Si l’on est passionné d’arts martiaux et de danse, il serait indécent de passer à côté d’un film qui s’intitule Dance of the Dragon. Car qui dit Dragon sous-entend qu’il y aura vraisemblablement de belles chorégraphies martiales, et qui dit danse, eh bien… je crois ne pas avoir besoin de vous faire un dessin ! Et cerise sur le gâteau, dans l’un des rôles principaux, le charismatique à souhait Jason Scott Lee (ressuscité pour le coup d’entre les morts), est de la partie. Mais derrière ce titre accrocheur, le film tient-il toutes les promesses qu’il semble annoncer ? Dance of the Dragon par Olivier Smach.
L’histoire : depuis sa plus tendre enfance, Tae-kwon (littéralement « pied-poing », eh oui ça ne s’invente pas !) est passionné par la danse, et plus particulièrement par les danses de salon. Bien entendu, désireux d’élever le rang social de sa famille, son bienveillant papa cordonnier qui s’éreinte quotidiennement à la tâche afin de faire de son fiston une personne instruite (qu’il semble difficile de s’affranchir de sa condition de base lorsque l’on réside dans une campagne isolée au milieu de nulle part en Corée !), voit cela d’un très mauvais œil. Néanmoins « Tatane-Droite », après avoir passé sa jeunesse à apprendre la valse à travers les livres, ne l’entend pas de cette oreille. À peine a-t-il atteint l’âge adulte, qu’il décide de quitter l’usine dans laquelle il est employé, pour poursuivre son rêve à Singapour dans une école de danse professionnelle. Dirigée par la belle Emi, ex-championne de Danse de Salon, il tombe, comme vous pouvez vous en douter, très rapidement sous le charme de son professeur, ce qui a tendance à agacer fortement Cheng (Jason Scott Lee), son fiancé mégalo et accessoirement maître de Jeet Kun do/Kung Fu Shaolin, qui se met en tête de faire bouffer à Tae ses ballerines s’il continue à prendre des cours auprès de sa belle…
Dance of the Dragon est le premier film du réalisateur Max Mannix (ça ne s’invente pas non plus !) qui est également à la fois scénariste et chorégraphe. Avec un nom pareil on se dit que le bonhomme aurait sans aucun doute sa place dans l’industrie des films pour adultes, mais ne soyons pas mesquins, le monsieur est tout de même co-scénariste de l’excellentissime Tôkyô Sonata de Kurosawa Kyoshi, et à cet égard, il convient de lui accorder tout notre respect. Mais n’y allons pas par quatre chemins, malgré un pitch relativement « what the fuck », le film déçoit, et cela pour plusieurs raisons : tout d’abord, malgré une gestuelle plutôt convaincante, Tae-Kwon, interprété par Jang Hyuk que l’on a pu voir entre autres dans Volcano High/WaSango (nanar qui se passe dans un lycée Coréen, dont le doublage US fait appel à la voix de Snoop Dog himself) , avec son air hébété et qui semble tomber des nues durant toute la durée du film est malheureusement anti-charismatique au possible… A l’inverse, Jason Scott Lee (mémorable dans Dragon, l’histoire de Bruce Lee, et beaucoup moins dans Retour vers le Futur 2, si si, souvenez-vous, c’était l’un des membres du gang de Griff Tannen surfant sur un hoverboard high-tech), avec sa prestance naturelle, est là pour nous rappeler tout le bien que l’on pensait de lui dans le biopic consacré au légendaire Petit Dragon. Mais là encore, malgré une interprétation très convaincante de la part de Scotty, Cheng n’est que trop peu développé, et reste au final un personnage assez anecdotique. Ce qui est plutôt gênant dans un film où la tension narrative est censée s’articuler autour d’un duel entre deux rivaux.
Reste finalement la jolie Emi (Wong Fann), très touchante, et d’une grâce à faire damner un Saint par son interprétation de professeur de danse, héroïne transie suite aux événements que je vous invite à découvrir dans le métrage.
Ensuite, malgré le titre plutôt aguicheur, l’amateur de films de Kung-fu, tout comme celui de films de danse, se sentira probablement lésé : peu ou pas vraiment de combats, ce qui d’une certaine manière semble assez cohérent, puisque concrètement, comment un danseur est-il censé faire face à un expert en arts martiaux ? Néanmoins, on peut toutefois souligner l’habileté de Mr Mannix qui s’en sort plutôt pas mal, grâce une pirouette scénaristique pour faire passer la pilule. Au même titre que les fights, les scènes de danse sont trop rares, et les chorégraphies sont tout juste passables, ce qui est plutôt regrettable si l’on considère que le film s’articule autour de la danse dans sa forme. Et comme si ce n’était pas suffisant, l’émotion qui aurait pu et dû se dégager de la plus grosse scène de danse perd de son intensité à cause de l’utilisation d’une (très mauvaise) chanson d’ Enrique Iglesias, qui fait moyennement raccord avec l’atmosphère présentée.
Cependant, ne soyons pas mauvaise langue jusqu’à la moelle, Dance of the Dragon, qui a été sélectionné au West Hollywood International Film Festival en 2008 (au sein duquel il a raflé de nombreux prix dont entre autres, celui de la meilleure bande originale et celui de la photographie), bénéficie tout de même d’un certain nombre de qualités. Outre le plaisir de revoir Jason Scott Lee, la photo du film est superbe ! Il faut dire que la personne en charge de cette fonction, John Radel, également coréalisateur du métrage, n’en est pas à sa première tentative, puisqu’il cumule déjà derrière lui une bonne vingtaine de films en tant que directeur de la photographie. Ce souci d’esthétisme certain colle impeccablement avec l’atmosphère du film, et certains plans sont de toute beauté !
En conclusion, si on laisse de côté tous les clichés habituels auxquels on est en droit de s’attendre dans ce type de films (et qui bien entendu finissent par arriver), Dance of The Dragon reste malgré tout très honnête si on le considère uniquement comme un divertissement pur. Et il ne semble pas avoir d’autres prétentions que celle d’en être un, ce qui dans l’absolu est essentiel me direz-vous. Avec un peu de chance, il devrait même réussir à tirer une larme à votre copine ! Il ne fait aucun doute que ce film saura trouver son public car il est très facile de se laisser prendre au jeu par cette histoire à l’eau de rose, si l’on accepte un tant soit peu de suivre les aléas de ce triangle amoureux, et de se laisser guider au rythme des pas de danse du dragon !