Long Arm of the Law de Johnny Mak (Paris Cinéma)

Posté le 9 juillet 2012 par

Paris Cinéma touche à sa fin, mais quelques pépites de Hong Kong sont encore à découvrir, comme le magistral polar social de Johnny Mak : Long Arm of the Law.  Par Tony F.


S’il y a bien un genre qui aura marqué le cinéma Hongkongais des 80’s, c’est le polar. Nerveux, déjanté, barré, héroïque et même épique, bref, à toutes les sauces. Parmi ce lot monumental de films sortis, Johnny et Michael Mak ont marqué la décennie au fer rouge avec les Long Arm of the Law, dont le premier opus est présenté à Paris Cinéma.

Long Arm of the Law de Johnny Mak : To Live and Die in H.K.

Produit par Sammo Hung, Long Arm of the Law , première (et dernière) réalisation cinématographique de Johnny Mak, se présente comme une œuvre sociale, viscéralement sombre et pessimiste. Filmée caméra à l’épaule, l’intrigue suit la destinée d’un groupe d’amis, tous continentaux, qui tentent le tout pour le tout : entrer clandestinement à Hong Kong et braquer les bijouteries puis repartir assez riches pour être tranquille le restant de leurs jours. On le devine très vite, leur parcours sera semé d’embûches et de violence. Une telle recherche du “rêve hongkongais” ancrée dans le contexte politique et financier de l’époque (la signature de la rétrocession survenait à la fin de cette même année) ne pouvait être heureuse, et le regard que porte Mak sur sa ville est emprunt d’une noirceur qui imprègne jusqu’au cœur des personnages.

Ceux-ci, bien loin de l’Heroic Bloodshed de John Woo (la vague “Mark Gor” ne sévira que deux ans plus tard) ne sont motivé par aucune forme d’honneur ou de vengeance. Pire, ce ne sont même pas des truands mais de simples clandestins motivés par l’appât du gain et par le seul espoir de vie heureuse que représente le pactole. A ce titre ils ne reculeront devant rien et n’hésiteront pas à plonger tête la première dans la violence la plus totale. Le réalisateur, par les protagonistes et par leurs motivations, met ainsi en avant plusieurs éléments : d’une part le contraste saisissant entre d’un côté la Chine, ses habitations de fortunes et ses chemins boueux, où il fait sombre et où il pleut, et Hong Kong, mégalopole vivante et séduisante, terre de toutes leurs opportunités les plus folles. Ironie flagrante, c’est dans l’endroit aux attraits les plus visibles et séduisants que les protagonistes connaîtront les pires déboires. Ainsi, avant même de montrer le casse à proprement parler, Johnny Mak prends soin de laisser ses personnages se noyer dans les milieux du jeu, de l’alcool et de la prostitution, et si toute la première partie du film (la préparation de l’entrée clandestine à HK) ne s’embarrasse pas de présentations, la seconde partie, elle, nous montre comment l’être humain peut se laisser galvaniser par les illusions qu’on lui montre, tout en laissant se profiler pour certains d’entre eux des motivations secondaires : un amour de jeunesse retrouvé, la nécessité de disparaître, ou simplement le fait de subvenir aux besoins de sa famille, autant de raisons qui rendent les personnages plus humains aux yeux du spectateur, et donc forcément plus attachants, d’autant plus lorsque les premières scènes du film nous les montre sous un mauvais jour.

La mise en scène est à la fois crue et endiablée, et nous offre une photographie crade et réaliste, ne nous épargnant pas grand chose. Désespérée et sous une tension permanente, le réalisateur parvient à nous laisser constamment sur la défensive, à l’image des braqueurs, prêt à assister à tout moment à un carnage. Mêlant polar, politique et documentaire, le film arrive à faire cohabiter discours social (et donc habituellement bavard) et gunfights viscéralement prenants, et difficilement oubliables. Car il est impossible de ne pas mentionner la fin du film, véritable apothéose cinématographique qui voit tous les éléments, explicites et implicites du film converger vers le point final, l’explosion de violence, en une course poursuite effrénée au cœur de la Walled City.
Long Arm of the Law est donc une réussite totale, un chef d’œuvre d’action et de polar intelligent, abordant le genre comme peu ont su le faire. Simplement culte.

Tony F.

Verdict :

Long Arm of the Law de Johnny Mak à voir à Paris Cinéma le mardi 10/07 (17h30) aux MK2 Bibliothèque.

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