DVD – Kamikaze le dernier assaut, de Yamazaki Takashi : réécrire l’histoire plutôt que l’affronter

Posté le 22 août 2015 par

Le réalisateur de Space Battleship revient sur un pan difficile de l’histoire du Japon, la Seconde Guerre mondiale, et le rôle particulier tenu par les pilotes kamikazes. Le DVD, dévoilé chez nous par Condor, montre une nouvelle fois à quel point il est difficile pour une nation de se confronter à son passé.

Space Battleship déjà, montrait une envie du réalisateur de changer l’histoire en positionnant dans le futur un cuirassé mythique, le Yamato. Ce dernier, lors de la Seconde Guerre Mondiale, devait effectuer une prodigieuse attaque suicide, mais fut coulé avant d’y parvenir. Yamazaki Takashi rectifie le tir dans un futur lointain, permettant au navire de réussir enfin sa mission. Après cette tentative futuriste de réécrire la fameuse Guerre Mondiale, le cinéaste prend à bras le corps la guerre en elle-même, mais dans une démarche similaire.

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Et c’est bien dommage, car le postulat de départ était tout autant fascinant que dangereux, et aurait pu amener un propos réflexif sur le positionnement du Japon envers ses combattants, qui en aurait fait un très grand film. Ici, le spectateur suit deux jeunes gens qui apprennent, lors de l’enterrement de leur grand-mère, que leur grand-père n’est leur grand-père que par alliance, et que le père biologique de leur mère est mort en 1945, alors qu’il appartenait à une escouade de pilotes kamikazes. Bien décidés à comprendre qui était cet homme, ils s’en vont interroger d’autres vétérans et, de prime abord, découvrent que leur grand-père était un lâche. En fait, il était un homme considérant que le gaspillage de la vie humaine est une honte, et il désirait vivre afin de revoir sa femme et sa fille.

Avec un tel propos, Yamazaki Takashi aurait pu (aurait dû) creuser longuement la mémoire japonaise (d’autant que le film dure 2h23) et le besoin que les jeunes ont de se reconstruire sur un tel drame. Explorer la conception des soldats qui étaient de mourir pour leur patrie, avec au centre ce guerrier extrêmement doué mais pensant qu’un tel sacrifice est tout simplement vain, est très intéressant. Les jeunes héros découvrent qu’au fil du conflit les armes adverses avaient extrêmement évolué alors que les Japonais continuaient à simplement envoyer des pilotes se crasher sur des porte-avions. A ce titre, la discussion entre le petit-fils de notre héros et ses camarades de classes, pour qui les kamikazes et les terroristes sont similaires, aurait pu être passionnante si la conversation ne se bouclait pas en quelques minutes, envoyant le jeune héros fuir la table, le montrant à présent incapable de se concilier avec ses contemporains, depuis qu’il a compris la valeur de ses aînés.

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Le réalisateur, en envoyant ses héros à la recherche des réponses du passé, cherche à montrer la grandeur du courage des soldats prêts à se suicider, et surtout à réécrire la guerre avec un manque de subtilité effarant. Dès l’attaque de Pearl-Harbor, le spectateur comprend cette démarche, alors que les pilotes japonais bombardent les bateaux au port, mais ne touchent aucun bâtiment de la ville même. A côté de cela, quand les Américains ripostent, le réalisateur montre, en gros plan et au ralenti, des soldats japonais empalés sur des débris, ou en proie aux flammes, la caméra n’omettant pas bien entendu un arrêt sur image du drapeau japonais en train de brûler.

Et c’est ainsi pendant près de deux heure trente, le spectateur n’ayant même pas droit à de grands combats pour se contenter, la réalisation les expédiant rapidement, et montrant souvent surtout le visage du pilote courageux alors qu’il bouge le manche de son avion. La caméra préfère surtout dévoiler des moments mièvres et assez larmoyants (à ce titre, le final d’une demi-heure de larmes et d’émotion reste assez indigeste) jusqu’à un plan final où les deux générations se retrouvent et se saluent, se comprennent et s’acceptent enfin.

Kamikaze – le dernier assaut aurait pu être un grand film, mais n’est hélas qu’une nouvelle tentative de réécrire l’histoire, prouvant encore une fois que les films, toutes nations confondues, qui acceptent leur rôle et leurs erreurs dans un conflit se révèlent extrêmement rares.

Kamikaze – le dernier assaut, de Yamazaki Takashi, disponible chez Condor à partir du 24 aout 2015.

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