentice

Avec un thème pareil, on ne peut pas s’attendre à un film lumineux. La réalisation, clinique et rigoureuse, et la photographie, léchée, subliment l’ambiance macabre qui inonde la prison. Les couloirs sont sombres et interminables. La potence donne froid dans le dos. Mais l’extérieur de la prison est également teinté de noirceur. Quand Aiman rentre chez lui après sa journée de travail, il y retrouve sa sœur Suhaila et, pourtant, l’ambiance ne se réchauffe pas. La mort rôde, partout. Interprétée par Mastura Ahmad (Banting), Suhaila fuit cette mort qui la poursuit en décidant de partir vivre en Australie avec son petit-ami. A l’inverse, Aiman se rapproche de la mort à travers son nouveau travail d’apprenti bourreau.

Boo Junfeng parvient à réaliser un film glacial, comme le sujet qu’il traite. Cependant, par sa réalisation, souvent trop chirurgical, le spectateur pourra se sentir indifférent à ce qui se déroule à l’écran.

Elvire Rémand.

Apprentice de Boo Junfeng. France-Singapour. 2016. En salles le 01/06/2016.

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