Après Tomorrow is Another Day et Fierce Cop, le Festival du Film Hongkongais de Paris (FFHKP) proposait de découvrir le dernier film en date de Chan Tai-lee, Fight for Tomorrow. Un drame social teinté d’action, simple mais percutant dans son exécution, dans lequel un père et son fils se démènent pour s’offrir un avenir plus radieux dans le Hong Kong impitoyable de notre époque.
Dans cette histoire, un ancien membre des triades se retrouve seul et sans le sous après sa sortie de prison. Il croise son fils par hasard lors d’une altercation et le forme au muay-thaï. Très logiquement, le point central du film est cette relation père-fils conflictuelle, le premier interprété par Patrick Tam Yiu-man que l’on ne présente plus et le second par le jeune Locker Lam, déjà aperçu comme personnage secondaire mais qui signe ici sa première tête d’affiche aux côtés de Patrick Tam, donc, et du grand Mark Cheng dans le rôle d’un ponte des triades et ancien ami de son père.
Le film prend place dans un contexte social difficile, celui d’un Hong Kong qui se redresse tout juste des années de pandémie durant lesquelles beaucoup ont perdu leur travail et en subissent encore les conséquences. Les informations qui défilent en toile de fond à la radio ou à la télévision permettent d’ancrer la fiction dans un réel très tangible. L’exécutif parle des mesures sociales en cours, du port du masque obligatoire ou des rebonds épidémiques pendant que la caméra s’applique à filmer ces rues noires de monde que l’on connaît si bien.
Chan Tai-lee semble porter à cœur d’élever cette relation familiale dans un imaginaire sportif. Lui-même scénariste de films d’arts martiaux (série des Ip Man, City of Darkness…), les combats occupent naturellement une place centrale pour figurer l’acharnement, le dépassement de soi, l’apprentissage et le passage du flambeau, les blessures reçues et les coups portés. On apprécie le soin apporté aux chorégraphies et plus généralement aux scènes d’action, jubilatoires sans en faire trop, qui servent un propos social en utilisant le sport comme véritable communication entre les personnes, les époques et les environnements.
La problématique du « demain », intrinsèque à la mentalité hongkongaise et au cinéma de Chan Tai-lee, s’adresse à la société toute entière : chacun doit se battre avec courage et optimisme pour évoluer dans ce nouvel Hong Kong. On peut aisément caractériser les personnages à ce sujet. Le soleil couchant et le soleil levant à l’horizon, le père et le fils comme symboles d’une Chine et d’un Hong Kong réunis, l’ancienne et la nouvelle génération jusque dans leur manière de se battre. Le personnage de Mark Cheng, lorsqu’il s’adresse à son vieil ami en se remémorant le Hong Kong d’autrefois, laisse clairement exprimer son désir de préserver la nature ambivalente de cette ville : maintes fois mise en difficultés mais toujours tournée vers l’avenir avec insistance. Un peu comme son cinéma, finalement.
Richard Guerry.
Fight for Tomorrow de Chan Tai-lee. 2024. Hong Kong. Projeté au FFHKP 2025.




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