VIDEO – Wolf Pack de Michael Chiang

Posté le 29 novembre 2023 par

Distribué en DVD, Blu-Ray et VoD par Program Store, le film d’action Wolf Pack, réalisé par Michael Chiang, est désormais accessible aux amateurs de film d’action bourrin et plus spécifiquement ceux issus du marché asiatique, dont l’efficacité en matière de divertissement n’est plus à prouver.

C’est parfois triste à dire, mais il existe des films dont on peine parfois à extraire ne serait-ce qu’un seul point positif après le visionnage. N’importe quel long-métrage raté dans les grandes largeurs aura toujours pour lui un point positif. Une bonne photographie, une idée de mise en scène, ou une sympathique bande originale. Ca n’ajoutera absolument rien à la valeur intrinsèquement nulle du résultat mais cela aide à relativiser une potentielle perte de temps. Avec Wolf Pack, le constat est sans appel, il n’y a absolument rien à sauver du film. Rien ne va dans ce long-métrage, autant sur le fond que sur la forme.

Pour commencer, le script n’est pas des plus originaux. Un jeune homme, médecin de son état, est approché par une bande de mercenaires (le wolf pack en question) qui, après lui avoir avoué que son père était aussi un expendable, va l’enrôler dans la troupe, notre héros étant visiblement aussi expert en maniement de fusils d’assaut. Leur mission : mettre un terme aux agissements d’un groupuscule terroriste qui en a après les ressources énergétiques du continent asiatique et qui asservit les populations locales. D’abord réticent, le docteur va se rapprocher de ses nouveaux frères d’armes et contrer les plans des terroristes. Et c’est à peu près tout. Le film ne sortira jamais des sentiers archi balisés du actioner moyen, voire très moyen. Inutile d’y chercher un quelconque sous-texte offensif contre le terrorisme, l’exploitation des populations, ou même un semblant de psychologie avec ce fils qui idéalise un peu trop son père et qui fonce tête baissée dans la violence la plus décomplexée. Il n’y aura absolument rien de tout cela. Tout y est prévisible du début à la fin, sans aucune exception. Tous les personnages ont des surnoms ridicules (Fireball, Goblin, j’en passe…) et sont écrits avec le minimum syndical de background, aussi fin et subtil que leurs bazooka. Mention au chef qui écoute les pleurs de son bébé mort pour ne jamais oublier. On remarquera d’ailleurs que face à la troupe d’élite, on trouve un très mauvais comédien dans le rôle du terroriste qui, pour le coup, avec son unique but (tout casser et tuer tout le monde) est beaucoup plus fun à suivre, à force d’être dans l’outrance perpétuelle. Le film déroule pendant 100 minutes un scénario qui ne surprendra personne à force d’enchaîner les pires clichés du cinéma d’action des 30 dernières années, entre amitiés naissantes avec le docteur et ses nouveaux amis, et sacrifices pour le bien de la mission. On notera quand même une bonne idée jamais correctement exploitée, avec le terroriste qui se sert des enfants opprimés comme kamikaze pour faire le sale boulot. Une piste intéressante ruinée par une mise en scène ridicule, un enfant de 10 ans par définition n’étant pas expert en maniement du lance-roquette. Au passage, on notera l’absence totale de charisme et de talent dans l’acting du comédien principal, Aarif Rahman, souvent ridicule lorsqu’il commence à s’énerver et à faire le  méchant.

Si le fond est d’entrée irrécupérable, ce n’est pas non la forme qui va relever le niveau. Michael Chiang n’arrive jamais à correctement filmer son film. Le métrage a beau durer 1h40, il paraît traîner en longueur à plusieurs reprises, le metteur en scène se montrant incapable d’insuffler la moindre tension ou émotion dans chacune des scènes. Passe encore que lors des séquences de dialogue, la mise en scène soit basique (champs/contre-champs sur des comédiens qui jouent mal, rien de plus, rien de moins), mais pour un film d’action, arriver à systématiquement rater les séquences d’action justement, c’est plus problématique. Le film a pourtant des décors qui se prêtent à des gunfights et affrontement décents (un hall d’hôtel ou la centrale électrique du climax), mais Chiang n’a aucun sens du découpage et de la grammaire cinématographique. Une poursuite armée dans un couloir finit par ressembler à une partie de cache-cache entre deux adultes planqués à deux mètres l’un de l’autre, avec à la clé la mort d’un personnage, que l’on ne voit littéralement pas venir. Pire encore, la photo du film est à l’aune de l’ensemble de la chose, moche et sans idée (qui dit désert dit filtre jaune délavé), ce qui ne rend pas le film agréable à regarder. Mais le plus frustrant, c’est que dans son deuxième acte, au détour d’une scène d’action dont on se demande à quel moment elle va vraiment commencer, Michael Chiang lâche tout et balance sans prévenir un plan-séquence assez dingue d’à peu près cinq minutes. Une chasse à l’homme qui commence dans une ruelle, se poursuit sur les toits de la ville pour finir en course en voiture avec le héros qui se donne à fond comme jamais. Et le spectateur de se dire que c’est dommage que le reste du film ne fasse pas preuve de plus d’audace et de maîtrise, car visiblement il en était capable.

Inutile de tergiverser davantage, Wolf Pack ne restera pas dans les annales comme un chef d’œuvre du cinéma d’action. Paresseux sur le fond et chiche en grand spectacle sur la forme, il n’y a pas grand chose à sauver de ce long-métrage.

Sur le Blu-Ray proposé par Program Store que nous avons visionné, la seule piste audio proposée est une piste française. Les amateurs de version originale pourront être frustrés, et il est important de préciser que la VF est assez passable, avec des doubleurs que l’on qualifiera de moyennement motivés.

Romain Leclercq.

Wolf Pack de Michael Chiang. Chine. 2022. En DVD, Blu-Ray et VoD chez Program Store le 21/11/2023