ETRANGE FESTIVAL 2025 – The Old Woman With The Knife (Pagwa) de Min Kyu-dong

Posté le 11 septembre 2025 par

Présenté à la Berlinade, The Old Woman With The Knife de Min Kyu-dong a été sélectionné à L’Etrange Festival. Le réalisateur est surtout connu pour son chef d’œuvre Memento Mori. Son nouveau film s’inscrit dans le courant actuel des films d’organisations secrètes d’assassins, lointain descendants de La Marque du tueur. Cette fois, c’est une femme âgée, légende de la profession, qui va être confrontée à un jeune tueur obsédé par sa légende et à la corruption qui a gagné avec le temps son organisation.

A l’instar des films comme The Witch ou Kill Boksoon, il s’agit de varier la trame établie, cette fois en jouant sur l’âge de l’héroïne. Autant le dire tout de suite, cette partie du contrat n’est pas vraiment respectée. Le film dédie pourtant bien des scènes à montrer la détérioration physique de son héroïne mais oublie étrangement de l’intégrer à l’histoire… La question de la position de l’héroïne comme mère de substitution, par contre, est l’un des enjeux centraux du film. D’ailleurs, signe que la filiation créée est le vrai fil directeur du film, le récit commence avec une héroïne adolescente, prise sous son aile par un mentor qui donne un sens à sa vie, alors que le film lui-même joue sur la complexité de l’Œdipe du protagoniste et la façon dont l’héroïne, à défaut d’avoir été mère (les tueurs l’appellent « marraine ») apprend à devenir grand-mère. Le titre international est d’ailleurs un peu trompeur quand à l’horizon d’attente : l’arme de notre tueuse n’est que rarement un couteau, le titre coréen signifie la percée, au sens de déblocage d’un problème.

Dans sa forme, le film remplit les critères de la qualité coréenne : une belle photographie, de bons acteurs, des scènes d’action efficaces, mais il n’apporte pas particulièrement quelque chose de nouveau. Le scénario est également efficace mais assez convenu. Paradoxalement, le film pèche un peu par excès de maîtrise. Il aurait peut-être gagné à être plus fou, comme ce que suggérait le titre international. En l’état, il ne faut pas bouder son plaisir, c’est un divertissement efficace, avec quelques belles scènes de tension et d’action. Mais on peut regretter que cette mécanique bien huilée ne soit pas perturbée par l’intrusion réelle des problèmes de santé de l’héroïne. On a un peu l’impression que le réalisateur traite les scènes d’action comme acquises et que, dans sa façon très professionnelle de les tourner, il oublie les enjeux mis en place dans les scènes de calme. Dans l’état, les scènes de dilemmes moraux ou de révélation marchent, mais on sent que le film aurait pu facilement aller plus loin, en intégrant davantage l’action au développement du scénario.

La mise en scène et les acteurs s’en tirent très bien, dans les différents registres qu’occupe le film. Il ne rentrera sans doute pas dans la légende du cinéma coréen mais il est suffisamment efficace pour ne pas bouder son plaisir. Et l’idée d’une vieille dame assassin à plein temps propose malgré tout quelques situations réjouissantes, malgré les réserves.

Forent Dichy

The Old Woman With The Knife de Min Kyu-dong. Corée. 2024. Projeté à L’Etrange Festival 2025