Balles puantes, poiscaille vorace : l’esprit Sushi Typhoon revient dans un coffret 14 DVD purement jouissif. À l’occasion de la sortie de cette intégrale de la collection chez Éléphant Films le 20 octobre, retour sur les 5 dernières productions du label : Dead Sushi, Deadball, Samurai Princess, Tomie: Unlimited et Zombie Ass.
Comme toute expérience de spectateur, celle du visionnage (quasi simultané me concernant) de des cinq films inspirés des productions Sushi Typhoon doit s’évaluer d’abord à l’aune d’une alchimie. Soit le plaisir ressenti ou non devant ce cinéma bis ultra régressif, libéré du souci de la cohérence d’une histoire, se refusant, kamikaze, à rendre ses trucages invisibles. Et si je dois être honnête, j’avouerais que pour ma part, l’alchimie fut évidente : j’ai ris, énormément, mais surtout, plus que devant pas mal de chefs-d’œuvre ou supposés tels, écarquillé les yeux sous le coup de l’impact visuel de presque chaque plan.
Qu’il soit question d’une lutte mortelle avec une balle de baseball (Deadball de Yamaguchi Yudai) ou des sushis tueurs (Dead Sushi), de l’attaque de plus ou moins pauvres victimes par des déjections humaines (Zombie Ass), l’esprit de ces films, signés pour la plupart par le king du genre, Igushi Noboru tourne autour du tout visible – ou presque –, d’une frontalité amenant à se positionner très vite. Soit je suis plus que bon public et en redemande sans honte, conscient que ce cinéma n’a de toute manière pas vocation à être reconnu comme légitime, soit je me bouche le nez (c’est le cas de le dire) et abrège ma souffrance pour rester fidèle à mon esprit de spectateur « sérieux ». Toujours est-il que pour qui découvre seulement comme moi cet « esprit Sushi », la cohérence esthétique et narrative est plus que saisissante.
Souvent, au départ, une jeune fille, représentante d’une jeunesse nipponne certes parfois caricaturée, mais pas plus que dans nombre de teen movies américains adorés. Une fois notre pseudo héroïne identifiée, tout le projet du film sera de défier son potentiel érotique en la poussant dans ses retranchements physiques, la confrontant au gore, à l’archi trash. Le sang gicle plus que de raison, la merde envahit l’écran. On se bouche le nez et se cache les yeux si l’on veut, mais pour un peu que l’intro nous ait donné envie d’en voir plus, on plonge surtout, tête la première, avec un sourire d’ado attardé. Principe de plaisir dont Zombie Ass est sans conteste le sommet.
La sortie combinée chez Elephant Films, éditeur DVD et Blu-ray n’ayant plus rien à prouver en terme de mise en valeur de bijoux méconnus, de ces cinq « plaisirs coupables » est donc avant tout une occasion, pour le cinéphile un peu cul serré, d’avoir de la matière plein les yeux. Vous aurez d’ailleurs remarqué que tout cet article aura tourné autour de la question des organes, des sens, de ce qui fait avant tout de nous, spectateurs, des sujets réactifs. C’est ce que nous proposent tout bêtement ces petits films jouissifs : n’écouter pour une fois que notre corps.
Sidy Sakho.
Coffret sushi typhoon – bento box, disponibles coffret 14 DVD depuis le 20 octobre 2015 chez Elephant Films. Contient : Death Trance, Machine Girl, Tokyo Gore Police, RoboGeisha, Samurai Princess, Vampire Girl vs. Frankenstein Girl, Helldriver, Gothic & Lolita Psycho, Karate Robo-Zaborgar, Tomie: Unlimited, Yakuza Weapon, Deadball, Zombie Ass, Dead Sushi.