Les Mo Brothers (Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto) sont des habitués du Brussels International Fantastic Film Festival, puisque leurs deux précédents films (Macabre et Killers) y étaient présentés. Headshot, leur petit dernier, apparaît dans la catégorie Panorama de cette 35ème édition.
L’histoire (écrite par Timo Tjahjanto) n’est pas très originale, ni très marquante. Un homme est trouvé sur une plage, une blessure par balle à la tête et, recueilli au petit hôpital local, reçoit des soins par la ravissante doctoresse du coin, qui n’est pas sans être attirée par le jeune homme, allant jusqu’à le veiller pendant ses moments de congés. Quand il reprend connaissance, amnésique, elle l’aide, l’épaule, et fort logiquement ils tombent amoureux. Ce que le nouvellement nommé Ishmael ne sait pas, c’est qu’il était le « fils » d’un homme terriblement dangereux, et qu’il l’a trahi. Quand le chef de gang, Lee (Sunny Pang), s’évade et apprend que son protégé est encore en vie, il décide de mettre tous ses hommes (d’autres « enfants » qu’il a élevés et qui lui sont dévoués corps et âme) sur sa trace. Il fait enlever la femme qu’aime Ishmael, Ailin (Chelsea Islan) et s’attaque à Ishmael, qui découvre que son corps répond aisément et maîtrise diablement bien armes et arts-martiaux.
Non seulement le script n’est pas original, mais les sentiments sont traités avec une certaine lourdeur, comme le montrent les quelques séquences calmes, ou encore l’épilogue. Cependant, ce n’est clairement pas ces aspects du film qui intéressent le plus les spectateurs de Headshot, ou encore les Mo Broothers. Et la virtuosité de l’œuvre explose immédiatement dans les scènes d’action.
Iko Uwai, qui incarne Ishmael, avait déjà prouvé ses talents d’artiste martial au sein du fabuleux diptyque The Raid. Au sein de Headshot, il se révèle toujours aussi impressionnant mais, plutôt que de le faire affronter des quantités astronomiques de figurants, les Mo Brothers préfèrent que chaque combat soit iconique, les vrais ennemis d’Ishmael étant ses anciens frères et sœurs, donc des élèves tout aussi doués que lui. Les combats, mêlant mains nues et armes diverses (dont de nombreuses armes à feu) sont aussi nombreux qu’impressionnants. Les réalisateurs veulent de la brutalité, et vont très loin en la matière. Les coups font mal (fractures ouvertes, membres déboîtés dans des craquements douloureux pour le spectateur), les balles déchirent le corps, le sang gicle dans tous les sens. Headshot est un film violent, brutal, presque une œuvre gore, et ce côté outrancier, qui ne verse jamais dans la violence cool façon Tarantino mais se veut tétanisante, magnifie le film. De même, la réalisation, plutôt plate lors des séquences de dialogues, devient brillante lors des affrontements. La caméra virevolte, magnifie les combats, s’attache à les rendre toujours lisibles, se positionne de la meilleure manière pour que chaque coup fasse le plus mal.
Headshot n’est pas un grand film. Scénario et dialogues trop plats (même si certains se révèlent amusants), émotion mal maîtrisée, trop référentiel par moment (on pense à La Mémoire dans la peau pour l’histoire, mais une séquence de Piège de cristal (Bruce Willis glissant sous les tables, alors que son adversaire, courant dessus, essaie de le tuer avec une arme à feu) est reprise quasiment à l’identique, et bien entendu le film est assez vain. Cependant, il se révèle être un immense film d’action particulièrement jouissif, et c’est déjà très appréciable.
Yannik Vanesse.
Headshot, des Mo Brothers (2016). Présenté lors de la 35ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival