Aujourd’hui, Elephant Films s’attaque au polar d’action chinois avec Bad Blood. Hong Kong étant spécialisé dans ce genre de films, celui-ci réussira-t-il à se démarquer de la concurrence plutôt rude ? Par Yannik Vanesse.
Si le métrage parvient à se différencier, ce n’est pas grâce à son scénario, assez classique et s’apparentant fortement à Election, un des chefs-d’œuvre de Johnnie To. Ici aussi, un parrain de la pègre chinoise se fait tuer – exécuté par les autorités. Tous les membres de la famille se retrouvent pour s’occuper du testament de l’homme. En effet, ce dernier ayant une façade légale, ses biens sont partagés entre ses héritiers, qui sont censés les répartir entre les lieutenants de la famille mafieuse. Cependant, les intéressés se font tuer les uns après les autres, et la paranoïa s’installe, tout le monde suspectant tout le monde d’être le meurtrier.
Dans King Of Triads (titre international), peu de gunfights mais beaucoup de combats à mains nues. Denis Law, le réalisateur, a l’habitude de ce genre de métrage d’action (il a réalisé Fatal Contact et Triad Wars) et cela se voit. Les scènes d’actions sont magnifiquement chorégraphiées, et superbement filmées. Variées, elles ne sont jamais redondantes ou ennuyeuses, malgré leur profusion. Aidé par des artistes martiaux impressionnants (Andy On, héros de Black Mask 2, est tout bonnement hallucinant, bien mieux mis en valeur que dans le film de Tsui Hark), mais il n’est pas le seul, et les combats sont tout simplement passionnants ! De plus, en s’inspirant du cinéma d’action thaïlandais, Denis Law marque des points. Nombre de chutes sont ainsi filmées en plan larges, pour montrer la brutalité des chorégraphies, et accentuent encore l’impact des séquences d’action. Simon Yam, de son côté, ajoute sa prestance et son charisme, en nouveau chef de famille mafieuse. Le seul regret est que l’acteur n’est pas assez présent, mais le duel au sabre dans lequel il est mis en scène est superbe.
Les personnages du film sont, certes, un peu caricaturaux, et auraient mérité d’être un peu plus développés, en particulier le méchant. Si les raisons de ses exactions et manipulations sont très compréhensibles (appât du gain et du pouvoir, forcément), il manque quelques scènes pour comprendre comment ce personnage en apparence si doux et si gentil est devenu, derrière cette façade, aussi froid, sadique et calculateur. Mais ce n’est qu’un petit détail et Bad Blood voulant privilégier l’action, les scènes d’exposition sont courtes. Quelques flashbacks pour expliquer les rapports entre les divers personnages – en particulier entre Calf (Andy On) et sa petite protégée muette (artiste martiale phénoménale elle aussi, et dont les dialogues à base de sms sont dynamiquement mis en scène) – suffisent à donner au spectateur une bonne vue d’ensemble. Dommage cependant que l’identité du véritable méchant de l’histoire soit rapidement devinable, mais là encore, ce n’est qu’une petite chose n’empêchant pas, loin s’en faut, d’apprécier le métrage.
À cela s’ajoute un making-of trop promotionnel pour être intéressant. Dommage.
Yannik Vanesse
Verdict : Bad Blood se veut un film d’action et d’arts martiaux haletant et brutal, et il y parvient tout à fait. Le spectacle est total et impressionnant, et ravira tous les amateurs du genre.
Bad Blood, disponible en DVD et Blu-ray chez Elephant, depuis le 5 novembre 2012