BIFFF – Hard Day, de Kim Seong-hoon : une journée inoubliable

Posté le 28 mars 2015 par

Le cinéma coréen s’était fait connaitre en Occident grâce à toute une série de polars sanglants à l’esthétisme léché. Bien entendu, il ne se résume pas à ses thrillers, loin s’en faut. Cependant, Hard Day, nouvelle pépite en matière de polar, ne peut que faire plaisir et, après un passage au Black Movie Festival et une sortie salle française, le voilà qui va enjouer les spectateurs du Brussels International Fantastic Films Festival.

Il s’agit, pour Kim Seong-hoon, de son deuxième film en tant que réalisateur et scénariste, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec Hard Day, il offre une oeuvre flirtant avec plusieurs ambiances en un jeu d’équilibriste maîtrisé et jouissif. Dès les premières minutes, le spectateur découvre le protagoniste principal de cette histoire, Lee Sun Gyun, qui va vivre la plus longue journée de sa vie. Il roule, énervé, à tombeau ouvert en direction d’une destination alors inconnue, harcelé par téléphone. En effet, sa sœur l’attend pour la mise en bière de leur mère. Faisant un écart pour éviter un chien, il percute un homme. Paniqué, le voilà qui dissimule le cadavre dans son coffre, avant de se faire arrêter par la police pour un test d’alcoolémie, et le spectateur découvre que non seulement notre héros est flic, mais en plus pourri, attendu à son quartier général par le service enquêtant sur lui et son équipe.

Hard Day

Très rapidement, le réalisateur dépeint des personnages plutôt dénués de toute honnêteté, Kim Seong-hoon décrivant une ville gangrénée par la corruption, où chacun profite de son pouvoir. Cependant, la démarche n’est pas la même que pour Anurag Kashyap avec Ugly, par exemple. La noirceur de l’âme humaine ne colle pas à la peau du spectateur enlisé dans l’abomination. Cette obscurité sert plutôt, d’une part, à montrer des personnages loin d’être manichéens, et à faire en sorte que le spectateur s’attache à son héros malgré son comportement. Pour cela, d’une part le réalisateur met en face de lui un personnage encore plus pourri, et d’autre part, il oblige le spectateur à compatir pour le personnage principal, à qui il arrive tuile sur tuile.

hard day

Le début de Hard Day est empli d’un humour noir de bon aloi, alors que Lee Sun Gyun essaie désespérément d’enterrer sa mère et de faire disparaître le corps de l’homme qu’il a involontairement renversé, optant, pour ce faire, pour quelques choix délicieusement désespérés et assez irrésistibles. Mais Hard Day est bien plus qu’une comédie noire, et bascule dans le thriller tendu, alors que quelqu’un commence à faire chanter le héros de cette histoire. Le scénario reste assez classique, mais offre un méchant assez inoubliable, et son identité, bien que logique après coup dans la démarche du cinéaste, ne peut que surprendre quand elle est dévoilée.

L’enquête est tendue, alors que, loin de se simplifier, la dure journée du héros de Hard Day se rallonge et qu’il cherche à comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire, mais aussi à s’en sortir. Le réalisateur évite les longueurs et, passionné, le spectateur laisse le film le conduire jusqu’à un affrontement final aussi inventif que tendu et barbare.

Après quelques thrillers plus que moyens (Confession of Murder, Monter Boy), Hard Day se révèle un spectacle plus que rafraîchissant et passionnant. Après son passage en salles en France, ainsi qu’à Genève pour le Black Movie, le film mérite vraiment d’être vu et, pour ceux qui l’ont raté, le BIFFF sera l’occasion de découvrir ce film. Il tutoie des ambiances assez connues, mais les mélange avec brio, pour un déroulement finalement aussi surprenant que réjouissant.

Yannik Vanesse.

Hard Day, de Kim Seong-hoon. Corée. 2014. En salles le 07/01/2015.

Hard Day est présenté au Black Movie de Genève du 16 au 25 janvier 2015. Plus d’informations ici.

Lire notre interview de Kim Seong-hoon, réalisateur de Hard Day ici !

Imprimer


Laissez un commentaire


*