En ce mois de décembre, Mubi nous gratifie de la mise en ligne d'un des fleurons méconnus du cinéma japonais des années 70 : Silence de Shinoda Masahiro. Cette épopée taciturne retrace le sort des premiers jésuites dans le Japon féodal du XVIIème siècle. Elle témoigne de l’équilibre avec lequel les auteurs de la Nouvelle Vague japonaise ont maintenu leur radicalité tout en épousant les ambitions des grands studios. Froid et fiévreux, Silence offre une plongée aux confins de la foi.
Entre deux Palme d'Or (La Ballade de Narayama en 83 et L'Anguille en 97), Imamura Shohei réalise, près de 45 ans après les faits historiques, l'un des plus grands films sur les séquelles du bombardement atomique de Hiroshima. Ce gendai-mono tragique tire sa fulgurance de son apparente atemporalité. Réalisé pourtant la même année que Tetsuo, Kiki la petite sorcière et Violent Cop, il semble traîner avec lui les cendres fuligineuses de sa tragédie et sourdre d'une autre époque. Visible en VoD sur ARTE et édité en digipack collector DVD/Blu-Ray par La Rabbia, retour sur cette œuvre capitale !
En octobre 2021, Spectrum Films a prolongé son exploration historique des wu xia pian en éditant le combo Bastard Swordsman (1983) et Return of the Bastard Swordsman (1984) de Tony Liu Chun-ku. Disponible pour la première fois au monde en Blu-ray, ces deux films de cape et d'épée chinois recyclent les canons du genre pour les électriser et, la même année que Zu, les guerriers de la montagne magique, propulser le genre vers les horizons de la fantasy. Avec plus ou moins de bonheur...
Mubi met en avant, en ce moment, le formidable cinéaste coréen Lee Chang-dong. Après Burning et Poetry, on reparle de Secret Sunshine.
Grâce au travail généreux de Spectrum Films, sort enfin en Blu-Ray pour la première fois la grande œuvre de laquelle Kim Ki-duk est né cinéaste aux yeux du monde. Incluant à la fois la version restaurée à merveille de L'Île (2000) et Rough Cut (1998), polar méta scénarisé et produit par le cinéaste, cette édition copieuse permet de revenir aux linéaments de l'auteur sulfureux sud-coréen et de se rappeler, non sans violence, que l'art "n'est pas un dîner de gala".
Inédit en salle en France, Derniers Chrysanthèmes trouve pour la première fois le chemin des écrans grâce au distributeur Les Acacias, dans une apparence numérique qui par bonheur, de-ci de-là, conserve quelques traces de ses origines argentiques. 54ème des 74 longs-métrages de Naruse Mikio, réalisés entre Le Grondement de la montagne (1954) et Nuages flottants (1955), ce portrait multiple de geishas aux beauté fanées se tresse au fil d'un rythme faussement nonchalant pour élaborer la tapisserie d'un monde en plein crépuscule. Le tout composé par un orchestre de grandes comédiennes.