Dossier Les Mystérieuses Cités d’or – Le manga

Posté le 20 décembre 2013 par

Kazé n’a pas fait les choses à moitié avec Les Mystérieuses Cités d’or. En plus d’éditer en DVD ce chef-d’œuvre qu’est la nouvelle série et de permettre de découvrir l’excellent livre qui a servi d’inspiration, ils éditent, en manga, la première série télévisée.

Retrouver Tao, Zia, Esteban, Mendoza et les autres, en bande dessinée, est une idée faisant terriblement plaisir et permettant aux enfants n’ayant pas connu la série originelle de découvrir les événements qui ont précédé. En effet, la première série n’étant plus diffusée, il faut, pour que les enfants la découvrent, se la procurer en DVD, avec le risque que nos chères têtes blondes trouvent l’animation ringarde, les enfants n’étant pas forcément sensibles au charme désuet de ce genre de série. Et, si la nouvelle mouture des aventures d’Esteban, Tao, et Zia est totalement compréhensible, il est normal que ceux qui ne connaissent pas ce qui a précédé se demandent comment s’est déroulé la découverte de la première Cité d’or, ou comment tout ce petit monde s’est rencontré. Dans la série de 2012, le condor d’or est utilisé immédiatement, comme un moyen de transport, mais sa découverte n’est pas évoquée, et, quand les protagonistes parlent au détour d’un épisode de leur voyage à bord d’un bateau solaire construit par le peuple de Mu, comment ne pas rêver à la magie de cette aventure ?

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Hélas, quelque chose frappe dès l’ouverture de cette bande dessinée française cherchant à utiliser les codes du manga (mais publié dans le sens occidental). Les dessins, en effet, sont tout simplement laids, presque bâclés. Les traits sont flous pour donner l’impression de mouvement, l’action est hachée, et à aucun moment le merveilleux ne saisit le lecteur. Le bateau solaire n’impressionne pas, le déguisement de Tao, qui se veut effrayant, ne provoque rien, et Pichu, comme les deux marins, n’arrivent pas à créer l’humour propre à la série.

L’ouvrage se laisse lire, et se lit avec rapidité. En effet, il s’agit d’une bande dessinée tournée essentiellement vers l’action. C’est d’ailleurs parfois un peu dommage, car la série ne prend pas le temps de creuser et de développer ses personnages, ou d’amener les séquences merveilleuses de l’histoire. Comment Esteban a été recueilli par Mendoza est jeté rapidement, le bateau solaire arrive sans qu’on soit préparé, comme s’il n’y avait rien de fabuleux là-dedans. Les auteurs sont limités par le nombre de tomes (quatre pour raconter toute la première série, c’est beaucoup trop peu) et cela se ressent et provoque une grande déception. S’il est évident que les créateurs ont essayé d’utiliser les codes du manga pour en faire un shônen digne de ce nom, ils n’y parviennent pas. Trop découpé, presque haché, l’action perd en dynamisme. Il manque quelque chose pour transcender le matériau et parvenir au niveau de la série télévisée. De plus beaux dessins bien sûr, mais surtout un sens de la mise en scène plus développé aurait fait la différence. Il est dommage que les concepteurs n’aient pas essayé de faire appel à de vrais mangakas, car les bandes dessinées japonaises, dans leur côté shônen, ont un sens du rythme assez inégalable (et certains mangas sont magnifiques) et, avec un découpage digne d’un grand manga d’aventure, cette bande dessinée Les Mystérieuses Cités d’or aurait pu transcender son matériau et atteindre son but.

Au final, Les Mystérieuses Cités d’or, le manga, est un produit dérivé plutôt anecdotique et, après la vision d’une œuvre aussi forte et poignante que la série télévisée, ne peut que décevoir. Reste que Les Mystérieuses Cités d’or est une œuvre forte qui a transcendé les générations et, si les enfants n’ayant pas connu la série originelle veulent découvrir la rencontre entre ces personnages poignants, et leur aventure sublime, il leur reste les DVD.

Yannik Vanesse.

Les Mystérieuses Cités d’or, disponible en manga depuis le 20 mars 2013