La Fresh Wave de Hong Kong (Paris Cinéma)

Posté le 6 juillet 2012 par

À l’occasion de son panorama du cinéma hongkongais, Paris Cinéma propose deux sélections de courts-métrages de la Fresh Wave. Une opportunité de poser un regard frais sur une génération de jeunes réalisateurs qui ont du style. Par Anel Dragic.

Chapeauté par le Hong Kong Arts Development Council, la Fresh Wave est une compétition de courts-métrages. Un peu à la manière de la Semaine de la Critique, l’objectif est de supporter et faire connaître de jeunes talents. Initié en 2005 sous l’impulsion de Johnnie To, alors président du groupe Film et Arts médiatiques du HKADC, la Fresh Wave est depuis 2010 un véritable festival de courts-métrages. À l’occasion de leur passage à Paris, les jeunes réalisateurs, mais aussi Johnnie To, sont venus présenter 5 courts-métrages au public français.

1+1 de Lai Yan Chi

Avec 1+1, Lai Yan Chi développe en 35 minutes une œuvre sensible, dont la fraîcheur évoque tout un pan du cinéma indépendant hongkongais. Suivant un grand-père et sa petite fille, l’histoire s’intéresse à des thématiques aussi vastes que les changements de la société ou encore l’héritage aux générations futures.

En effet, beaucoup de choses sont traitées sur cette courte demi-heure. On distingue à la fois un discours politique (l’action suit deux personnages dont le village s’apprête à être rasé pour laisser place à une route reliant Hong Kong à la Chine), un fond écolo (les bambous, une tortue ou encore des tirelires de vieilles pièces deviennent des symboles évocateurs) mais également de forts rapports humains.

Film diurne, 1+1 est un film qui respire, s’avérant parfaitement rythmé et se trouvant être l’un des courts les plus attachants de cette sélection.

Lire l’interview de Lai Yan Chi

The Decisive Moment de Vicky Wong

Beaucoup de choses également composent The Decisive Moment. Porté par une mise en scène très maîtrisée pour un jeune réalisateur, le film se construit comme un documentaire. Entre séquence d’interviews et flashbacks totalement fictionnels, l’histoire raconte la « malédiction » de l’oncle Cheung, vieux photographe de presse aux capacités hallucinantes puisqu’il est capable de prendre LA photo, de capturer chaque évènement dans son instant le plus décisif, notamment l’instant de mort.

The Decisive Moment est également un beau drame traitant de la transmission et des transformations de la société. Un parfum de nostalgie et d’amertume se fait sentir et Wang Xianguang incarne un oncle Cheung tout à fait poignant.

Lire l’interview de Vicky Wong

6th March de Wong Chun

Wong Chun impressionne. Pourquoi ? Parce qu’avec des petits moyens et une trentaine de minutes, le réalisateur emballe un court-métrage qui a l’allure d’un long. Parce qu’en une poignée d’instants, il construit une tension et installe une mise en scène posée mais cinématographique.

Une grande partie du film se place autour d’une table dans un commissariat où des jeunes, arrêtés par la police pour avoir manifesté, sont interrogés. Clairement militant, le film confronte les points de vue et, au travers d’un montage maîtrisé, oppose les personnages. En tout cas, nous sommes particulièrement curieux de voir ce que pourrait donner sur un long métrage Wong Chun, dont le style rappelle beaucoup Lawrence Ah Mon (ce qui est un beau compliment).

Basket de Wong Hin Yeung

Basket est une œuvre surprenante, du simple fait que le réalisateur se détache totalement du style hongkongais pour apporter une sensibilité toute personnelle. Ancré dans un village de pêcheurs, le récit suit une famille en difficulté pour laquelle la grand-mère devient une charge difficile à porter.

Contemplatif et très photogénique (le réalisateur utilise beaucoup de filtres), Basket est également un film touchant, dont la fin, assez cruelle, continue à travailler le spectateur une fois le court (13 minutes) fini. Un film qui devrait plaire aux amateurs de cinéma d’auteur chinois dans la veine des premiers Zhang Yimou ou Wang Xiaoshuai.

Gwangong VS Alien de Leung Chung Man

Parmi cette sélection, il ne fallait pas rater Gwangong VS Alien, œuvre de fanboy hommage aux tokusatsu. Les références sont nombreuses, allant des séries bien connues des amateurs de séries japonaises, en passant par des animes et mangas comme Neon Genesis Evangelion ou encore le jeu vidéo, notamment lors d’une référence appuyée où un jeune garçon brûle de l’encens devant sa télé sur laquelle tourne le jeu Dynasty Warriors.

En 16 minutes, Leung Chung Man construit, à la manière d’un épisode de tokusatsu, l’attaque de Hong Kong par un extraterrestre au look de poussin. Les autorités chinoises sont en alerte. Le réalisateur en profite pour critiquer le régime de la Chine populaire, notamment de sa censure et sa propagande. Tout ici démontre un amour geek pour son média, cela allant de la pellicule faussement rayée aux plans reconstituant totalement l’imagerie et la mise en scène de l’animation japonaise. Le film loufoque de la sélection.

Anel Dragic.

Les films de la Fresh Wave sont projetés dimanche 8 juillet 2012 (14h) au Forum des Images dans le cadre de Paris Cinéma.

À lire également : Entretien avec Lai Yan-chi et Vicky Wong – réalisateurs de la Fresh Wave

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