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Heureux privilège du calendrier pour les cinéphiles, l'éditeur Carlotta décide, avec un an d'avance, de fêter dignement les vingt ans du film de Tsui Hark, Time and Tide. En effet, le long-métrage fut une des premières grosses claques cinématographiques du début du millénaire et sa sortie en 2000 a fait l'effet d'une bombe, au scénario jugé (trop) rapidement incompréhensible mais à la mise en scène virtuose, et qui voyait alors le retour flamboyant de Tsui Hark célébré de la plus belle des manières après un détour par les USA. Carlotta a donc décidé de mettre les petits plats dans les grands et propose donc Time and Tide dans une édition collector digne de ce nom, qui rend enfin justice au monument cinématographique du maître de l'action.
Le film de zombies, qu’il soit présent dans n’importe quel medium, est à l’image du monstre qu’il met en scène : increvable. Il est d’ailleurs lassant de voir à quelle fréquence émerge un film dit de zombies, ne laissant, semble-t-il, que très peu de repos aux morts. Et pour faire original avec ce thème il faut se creuser la tête. Parmi cette cargaison de productions horrifiques, la Corée arrive pourtant à tirer son épingle du jeu, avec par exemple Dernier train pour Busan, qui mettait en scène un groupe de passagers coincés dans un TGV aux prises avec une armée de morts-vivants. Lorsque l’on a un bon réalisateur pour s’occuper de la chose, comprenez « qui sait filmer un vrai film d’action », le résultat est impressionnant. Aussi, c’est au tour de Kim Seong-hun, réalisateur du récent Tunnel et du survolté Hard Day, de se frotter aux morts-vivants pour la chaîne Netflix. Et si l’ensemble n’est pas exempt de défauts, le contrat est largement rempli.
En 2015, Kawase Naomi réalisait Les Délices de Tokyo, ode à la famille, à la tradition et à la cuisine japonaise qui arrivait, au-delà de sa flamboyante et sublime mise en scène, à toucher au cœur et surtout à l'estomac du spectateur. Kawase parvenait à mettre en valeur le repas et la nourriture, vecteurs essentiels de toute relation sociale et humaine au Japon, qu'elle soit familiale, sociétale ou amicale. Il n'y a qu'à voir les films de Kore-Eda et surtout Notre petite Sœur, dans lequel nombre d'intrigues se font et se défont durant un repas. Si La Saveur des ramen d'Eric Khoo ne parvient pas toujours à égaler le film et la grâce des Délices de Tokyo, il n'en demeure pas moins une touchante chronique humaine et familiale.
Alors que Japonismes 2018 touche bientôt à sa fin, les plus curieux des cinéphiles ont eu la possibilité durant une année de (re)découvrir des classiques du cinéma japonais, tous genres confondus, ainsi que des œuvres moins connues de certains grands réalisateurs nippons, tout aussi passionnantes. Parmi ces metteurs en scène, on pense d'office à Kurosawa, Ozu, Mizoguchi, et même Honda avec ses kaiju-eiga. Pourtant, si ces maîtres du cinéma ont durablement laissé leur trace dans l'histoire du 7 ème art, il en est un qui ferait presque figure d'outsider mais qui est cher au cœur des cinéphiles amoureux du cinéma japonais : Naruse Mikio. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, ou peu, Carlotta a eu la bonne idée de rééditer cinq de ses plus grands films, et permet ainsi au public de faire plus ample connaissance avec un réalisateur passionnant.
Le 11 juillet dernier, Memories of Murder, le deuxième film de Bong Joon-ho, avait eu les honneurs d'une édition prestigieuse éditée par La Rabbia. Celle-ci, en plus de proposer le long-métrage dans des conditions techniques irréprochables, avait réussi à rassembler un nombre assez conséquent de bonus, allant du plus simple module sur les costumes aux deux gros morceaux de choix : un documentaire indispensable de près d'une heure, revenant rétrospectivement sur la genèse et la production du film, et un passionnant making-of du sound design du film. La cerise sur le gâteau étant le story-board complet et traduit fourni dans l'édition prestige. A ce stade, le livre Memories of Murder, l'Enquête aurait pu s'apparenter à un complément d'information prompt à satisfaire le plus curieux des cinéphiles. Il n'en est absolument rien, et l'ouvrage de Stéphane du Mesnildot est tout simplement indispensable.
Hasard du calendrier, le public français va découvrir les œuvres de Shahram Mokri dans l'ordre inverse de leur chronologie. Le 24 octobre dernier sortait sur les écrans Invasion, film au croisement du post-apocalyptique, du film de vampire et du thriller. S'il ne convainc qu'à moitié, sa virtuosité technique n'arrivant pas à faire oublier une austérité rébarbative et un scénario trop complexe, Invasion donnait sacrément envie de découvrir les autres films de Mokri. C'est désormais possible avec la sortie cette semaine, en DVD, de Fish & Cat, sorte de labyrinthe temporel, vertigineux et fascinant.