T.H.E Dance Company envoûte le Singapour Festivarts

Posté le 19 novembre 2010 par

Le Musée du Quai Branly vient de présenter au sein de son Singapour Festivarts, O Sounds, un spectacle d’une troupe de danse exceptionnelle qui répond au nom de T.H.E Dance Company. Par Olivier Smach.

A peine rassasié par l’hypnotisant Haptic de Umeda Hiroaki à la Maison de la Culture du Japon, je continue ma quête de découverte sur les différentes formes de danse contemporaine asiatique. Mon chemin va me conduire tout droit au Musée du Quai Branly.

Pour ceux qui n’ont pas suivi jusque là, étant donné le nom du festival, il s’agit cette fois ci d’un groupe venu de Singapour !

Et bien, laissez moi vous dire que le résultat est impressionnant tant sur le le plan visuel que sonore ! Mais avant de développer plus en détails, permettez-moi de vous en dire d’avantage sur le groupe.

Un peu d’histoire :

T.H.E Dance Company est une toute jeune troupe qui a été fondée en septembre 2008 par le chorégraphe et directeur artistique Swee Boon Kuik, ancien danseur de la mondialement célèbre formation espagnole La Compania Nacional de Danza qui a révélé des chorégraphes reconnus à l’international tels que Jiri Kylian, Mats Eks….

Sa recherche est ambitieuse puisqu’à travers T.H.E Dance Company (T.H.E pour The Human Expression), il œuvre dans le but de représenter les différentes facettes de l’homme et de l’humanité au sein de son art, la danse.

Mais Swee Boon Kuik ne considère pas la création comme le résultat d’un effort individuel, mais comme un processus issu de la dynamique provoquée par l’énergie du groupe.
Par conséquent, il met généralement en scène dans ses spectacles une petite dizaine de danseurs, tous meilleurs les uns que les autres et issus d’un peu partout en Asie tel que la Chine, Hong Kong, Singapour, voir d’autres pays comme l’Australie….
Citons quelques un de ses danseurs : Mun Wai lee, Zihao Zhuo, Charlyn lin, Yarra Ileto

T.H.E-Dance-Company

 

Une gestuelle parfaite.

D’une durée de 70 minutes, O Sounds est un spectacle d’une grande qualité qui axe sa thématique sur le rapport entre le corps et son origine allant jusqu’à la problématique de la place de l’individu dans la société moderne.

Dès le début, ce qui saute aux yeux, c’est la virtuosité technique de la troupe. La cohésion du groupe est impressionnante et tous les danseurs se déplacent à l’unisson alternant à la fois synchronisation et gestuelle individuelle, et le tout est exécuté d’une main de maître par chacun.

Les corps des danseurs se mêlent et s’entremêlent avec finesse et élégance au rythme des figures composées d’envolées acrobatiques d’une légèreté rare, et d’une exécution exempte de défauts.

Néanmoins, il y a également un coté très animal, très terrien dans leur gestuelle, puisque une grosse partie de la chorégraphie finit systématiquement par des mouvements de rotations et spirales sur le sol (voir la vidéo plus bas), comme s’il s’agissait d’honorer la terre, notre origine…

The DANCE Company

 

Un visuel étonnant.

Les jeux de lumières sont très travaillés et alternent clair/obscur, couleurs froides, chaudes et tamisés. Les contrastes sont bien marqués également pour mettre bien en évidence les corps des danseurs.

Dans sa recherche artistique, Swee Boon Kuik ne s’arrête pas uniquement au souci de performance gestuelle, il intègre également la vidéo dans son spectacle pour agir en interaction avec ses danseurs.

A de nombreuses reprises, il projette sur des écrans en arrière plan, des paysages naturels ou urbains, pour essayer de faire ressortir au mieux les ambiances et émotions qu’il cherche à faire passer par la danse.

Un moment fort du spectacle (bien qu’un peu long) est celui de la projection vidéo dans lequel les corps des danseurs flottent en slow motion.
Un autre moment particulièrement ingénieux est lorsque tous les danseurs s’assoient pour regarder, toujours sur le même écran géant, une vidéo d’eux même dansant dans une sorte de chalet géant, devenu leur terrain de jeu au milieu de la forêt. À l’aide d’une caméra numérique, dans un plan séquence exceptionnel, on suit les danseurs au rythme de leur chorégraphie virevoltante et nerveuse, le tout filmé en gros plan, et c’est tout simplement saisissant de réalisme !

 

Un univers sonore atmosphérique

Là encore, c’est la grosse claque !
La bande son du spectacle est un cocktail électro-acoustique constitué de plusieurs influences complètement improbables mais qui fonctionnent avec brio !
Nous passons successivement à des chœurs de moines, de l’électro qui rappelle par moment Aphex Twin, des formes d’incantations au langage incompréhensible (mais cool), un mélange de sonorités naturelles tels que des bruits de ruisseaux, le soufflement du vent…

Concrètement, on est happé par cette expérience sonore particulière qui s’ouvre à nous et qui nous plonge dans un univers envoûtant.

bohemian5

 

En conclusion, l’émotion et au rendez vous, et à mon sens, le spectacle est quasiment un sans faute ! Mais la perfection n’étant pas de ce monde, il y a tout de même un mais : qui dit art contemporain, dit parfois “je me demande où ils sont allés chercher tout ça…?”

Je pense notamment à un court passage dans lequel tous les danseurs sont en file indienne presque immobiles, derrière le corps athlétique de l’un d’entre eux uniquement vêtu d’un slip et de lunettes de soleil. Pendant ce temps là, une des danseuses restées au sol est en train de pousser la chansonnette sur les paroles d’une musique pop étrange que l’on a pu entendre un peu plus tôt au cours du show. J’avoue ne pas avoir tout compris mais je ne pense pas que cela soit très important en final. Et puis ça ne dure pas plus de 5 minutes à vrai dire.

Ce “mais” passé, le spectacle est d’une richesse impressionnante, que tous les amateurs de danse, (contemporaine ou non), d’art et tout simplement de belles choses se doivent d’aller voir pour le plaisir des sens.
Seulement deux prestations à Paris, ce n’est malheureusement pas suffisant pour rendre hommage à un spectacle d’une telle qualité… Mais bon, comme d’habitude East Asia ne manquera pas de vous parler des prochaines manifestations de cette séduisante et innovante compagnie dans nos contrés.

Olivier Smach.

Voir également les prochaines manifestations sur le site officiel du Singapour Festivarts

Et toujours, l’ exposition Baba Bling jusqu’en Février 2011

Musée du quai Branly, 37 quai Branly 75007 Paris.