Énergique et rageur, Breathless impose l’univers nihiliste de Yang Ik-Joon, un jeune cinéaste coréen à suivre de très près et à découvrir en DVD.
L’univers nihiliste, désespéré et minimaliste de Breathless arrive donc à accrocher en heurtant le spectateur. La simplicité du scénario comme la brutalité de la mise en scène participent à la création d’une atmosphère brute, qui arrive même à surprendre parfois malgré son systématisme. Un humour à froid parcourt ainsi le film, jouant sur le décalage entre les situations et les réactions extrêmes des personnages, ou sur la sidération que ce déchainement de violence peut entrainer sur les personnages. Les personnes sensibles à l’humour de Kitano période Jugatsu apprécieront, même si les personnes sensibles tout court auront du mal à trouver une distanciation suffisante dans l’humour pour apprécier et supporter les qualités du film. Les réactions furent ainsi contradictoires dans la salle de cinéma, où l’on a découvert le long métrage : les sièges claques, des rires se remarquent, alors qu’un silence passionné se fait aussi sentir.
Il est par contre dommage que Breathless décide rapidement d’abandonner sa gratuité en se fourvoyant dans des explications psychologiques à travers une série de flashbacks maladroits et un peu trop évidents pour sonner juste. Les notes d’espoir qui parsèment le film donnent aussi l’impression d’un mauvais raccord. Plus à l’aise dans la description de la destruction, Yang Ik-June rate ainsi tout ce qui ne touche pas à la description d’un présent immédiat invivable. Heureusement, sur les 2 heures 10 que dure le cauchemar, très peu de minutes sont rêvées. Après cet essai réussi qui voit émerger Yang Ik-Joon, cinéaste sur lequel il va falloir désormais compter, on attend avec impatience son prochain film , en espérant qu’il se débarrasse de ses tentations psychologiques et sentimentalistes.
Victor Lopez.
Verdict :
DVD édité par Potemkine, disponible depuis le 2 octobre.