Critique de Gyo, Tokyo Fish Attack de Hirao Takayuki (DVD import)

Posté le 20 novembre 2012 par

L’amateur de films au postulat étrange ne peut que s’intéresser au cinéma japonais. Après les geishas robotisées, les sushis tueurs et les zombis des toilettes, voilà que, du Japon, nous arrive Gyo, Tokyo Fish Attack et ses poissons zombis mutants. Terracotta, sous sa bannière à part Terror Cotta, offre à nos yeux ébahis cette histoire des plus improbable. Alors, le spectateur va-t-il découvrir un nanar total, ou au contraire un bon dessin animé d’horreur ? Par Yannik Vanesse.

 

À la base de cette histoire, il y a un manga écrit par Ito Junji, un spécialiste de la bande dessinée d’horreur. Il a en effet écrit, entre autres, Spirale (qui eut droit à une adaptation cinéma, hélas ratée), La femme limace ou encore La fille perverse. L’adaptation de son Gyo est supervisée par Hirao Takayuki, un réalisateur qui n’a pour l’instant que peu d’œuvres à son actif, mais qui a travaillé entre autres sur Paranoïa Agent.

L’anime qui nous est offert surprend de prime abord, ne serait-ce qu’en mélangeant dessins et images de synthèse. Si les dessins sont jolis, ils sont parfois un peu sommairement animés – mais rien de trop gênant. Les séquences en images de synthèse, elles, sont surtout des scènes d’action, et elles sont rendues dynamiques grâce à un grand sens du cadre et des mouvements fluides de la caméra, plongeant le spectateur, par exemple, en plein crash d’un avion, obligé de se poser sur une piste envahie par des poissons zombis de toute taille.

Gyo raconte donc une invasion de poissons et crustacés divers, qui peuvent se déplacer sur la terre ferme grâce à une sorte d’étrange support munis de jambes qui les emprisonne. Ils annoncent leur arrivée en dégageant une odeur épouvantable, et, si les blessures qu’ils infligent s’infectent, les pauvres victimes se transforment en créatures boursoufflées et purulentes, des tentacules sortant de partout – une ou deux scènes font ainsi diablement penser à Urotsukidôji. Dans cette ambiance de fin du monde, Aki cherche par tous les moyens à retrouver son fiancé, aidée par un journaliste qui a compris que l’oncle dudit fiancé n’est pas étranger à ce qui se passe.

Pendant un peu plus d’une heure, nous suivons ainsi cette apocalypse et cette lutte de tous les instants. Et si la première attaque d’un requin muni de jambes prête à sourire, Hirao Takayuki parvient à rendre son film suffisamment déviant, gore et malsain pour que, malgré le postulat digne d’un Bruno Mattei, le film ne verse jamais dans le nanar, mais soit au contraire un véritable film d’horreur des plus sérieux, des explications scientifiques crédibles venant expliquer ce qui se passe, entre histoire de savants fous et de pollution des mers. L’histoire est ainsi prenante, le rythme ne faiblit jamais, et les personnages sont attachants. Il y a quelques séquences sexys au début qui ne gâchent rien, mais Gyo, Tokyo Fish Attack s’attèle surtout à dépeindre des scènes assez dérangeantes… Les humains se font ainsi dévorer, tombent en morceaux avant de devenir d’étranges zombis puants, et le cirque zombiesque offre quelques moments surréalistes et malsains au possible.

Le métrage déborde d’idées et, s’il ne perd pas son temps en exposition, parvient à donner corps à ses personnages – assez classiques cela dit.

En bonus, l’éditeur propose une interview de l’auteur du manga, Ito Junji. De manière assez surprenante, elle est écrite et non filmée mais, bien que courte, le tout s’avère intéressant. Les questions sont pertinentes, les réponses intéressantes, bref, voici un petit bonus des plus plaisant.

Yannik Vanesse.

Verdict : Gyo, Tokyo Fish Attack mérite tout à fait le détour. Jamais ennuyeux, très sanglant et débordant d’idées pour s’éloigner du tout venant du film de zombis ou d’invasion, les séquences d’action sont dynamiques et les images joyeusement malsaines. Voici un très bon anime pour adulte que tout amateur de film d’horreur peut apprécier.

Gyo, Tokyo Fish Attack est disponible en DVD import chez Terracotta depuis le 3 septembre 2012.

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