Ce ne serait pas le Festival du Film Coréen à Paris sans LE feel good movie de la sélection. Rebound est celui de cette année et il remplit particulièrement bien le quota de frissons et d’émotions attendu.
Ancienne promesse du basket, Yang-hyun est embauché pour coacher l’équipe du lycée Jungang de Busan, qui a connu son heure de gloire mais n’obtient plus aucun résultat. Il réunit des joueurs rejetés par les autres équipes, du plus maladroit (mais très motivé) au plus doué et les entraîne dans un seul but : concourir au championnat national et tenter de ne pas passer pour des losers.
Pour son quatrième long-métrage, Chang Hang-jun s’associe à son épouse et co-scénariste Kim Eun-hee, plus connue ces dernières années pour ses thrillers comme Signal ou la série de zombies en costumes Kingdom. Avec Rebound, le couple s’essaie avec succès au film de sport.
Équipe en perdition, coupes budgétaires, nouveau coach nostalgique de ses exploits passés, petit prodige rebelle avec une cheville en vrac, arrogant meneur qui apprend la valeur du travail d’équipe… Rebound contient tous les ingrédients qu’il faut et coche absolument toutes les cases du genre, pour notre plus grand plaisir. La liste énorme des films de sport aura bien démontré qu’il est aisé de reproduire la recette mais souvent difficile de recréer la magie étrangement réconfortante qui fait le sel des meilleurs récits d’underdogs. Ceci nécessite une bonne dose de talent et de savoir faire, d’enthousiasme aussi et cela, Rebound en a à revendre.
Le film joue sur les clichés et les codes inhérents au genre sans pour autant se reposer sur eux. En effet, le scénario met les personnages au centre, caractérisant clairement chacun des membres de l’équipe (réduite), des enseignants et des opposants pour tous nous les rendre profondément humains et attachants. Le même soin est donné à l’écriture de leurs rapports entre eux. Ainsi, de la même manière que l’équipe de Jungang trouve une alchimie entre les joueurs et avec son coach, le film tisse les liens de manière très organique et au final, très satisfaisante. Pour ce faire, le réalisateur a su s’entourer d’un casting de jeunes acteurs épatants (on retrouve notamment le jeune Ahn Ji-ho, qu’on avait pu voir en 2019 dans A Boy and Sungreen et The House of Us, qui a bien grandi depuis !), mené avec la bonhomie maladroite d’Ahn Jae-hong. Le comédien fait des merveilles dans le rôle de ce coach aux airs d’employé de bureau frustré, ours mal léché au regard éminemment bienveillant et immédiatement sympathique.
Rebound raconte autant le récit d’un exploit qu’il explore la manière dont on devient un mentor, un meneur, un soutien… En somme, comment on devient une équipe, en rassemblant ses forces pour en extraire le meilleur, ensemble. L’argument est vieux comme le monde, un classique du genre, mais on doit bien admettre qu’il est assez imparable lorsque l’exécution est bonne. Chang Hang-jun l’a parfaitement compris et reprend le meilleur des références du film de sport ( tels que Le Plus Beau des Combats ou As One) pour mieux l’allier avec les codes traditionnels de la comédie populaire coréenne.
Tirée d’une histoire vraie, Rebound parvient néanmoins à ménager de la tension et du suspense lors du tournoi final. La réalisation se cale sur le rythme des matchs, et leur durée, l’équipe de Jungang étant au complet sur le terrain en permanence. En jouant avec tous les éléments d’intrigues introduits dans la première partie du film, il donne de la place à tous les joueurs, alternant les enjeux et évitant ainsi que les rencontres ne deviennent répétitives. Alors, on se laisse gagner par l’exaltation sportive, et on vit chaque match avec une intensité nouvelle même si on ne comprend absolument rien au basket. On rit, on pleure, on est épuisés pour nos héros, on a peur pour eux. Enfin, on se réjouit de l’exploit, peu importe la défaite, qui sonne finalement comme une victoire. En somme, Rebound nous offre un immense plaisir de spectateur en nous donnant exactement ce qu’on en attend avec beaucoup de tendresse, d’humour et de réjouissante générosité.
Claire Lalaut.
Rebound de Chang Han-jun. 2022. Corée du Sud. Présenté lors de la 18ème édition du Festival du Film Coréen à Paris.
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