Un thriller judiciaire engagé et partisan signé par un ancien réalisateur de Pinku Eiga. Le manque de finesse de la démonstration est contrebalancé par sa justesse et sa sincérité. Par Victor Lopez.
Le cas Hakamada est un célèbre procès qui a passionné le japon en 1966. Hakamada, un boxeur taciturne, est condamné à mort pour le meurtre de son patron et de sa famille. Box revient sur le fait divers à travers le parcours du juge Kumamoto, qui a éclairé dans les années 90 cette histoire en affirmant être certain de l’innocence de l’homme qui attend sa peine depuis 40 ans et dont il a lui même prononcé la sentence. Le générique a beau insister sur le O (soit oui) et le X (soit non) du titre en posant la question binaire de savoir si l’on pense que l’homme est coupable ou innocent, le sujet n’est pas vraiment là. La certitude du cinéaste Takahashi Banmei traverse tellement tous les plans, que l’évidence d’être devant un cas d’erreur judiciaire et d’injustice du système qui s’acharne contre un individu ne fait jamais aucun doute. Là repose d’ailleurs le moins bon du film. Le réalisateur est tellement soucieux de convaincre qu’il insiste parfois de manière assez peu subtile sur sa démonstration (discours didactique et explicatif des personnages, interruption du récit par des éléments d’enquêtes prouvant l’innocence de l’accusé, etc.).
Les procédés sont parfois trop voyants et grossiers, mais ont le mérite d’être clairs : Box est un film à thèse, partisan dans son propos engagé, avec les défauts que cela entraîne. Un tel geste ne surprend guère de la part de Takahashi, ancien du Pinku Eiga, au parcours et engagement assez proche du plus connu représentant du genre, Wakamatsu Koji. La mise en scène rappelle d’ailleurs parfois celle du réalisateur de United Red Army, notamment par l’inscription de l’histoire racontée dans celle du Japon. On trouve alors l’insertion d’image d’archives pour présenter la jeunesse des deux personnages, le juge et le condamné, tous deux nés en 1936. On les voit notamment rayer des pages entières de leurs manuels scolaires d’histoire au lendemain de la guerre, la société effaçant littéralement toute trace de nationalisme après la victoire américaine. Cette façon qu’a le Japon de fuir la réalité, de ne pas se confronter à ses contradictions, mène à la justice condamnant en 1966 un innocent, qui attend aujourd’hui encore sa mise à mort.
Le propos du film est donc juste, sincère et ne peut qu’entrainer l’adhésion du spectateur face à une injustice si criante. Mais le film touche moins par son nécessaire engagement que par la proximité qu’il affiche avec ses personnages. Le tourment du juge Kumamoto, son obsession pour le cas (rappelant une folie proche de celle montrée dans le Zodiac de David Fincher) et la manière dont il se lie avec sa victime, au point ou les deux hommes deviennent des doubles l’un de l’autre est ainsi saisissante. L’enfermement mental est aussi montré avec maestria, et on ne peut qu’être saisi devant les scènes où Hakamada, condamné à mort, guette chaque bruit de pas en croyant que l’on vient le chercher, répétés jusqu’au point de saturation où l’enfer de la situation est palpable.
On pardonne alors à Box ses longueurs, ses défauts et son didactisme face à sa vitalité, sa nécessité et la sincérité dont Takahashi prend en charge les thématiques difficiles, douloureuses et polémiques qu’implique son sujet.
Victor Lopez.
Verdict :