Polar noir aussi glauque qu’ultraviolent, Hopeless, le premier long-métrage de Kim Chang-hoon démarre sa carrière sur les chapeaux de roues avec un objet protéiforme radical, jouant avec des codes déjà bien connus de manière assez habile et avec une certaine malice. Le petit choc coréen d’Un Certain Regard 2023 sort enfin dans nos salles obscures !
Lors de cette édition du Festival de la Cinémathèque était à découvrir la copie de Priest of Darkness du très rare Yamanaka Sadao, récemment restaurée et prochainement distribuée par BAC Films. Souvent, qui dit vieux film japonais de 1936 « préservé » par la Nikkatsu, dit copie probablement presque inexploitable. D’où une certaine attente lorsque certains films de patrimoine japonais refont surface et sont diffusés sur grand écran en salles : ces films, en plus d’être rares, sont la plupart du temps perdus, incomplets ou en très mauvais état. Yamanaka Sadao faisant en plus partie des cinéastes japonais ayant fortement marqué le cinéma nippon, mais dont la filmographie est quasiment entièrement perdue, cette restauration 4K de Priest of Darkness ne pouvait qu’attiser notre curiosité.
L’Homme-boîte, dernier long-métrage d’Ishii Gakuryu en date (Electric Dragon 80.000V), a été diffusé à la Maison de la Culture du Japon (MCJP) en exclusivité, dans le cadre de leur focus autour de l’écrivain Abe Kobo. L’adaptation du roman éponyme de l’auteur ne date pas d’hier ; il s’agit d’un projet de longue date pour Ishii et qui n’a malheureusement jamais pu voir le jour à l’époque où l’écrivain et le cinéaste s’étaient accordés sur une adaptation filmique. Il faut donc saluer l’initiative de la MCJP qui nous a permis de découvrir, dans les meilleures conditions possibles, ce petit bijou brut d’Ishii qui, du haut de ses 67 ans, n’a rien perdu de sa vitalité et de sa fureur.
Présenté en exclusivité au festival Allers-Retours, le nouveau film d'Ann Hui, grande réalisatrice du cinéma hongkongais, revient aux sources de son amour pour l’art : la littérature. Dans un documentaire faisant énormément penser aux déambulations d’Agnès Varda, Ann Hui nous invite à errer dans le paysage littéraire poétique du Hong-Kong contemporain, en suivant plus particulièrement les parcours de Liu Wai Tong et Huang Can-ran, à travers un entretien croisé opposant les deux figures comme deux destinées poétiques contemporaines.
Silence in the Dust, projeté au Festival Allers-Retours, s’inscrit dans la lignée des documentaristes du cinéma du réel, aux dispositifs radicaux et à la transparence totale envers son spectateur ainsi que son sujet. En épurant son image de toutes les entraves qui pourraient s’interposer entre la caméra et l’objet du film, Li Whei décide de suivre Dazhang, ancien ouvrier atteint de pneumoconiose, ainsi que sa famille qui assiste, sans ne rien pouvoir faire, à la lente agonie de Dazhang. Un documentaire dur et lourd sur la fin de vie qui se veut dans le même temps le témoignage d’une condition ouvrière chinoise mortelle et violente.
Premier long-métrage du cinéaste laotien Lee Phongsavanh, aussi réalisateur du superbe court-métrage Sounds from the kitchen diffusé en cérémonie d’ouverture du festival Si loin, si proche, Le Signal est un film d’une étrangeté charmante. Un peu film d’horreur, un peu drame classique, mais surtout film radicalement protéiforme, ce premier long-métrage ne donne qu’une seule envie : voir la suite de la carrière de ce cinéaste émergent.