FFCP 2025 – Boy in the Pool de Ryu Yeon-su

Posté le 7 novembre 2025 par

Le cinéma indépendant projeté au Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) est toujours l’occasion de découvrir ou de se rappeler qu’il existe une patte dans ce pan cinématographique du pays du matin calme. Inégal mais chaleureux et coloré, Boy in the Pool de Ryu Yeon-su, vu durant l’édition 2025, est ce qu’il fallait de sucré pour nous faire du bien.

Seok-young, 13 ans, adore nager. Alors qu’elle vient d’emménager dans une petite ville de bord de mer avec sa mère et sa sœur, elle ne tarde pas à fréquenter la piscine. C’est là qu’elle fait la connaissance de Woo-ju, qui ne met jamais un pied dans l’eau. Le jeune garçon a un secret, qu’il va confier à Seok-young. Leurs vies vont s’en trouver changées à jamais.

Premier film de sa réalisatrice, Boy in the Pool nous rappelle que malgré la grave crise que traverse le cinéma coréen, qui voit la fréquentation en salles chuter drastiquement depuis plusieurs années, l’association entre niveau technique de pointe et inspiration artistique n’a jamais faibli, et c’est à l’honneur des producteurs de films indépendants et des jeunes cinéastes de parvenir à livrer des joyaux graphiques dans ces conditions économiques. Car Boy in the Pool est un long-métrage à l’esthétique somptueuse et subtile, en premier pour son étalonnage lorgnant d’un bout à l’autre vers un entre-deux entre le bleu et le vert (le vert foncé présentant des teintes de bleu marine, par exemple sur les plans de forêts environnantes). L’action se déroule en partie dans un village balnéaire, près de la plage, dans une autre partie à l’intérieur de piscines municipales ou olympiques, parfois avec des plans sous l’eau ; auxquels s’ajoutent de séquences urbaines de nuit. Dans tous ces cadres, le bleu foncé en nuances domine, met en valeur la dimension aquatique de son sujet et fait arborer à l’image une unité plastique qu’on tend à ne pas souvent retrouver dans d’autres cinémas indépendants pour ce genre d’intrigue.

Le scénario est en revanche un authentique coming-of-age peu révolutionnaire, voire ayant du mal à ré-embrayer en seconde moitié de métrage. L’histoire entre ces deux pré-adolescents puis jeunes adultes est plutôt cousue de fil blanc, si ce n’est la particularité physique du garçon (qui a les pieds palmés) venant ajouter une pincée d’originalité par-dessus. Il ne sera pas fait une exploitation particulière de cet élément de scénario, hormis les retrouvailles des deux jeunes devenus adultes, se parlant en avançant en parallèle des deux côtés de la piscine, filmés en traveling, et qui témoigne d’une certaine inspiration de  Ryu Yeon-su pour ce qui est de savoir poser sa caméra au bon endroit. Il est dommage que le manque d’aspérité du scénario ne l’aide pas dans sa propension à proposer des plans inspirés qui pourraient propulser le film vers quelque chose de plus excitant.

Cela étant dit, la teinte bleue de l’image associée à une intrigue de coming-of-age vaguement romantique, peu originale mais sans accident d’écriture non plus, permet de faire baigner le tout dans un ensemble général charmant et reposant, une sensation qui tend à manquer dans le cinéma d’auteur d’aujourd’hui.

Maxime Bauer.

Boy in the Pool de Ryu Yeon-su. Corée du Sud. 2024. Projeté au FFCP 2025.