Gantz, Au Commencement de Sato Shinsuke (Dvd/Blu-Ray)

Posté le 7 septembre 2011 par

L’adaptation live de l’œuvre d’Oku Hiroya, manga fantastico-érotique ultra violent, vient de débarquer en DVD et Blu-Ray chez Wild Side le 7 septembre. La bonne nouvelle, c’est que l’éditeur qui a acheté les droits d’exploitation des deux films au marché Cannois 2010, a également prévu une date de sortie pour le second film, qui devrait vraisemblablement se faire à la fin de l’année ou au cours du premier trimestre 2012. Mais avant cela, pour percer le mystère de la boule noire 1.0, une seul solution  jetez vous sur les rails du métro ! En serez-vous capable ?

Gantz 1.0, le manga

Avec ses 10 millions d’exemplaires vendus, le manga Gantz comprend 32 tomes et est toujours en cours de publication au Japon. Avec un tel succès, il a bien évidemment fait l’objet d’une adaptation animée de 26 épisodes, qui malheureusement, à cause d’un rythme soporifique accentué  par une animation statique, présente un divertissement de qualité assez médiocre en regard  de la bande dessinée. Publié en France aux éditions Tonkam depuis 2001, le manga ultra gore, traité avec une efficacité redoutable, est un must que tous fans de science fiction, d’horreur, de cyberpunk et de jolies demoiselles aux formes plantureuses se doivent de lire.

Kurono Kei, héros charismatique qui prend visiblement très cher

Le postulat de base est l’un des concepts les plus originaux jamais vu. L’histoire met en scène plusieurs groupes d’individus (souvent des loosers) qui, à leur mort, renaissent comme par enchantement dans un mystérieux appartement  de Tôkyô,  avec pour seul meuble, une grosse boule noire au sein de la pièce principale. Celle-ci leur donne alors pour missions d’éclater diverses cibles extraterrestres au moyen d’armes lourdes et de combinaisons moulantes et futuristes.  Bien entendu, ils n’ont pas le choix, et comme je n’en dirais pas plus,  je ne peux que vous inviter à lire le manga..

Suite au succès planétaire de l’œuvre, il n’est donc pas surprenant d’en découvrir également une adaptation dans les salles obscures. C’est donc le 29 janvier 2011, que les japonais ont eu la chance de visionner sur grand écran la première partie de l’adaptation live du manga Gantz. La seconde partie est quand à elle sortie le 24 avril. Réalisé par Sato Shinsuke, le premier film bénéficie d’un budget assez confortable de 22 millions de dollars pour filmer en prise de vue réelle les délires érotico-gore d’un groupe de chasseurs d’aliens anticonformistes.

Gantz 1.1, le film.

Qu’en est-il du film ? Et bien le scénariste Watanabe Yusuke, qui avait fait un excellent travail de synthèse sur les 20th Century Boys ne cache pas qu’il s’est permis de prendre pas mal de liberté pour réécrire l’histoire et la faire ternir en deux films.

Premier constat, au niveau des points positifs, l’âge des personnages a principaux été modifié. De lycéens boutonneux âgés d’une quinzaine d’années, la moyenne oscille désormais aux alentours de 23/24 ans, ce qui rend les personnages bien plus crédibles face aux différentes situations et événements critiques, qu’il est nécessaire d’appréhender avec une maturité certaine.

Votre minable vie est terminée… Ce que vous ferez dans la suivante ne regarde que moi car telle est ma logique

On évite ainsi le syndrome Saint Seiya où tous les personnages ont une gueule de mecs de 25 ans alors qu’ils n’en ont en réalité que 13 sur leurs cartes d’identité. Ensuite, les décors – l’appartement, les lieux des misions Martiens poireaux, Tanaka, et Bouddhistes – sont très bien retranscrits, le design des costumes et de l’arsenal est bien respecté ( en revanche il manque tout de même le Y-gun, celui qui permet de téléporter on ne sait où le vilain pris au piège dans le filet laser de l’arme, ou encore la bombe implantée automatiquement dans le crâne de chaque Gantzer).  Les effets spéciaux sont de bonnes factures, et l’hémoglobine qui coule à flot dans le manga est bien présente dans le métrage, ce qui n’est pas pour déplaire. Synthèse oblige, durant deux heures, le film est un concentré jouissif d’action non-stop. Au passage, qu’il est plaisant  d’écouter l’air rétro-folk japonais  annonciateur du départ de chaque missions. Lecteurs mélomanes, chantons le ensemble.

Kishimoto Kei en train de faire face à la déesse Kannon aux milles bras

Abordons maintenant les points qui fâchent : malgré une hémoglobine certaine, les scènes gores ne vont pas jusqu’au bout et le rendu final est plutôt aseptisé (nul doute que ce soit pour raisons commerciales afin d’attirer un maximum de personnes). Rares sont les gros plans sur les têtes ou corps d’humains en train d’exploser. Part ailleurs, l’érotisme et les scènes de cul, ont purement et tout simplement disparues au grand dam des petits pervers fans de Hentaï !

La belle Watanabe Natsuna incarne Kishimoto Kei

Pour votre humble serviteur qui ne fait naturellement pas partie de cette catégorie de personnes (à l’inverse de Victor Lopez avec sa Katsuni adorée), les raisons exposées plus hautes peuvent à la rigueur encore passer. Mais si il y a bien deux aspects  qui ont complètement été massacrés dans le métrage, dans l’optique d’essayer de tout fourrer en deux heures, ce sont bien les missions et l’aspect psychologique très présent dans l’œuvre originale.

En effet, telle une étude sociologique, il n’y a rien de plus intéressant que d’observer les différents comportements et les relations interpersonnelles des individus en terrains hostiles avec pour seul objectif, la survie. C’est l’un des points forts du manga qui malheureusement est complètement absent ici. C’est simple, hormis les trois personnages principaux (allez, on va dire quatre avec Nishi), tous les autres ne sont que des faire-valoir, et ne servent qu’à faire office de chair à canons. L’attention apportée au développement des seconds rôles dans la bande dessinée a complètement disparu.  Condensé oblige, les missions, expédiées en un clin d’œil, ont quand à elle  complètement été bâclées (surtout celle du Martien Tanaka) et perdent toute intensité dramatique. La scène censée être poignante entre Kurono et Kato à la fin de la troisième mission est en définitif plus hilarante qu’autre chose.

Matsuyama Ken’ichi A.K.A Katô Masaru donne tout, pour German-suplexer le martien Tanaka

Bref, le film est expéditif, et c’est malheureusement l’un des aspects récurrents et communs entre la plupart des adaptations live connues à ce jour (entre autres, Dragon Head, 20th century boys, Death Note, Dragon Ball, etc. A lire l’article Le Manga-Live des années 2000, de Azumi à Death Note). Dans un sens, ce n’est pas vraiment une surprise : en effet, comment retranscrire une demi-douzaine de tomes en l’espace de deux heures, sans vraiment s’approprier une œuvre. Finalement, les libertés que le scénariste a pris font doucement rire (enfin, on rit jaune), et  sont plus de l’esbroufe qu’autre chose.

Au niveau du casting, on retrouvera en tête d’affiche, le moche et agaçant (dans sa manière de tout théâtraliser à l’excès) Ninomiya Kazunari dans le rôle  du héros Kurono Kei (contre-héros pervers et rempli de défauts dans le manga, donc très charismatique et facile d’identification), la sexy mais complètement inexpressive et amorphe Watanabe Natsuna (une idôle de plus sans doute) dans celui de Kishimoto Kei. Enfin, celui qui vient sauver le film de ses amateurs comparses , dans le rôle du noble et fidèle Kato Masaru, le beau gosse Matsuyama Ken’ichi, bien connu des fans de L de Death Note ou encore de Murakami pour sa belle prestation dans le récent La Ballade de l’Impossible.

Watanabe Natsuna & Matsuyama Ken’ichi tentent tant bien que mal de survivre

 

En résumé, il est difficile de porter un jugement concret sur ce film sans nuancer tant son visionnage peut se faire de deux manières différentes : pour le néophyte, le film Gantz, avec ses effets spéciaux honnêtes, le soin apporté à la retranscription des décors et son ambiance plutôt fidèle à l’œuvre originale, est un film d’action assez efficace. En revanche, pour les fans et amateurs du manga auxquels votre humble serviteur appartient, le métrage est une adaptation live raté (de plus) qui souffre malheureusement des mêmes défauts que ceux que l’on peut retrouver dans la plupart des films du genre, le bâclage en pôle position. Néanmoins le film se composant de deux parties, on attend avec curiosité le second volet  afin de voir comment il s’inscrit au sein de ce diptyque pour porter un jugement définitif.

Les bonus : un sympathique Making of  de 22 minutes, des bande-annonces et liens internet.

Gantz – au Commencement, édité chez Wild Side en Blu-Ray et Dvd le 7 septembre 2011.

Pour les téméraires qui ont lu jusque là, bientôt le jeux-concours !