Su Qi-Er (True Legend) marque le grand retour de Yuen Woo-ping en tant que réalisateur, qui n’avait pas officié dans ce rôle depuis Tai ji quan (Tai Chi master 2) en 1996. Et pour le coup, le légendaire chorégraphe Hong Kongais (Il était une fois en Chine, Kill Bill…), fait un come-back des plus fracassants dans la pure tradition des films du cinéma Hong-Kongais des années 80 à l’ère du numérique !
Le pitch est aussi simple qu’efficace. Général hors pair au sein de l’empire à la fin du 19 siècle, Su Can (incarné par Vincent Zhao alias Chiu Man-cheuk, rendu célèbre par le rôle de Ding On dans The Blade) renonce à ses fonctions pour se consacrer à la fois à sa famille, et pour affiner sa maîtrise du Kung Fu dans le but d’atteindre la quintessence ultime de son art, le Wushu. Naturellement, nous sommes dans un film HK, et, comme on peut s’en douter, cette perspective mielleuse de conte de fées rayonnant n’arrivera jamais. Ses projets vont donc rapidement tomber à l’eau lorsqu’ils vont être contrecarrés par son frère adoptif Yuan Lie (Andy On), qui voue une haine viscérale à sa famille d’adoption et plus particulièrement envers son père adoptif, qu’il tient pour responsable de la mort de son géniteur. Une guerre fratricide impitoyable aux conséquences irréversibles est alors sur le point de commencer…
A l’inverse du très décevant Détective Dee de Tsui Hark, True Legend est une véritable bombe atomique à tous niveaux :
Les chorégraphies sont d’une virtuosité jusqu’ici rarement atteinte (mais en doutiez-vous ?), tous les combats sont, sans exceptions, d’une beauté à couper le souffle, l’impact des coups est brutal, chaque collision résonne au plus profond de notre âme, et l’hémoglobine est bien présente ! Le film ne souffre d’aucun temps mort, et les combats s’enchaînent pendant près de deux heures pour le plus grand plaisir du fan de Wu Xia Pian que nous sommes ainsi que celui des spectateurs.
Les différents duels entre Su Can et le Dieu des Arts Martiaux (rien que ça !) sont tout simplement mémorables. La divinité incarnée par un Jay Chou inspiré est une excellente surprise. Bien que peu expressif comme à son habitude, il met ici à profit tout son talent d’artiste martial au sein de combats dantesques accompagnés d’effets numériques d’excellentes factures !
Très belle prestation également de Yuan Ying (Xun Zhou) épouse du héros qui nous avait déjà montré ses grandes qualités d’actrice en tant qu’héroïne du récent et passionnant Le Message (Feng Sheng).
Par ailleurs, le film regorge de références en tous genres : à commencer par un hommage au sabreur manchot de The Blade, lors d’une scène de repas qui voit le héros sombrer dans une dépression sans limites, suite à sa condition nouvelle d’infirme. Mais surtout, la dernière heure du film de Yuen Woo-ping est consacrée à la gloire de son cultissime Drunken Master, puisqu’il va, à travers son héros, encenser une nouvelle fois la boxe de l’homme ivre pendant plus d’une heure au sein d’un tournoi d’arts martiaux spectaculaire.
Pour conclure, il y aurait encore tellement de choses à dire sur ce film tant ses qualités sont nombreuses et indéniables. True Legend est donc une sacrée claque, le premier véritable choc niveau arts martiaux depuis des lustres et un film d’action que tout amateur du genre se doit d’aller voir !
Olivier Smach.
True Legend de Yuen Woo-Ping, en salle le 28/09/2011.