Sortie début 2019, la bande-dessinée The Golden Path de Baptiste Pagani (CharlieTheChan sur Twitter) est issue du Label 619, d’Ankama, une collection dont les ouvrages ont souvent pour fond commun la fiction de genre comme sujet ou comme style.
The Golden Path prend place dans le Hong Kong des années 1980 et 1990. L’intrigue suit Jin Ha, une femme formée au combat sur le continent et qui désire mettre ses aptitudes physiques au service d’un monde qu’elle admire : la cascade du cinéma d’action. Sur place, elle va avoir la chance de rencontrer ses idoles, notamment les stars Eagle Chan et Shamo Hueng. Mais elle va aussi vite déchanter face à la dangerosité du métier, les inégalités dont sont victimes les femmes et les rapaces qui essaient de faire de l’argent salement.
On peut envisager l’analyse de The Golden Path sous deux angles. Le premier prisme est celui de l’intrigue, qui dépeint avec justesse aussi bien des personnages tout à fait attachants, qu’un milieu du cinéma finalement plutôt méconnu du grand public. Le plot peut paraître simple de prime abord (une héroïne intègre le milieu qui l’attire et va apprendre le métier et ses difficultés), mais Baptiste Pagani ne tombe jamais dans la facilité et propose une histoire inspirée, avec suffisamment de rebondissements pour qu’on accroche aisément à la peinture d’un milieu aussi spécifique. La vie de Jin Ha est décrite à travers un large éventail d’évènements : les joies des débuts, les rencontres, les coups durs… Le fait de faire se dérouler l’intrigue sur plusieurs années permet une immersion dans cet âge d’or et d’en développer toutes les problématiques. Il en résulte un scénario solide, documenté et complet.
Le second angle est encore plus réjouissant : la BD fourmille de références au cinéma de genre hongkongais de ces années, que ce soient les stars de l’époque parodiées ou les séquences de tournages qui rappellent celles de vrais films, et dont le dessin va jusqu’à évoquer leur colorimétrie. Tout commence dès le titre et la couverture, qui fait évidemment référence à la société de production de Golden Harvest, fondée par Raymond Chow. Baptiste Pagani y tient : il ne fait pas parler les personnages pour ce qu’ils sont censés être dans la vraie vie. Il s’agit d’éléments et d’acteurs inspirés de films existants, au service d’une histoire originale. Eagle Chan évoque Jackie Chan mais n’est pas Jackie Chan, pareil pour Shamo Hueng/Sammo Hung. Dans tous les cas, pour les amateurs de ce cinéma, il s’agit d’un jeu des références des plus stimulants que de retrouver quel film est évoqué ici, quel acteur/réalisateur/producteur là… En plus de la BD en elle-même, les chapitres sont entrecoupés de pages de garde peintes comme les affiches de cinéma de l’époque et de planches uniques présentant avec humour les techniques et trucages.
The Golden Path est une BD faite par un auteur qui s’est documenté, mais surtout qui est animé par une passion du cinéma asiatique. Finalement, ce genre d’ouvrage est assez rare et on peut se réjouir qu’il existe. Pour les amateurs du cinéma de genre hongkongais, mais pas que !
Maxime Bauer.
The Golden Path de Baptiste Pagani. France. Édité en janvier 2019 par Ankama.
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