Coffret John Woo – 2 films d’ Arts Martiaux (Les jeunes dragons ; Le Maitre de Taekwondo)

Posté le 29 novembre 2010 par

HK vidéo revient à ses premiers amours et profite des fêtes de fin d’année pour sortir deux coffrets dédiés à l’une des figures majeures du cinéma de Hong Kong : John WooPar Anel Dragic.

A l’évocation de John Woo, ce sont évidemment les ballets armés avec Chow Yun Fat qui viennent à l’esprit. Et pourtant, le coffret présenté ici contient les deux premiers films du réalisateur, deux petits kung fu produits par la Golden Harvest datant de 1975. Les Jeunes Dragons ( The Young Dragons) ainsi que Le Maître de Taekwondo ( Dragon Tamers) nous révèlent une facette relativement méconnue du réalisateur par le grand public, celle des films d’arts martiaux qui lui ont pourtant permis de développer les bases d’un style qui prendra toute son ampleur avec ses “heroic bloodsheds”.


Si la volonté d’éditer des œuvres de John Woo semble dans la logique éditoriale d’HK vidéo, on peut toutefois trouver ce choix curieux étant donné le relatif manque de flamboyance des titres, d’autant que jusqu’ici, son seul kung fu édité en France ( The Hand of Death ) était “vendu” avec le dvd de Last Hurrah For Chivalry . Une démarche peu étonnante, étant donné la qualité plutôt mauvaise du film.

Les Jeunes Dragons

Venons en maintenant à The Young Dragons . L’histoire se déroule dans la première moitié du vingtième siècle et suit le parcours de Jien (Henry Yu) et sa bande de voleurs qui se retrouvent pris dans un conflit les opposant à des trafiquants d’armes. Sur sa route, il fera la rencontre de Fan Ming (Lau Kong) qui deviendra son ami et l’aidera dans sa lutte. On reconnait dans ce synopsis très épuré toutes les thématiques qui vont travailler l’œuvre du réalisateur: l’amitié, l’honneur, le sacrifice. Autant de thèmes hérités de son maître, Chang Cheh.

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Étonnement, le film se retrouve pris entre deux tendances. John Woo cherche à la fois à retrouver le style de son maître mais également à livrer un film totalement emprunt du style de la Golden Harvest. Rappelons que Chang Cheh est connu pour avoir fait les beaux jours de la Shaw Brothers, mais John Woo se retrouve ici chez l’autre grand studio de Hong Kong. Et là où la Shaw Brothers entretenait une tradition du film d’arts martiaux très esthétisante, la Golden Harvest, avec ses moyens plus modestes, est à l’origine d’une tendance du kung fu plus brutale et plus moderne, qui s’est amorcée avec les grands films de Bruce Lee ( Big Boss , La fureur de vaincre …).

 

Les séquences de combats sont ici empruntes d’une agressivité qui n’est pas sans rappeler celle des films de Lo Wei à la Golden Harvest, au travers de chorégraphies hargneuses dirigées par Chan Chuen et Jackie Chan. En revanche la mise en scène de John Woo tend à se rapprocher de l’élégance des films de Chang Cheh, usant de ralentis ou encore de zooms et faisant preuve d’une fascination dans la représentation de ses personnages masculins, déjà sublimés dans leur héroïsme. Tout cela culmine lors d’un combat final dans une villa évoquant de manière annonciatrice A Better Tomorrow 2 , qui se termine sur un duel opposant Henry Yu au grand Fung Hak On.

Si le film n’est pas mauvais en soit, on regrettera en revanche un léger manque de rythme. John Woo prend son temps et instaure un calme faisant référence à de nombreuses reprises au western italien. Les combats ponctuent assez régulièrement le métrage, mais il manque le souffle dramatique d’un Last Hurrah For Chilvalry qui représente encore ce que Woo à fait de mieux dans le genre.

Le Maître de Taekwondo

Changement de cadre avec Le Maître de Taekwondo. Bienvenue en Corée, bienvenue dans les seventies! Dès les premiers plans, les vêtements se font plus décontractés, la musique funky de Joseph Koo, compositeur des classiques de Bruce Lee, nous plonge dans l’ambiance, tandis que devant nos yeux, deux écoles rivales de femmes s’affrontent en décors naturels. Les kimonos se déchirent, offrant au spectateur son lot de paires de nibards, le tout se terminant dans la boue, tandis qu’un montage alterné nous montre James Tien, véritable icône du kung fu des années 70 (Il est l’un des seconds rôles les plus mémorables des films de Bruce Lee, Sammo Hung et Jackie Chan) faisant de la moto. Assurément, le ton sera différent.

Le Maître de Taekwondo

 

Le récit suit Fan Tsong-Jie (incarné par Carter Wong, grande star du kung fu seventies immortalisé chez Joseph Kuo), un chinois arrivant en Corée. Il rencontre alors un compatriote nommé Nankung ( James Tien), instructeur de taekwondo. Fan Tsong-Jie va alors apprendre cet art martial et ainsi affronter toute une pelleté d’ennemis.

Nous retrouvons ici Chan Chuen à la direction des combats. Ces séquences pèchent malheureusement par leur manque de spontanéité. Trop chorégraphiées, pas assez brutales, les enchainements semblent artificiels. Dommage, peut-être, d’avoir voulu forcer le scénario à suivre la voie du taekwondo, genre rendu populaire à l’époque par la Golden Harvest au travers des films de Huang Feng, tel que When Taekwondo Strikes .

 

John Woo s’adonne cependant à un usage sporadique des ralentis. En effet, le film montre d’ores et déjà quelques motifs récurrents qui feront le style du réalisateur. Les vêtements noirs et blancs de ses personnages ou encore le blanc maculé de sang que l’on retrouve aussi par le biais d’un mouchoir (ou bien d’un éventail dans Les Jeunes Dragons ). Autant d’éléments graphiques que le réalisateur continuera à développer. Il en va de même pour ses thèmes, tel qu’ici la droiture, que Woo entreprend de questionner.

Ce qui sauve le film, ce ne sont pas les séquences de combat, chose paradoxale pour un film du genre, mais bien ses élans opportunistes. Certaines scènes sentent l’exploitation à plein nez, et le spectateur ne s’y trompera pas. Dès qu’il peut, John Woo (également scénariste du film), place des poitrines dans le champ, comme par exemple au détour d’une scène de douche féminine qui finit en crêpage de chignon. Le film ne s’épargne pas non plus certains passages kitsch, en témoigne une scène voyant Nankung et sa femme courant main dans la main, au ralenti, dans un champ. Des élans loin du romantisme tragique auquel nous avait habitué le réalisateur mais qui ne manqueront pas de faire sourire.

 

Mais tout cela caractérise le film et lui offre un ton second degré alternant avec des passages dramatiques particulièrement appuyés. Difficile alors d’apprécier le spectacle offert par ce Dragon Tamers , qui s’avère finalement être une réalisation kung fu plutôt médiocre.

Verdict :

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Pour conclure, on pourra apprécier l’édition de ces deux films méconnus de John Woo par HK vidéo. Dommage cependant que la qualité des deux films se contrebalancent, mais la rareté des titres rend salvatrice l’intention de l’éditeur, d’autant que ces deux films sont ici présents dans des copies très propres. La seule critique que l’on pourra formuler reste l’absence de bonus, ce qui devient une habitude chez HK vidéo. Mais gageons que ce coffret aura de quoi occuper les amateurs de John Woo en attendant celui contenant ses comédies.

Anel Dragic.

Coffret John Woo – 2 films d’ Arts Martiaux , disponible chez HK Vidéo, inclus le Livret de 16 pages