Un film limpide et poignant, qui nous parle avec acuité de l’Inde contemporaine. Dommage que le scénario soit en grande partie prévisible, et la mise en scène un peu trop sage.
Poetry, du réalisateur sud-coréen Lee Chang-Dong ( Secret Sunshine), est à l’image de son héroïne : singulier, un peu déphasé et profondément émouvant. Le film, tout en aspirant au réenchantement d’un monde perclus de solitude et de désarrois, ne cède jamais à la tentation lyrique ou formaliste: c’est à son approche allusive, modeste qu’il doit sa réussite. Laquelle ne saurait se résumer au prix du meilleur scénario reçu à Cannes en 2010, ni même à l’admirable prestation de son actrice principale, Yun Junghee
Brillante Mendoza est un réalisateur singulier. De nationalité philippine, âgé de cinquante ans, il a réalisé son premier long-métrage voilà seulement cinq ans ( Le Masseur, 2005). Entrée en matière tardive, compensée par une activité prolifique : Kinatay et Lola, tous deux tournés courant 2009, constituent respectivement ses huitième et neuvième films. Par ailleurs, Mendoza est rapidement devenu un habitué des festivals internationaux – il a notamment récolté le prix de la mise en scène à Cannes pour Kinatay. Habitué du Black Movie, Mendoza voit également Kinatay figurer dans la section "Happy Birthday!" de l'édition 2014 du festival genèvois, regroupant les 15 meilleurs films des éditions précédentes.
Une anecdote symbolique pour commencer. Adieu ma concubine a reçu la Palme d'or au festival de Cannes de 1993 ; or il en demeure à ce jour l'unique lauréat d’origine chinoise. Une récompense amplement méritée : presque vingt ans après sa sortie, ce film spectaculaire et tragique demeure l’œuvre-maîtresse du réalisateur Chen Kaige (L’empereur et l’assassin, L’Enfant au violon…). Admirablement servi par ses interprètes principaux – Gong Li (Epouses et concubines...) et Leslie Cheung (Happy Together...) – Adieu ma concubine n’a pas fini d’alimenter notre fascination pour tout un pan de la culture chinoise, sa somptuosité, sa cruauté glaçante et raffinée : une alliance de beauté et d’atrocité qui s'avère particulièrement sensible dans les productions de l’opéra de Pékin, genre musical à part entière et sommet d'artificialité, de stylisation, où peuvent se refléter, sur fond implacable de déterminisme socio-historique, les drames humains les plus intimes. Ce troublant jeu de miroirs entre bouleversements collectifs et tragédies individuelles constitue le motif central d’Adieu ma concubine. Et contribue à en faire résolument un incontournable du cinéma, asiatique ou non. Par Antoine Benderitter
Mundane History (Jao nok krajok) (Anocha Suwichakornpong, Thaïlande, 2010) Mundane History déconcerte et fascine tour à tour. Quand bien même ses 1h22 semblent parfois artificiellement étirées, voici une expérience de cinéma précieuse, un voyage sensoriel dont les échos hypnotiques poursuivent longtemps le spectateur.
Jean Renoir déclarait à la fin de sa vie que, de tous ses films, Le Fleuve était son préféré. Singulier aveu de la part de l’auteur de La Règle du Jeu. Production franco-indienne de 1951, moins unanimement célébrée que les Renoir des années 1930, Le Fleuve gagne à être (re)découvert : on ne saura trop recommander sa très belle édition blu-ray, sortie chez Carlotta le 21 mars 2012. Par Antoine Benderriter.