DVD – Pandémie de Kim Sung-su : Contagion sauce zombie

Posté le 15 avril 2014 par

De Corée nous arrive un film catastrophe, renommé Pandémie pour sa sortie française. Inédit DVD, édité chez Wild Side avec quelques jolis bonus, il était temps de se pencher sur le titre.

Pandémie, réalisé par Kim Sung-su, se présente sous la forme d’un film de contagion, au début assez classique. Un container transportant des immigrés clandestins arrive discrètement dans une petite ville mitoyenne de Séoul. Quand les deux personnes veulent les récupérer, ils découvrent qu’ils sont tous morts, sauf l’un d’entre-eux, qui s’enfuit. Se précipitant à sa recherche, les deux criminels ne savent pas qu’ils assistent au début de la propagation d’une maladie mortelle, les personnes étant infectées par une souche mutante de la grippe aviaire, se transmettant par voies aériennes, et tuant à grande vitesse.

pandémie

Ainsi, Pandémie est classique dans son scénario et dans sa réalisation. Dans son histoire car nous allons assister à la contagion qui se répand, les hôpitaux se faire assaillir, et le gouvernement tenter d’endiguer ce fléau. Et bien sûr, deux personnages vont se détacher de la foule, nous permettant d’assister à cette contagion de l’intérieur. Une doctoresse, mignonne et très compétente, va chercher d’une part à trouver un vaccin, et d’autre part, à protéger sa petite fille, atteinte de la maladie, et un secouriste, croisant sa route par hasard avant le début des événements et cherchant à la séduire, va tout faire pour les protéger, et sauver le plus de monde possible. En effet, notre héros au grand cœur est un secouriste jusqu’au bout de l’âme. En ajoutant un sidecick comique en la personne du meilleur ami du héros, secouriste lui aussi et passant son temps à faire des blagues potaches, et l’histoire ne surprendra que peu, et permettra de construire une introduction à l’humour assez indigeste.

Dans la forme, Kim Sung-su soigne son œuvre, mais ne fait pas preuve, dans un premier temps du moins, de beaucoup de subtilité. En effet, de gros plans sur des particules toussées, volant d’une personne à l’autre, la caméra s’arrêtant sur des personnes larmoyantes. Le réalisateur insiste sur le pathos avec une truelle, et le résultat manque cruellement de subtilité. De même, le discours anti-américanisme primaire, est traité avec la même délicatesse, en présentant les experts américains, venus « aider » à endiguer la pandémie, comme des salopards sans cœur, prêts à massacrer des centaines de milliers de personnes, en envoyant des missiles sur eux si nécessaire. Heureusement, le président, débordé tout d’abord, finit par leur tenir tête et sauver le pays des Américains. Oui, ce genre de discours se retrouve souvent, et fait immanquablement penser à la fin de Windfighters.

Cependant, Pandémie dans son deuxième acte, alors que le gouvernement parque ses contaminés (et non-contaminés, difficile de faire le tri) dans des camps de concentration, déploie un discours de fin du monde faisant penser aux films de zombis post-apocalyptiques, et se montre d’une efficacité aussi redoutable que traumatisante.

Collant à ses deux personnages principaux, le métrage fait découvrir aux spectateurs, en même temps que les protagonistes, les moyens mis en œuvre pour contenir la maladie. Horreur, émeutes, choix radicaux, sans parler de ces petits soldats qui, attrapant fatalement la grosse tête devant les pouvoirs qui leur sont donnés, se laissent aller aux dérives. Là encore, le pathos larmoyant prend parfois le relais, mais le réalisateur offre quelques séquences de fin du monde aussi choquantes qu’efficaces (voir ce qu’ils font des contaminés est tétanisant).

Ainsi Pandémie reste un métrage imparfait, mais efficace, qui aurait dû suivre le cheminement d’un métrage de zombie, dont il prend beaucoup de codes, et livrer une fin beaucoup plus désespérée, mais il reste une œuvre très intéressante.

Yannik Vanesse.

Pandémie, de Kim Sung-su, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 09 avril 2014 chez Wild Side.