NETFLIX – The Fable: The Killer Who Doesn’t Kill de Eguchi Kan

Posté le 26 novembre 2021 par

Suite de The Fable par le même réalisateur Eguchi Kan, The Fable: The Killer Who Doesn’t Kill sorti en 2021 au Japon débarque également sur Netflix.

Nous retrouvons Fable (Okada Junichi), le tueur à gages contraint de ne plus tuer personne, comme l’indique le titre du film, qui s’est plus ou moins habitué à la vie tranquille d’Osaka, 4 ans après les évènements du premier film. Néanmoins, son quotidien est de nouveau bouleversé par l’irruption fortuite dans sa vie de Utsubo (Tsutsumi Shinichi), un homme qu’il devait tuer lors de sa toute dernière mission avant que l’ordre soit annulé in extremis. Durant cette mission, Fable avait tué les 5 collaborateurs de Utsubo et, en provoquant un grave accident de voiture pour viser l’un d’eux, avait grièvement blessé la passagère du véhicule, une jeune fille, Hinako (Hirate Yurina), désormais paralysée des deux jambes. Utsubo a pris Hinako sous son aile et travaille officiellement pour une ONG de protection des enfants tandis qu’officieusement, il extorque de l’argent à des jeunes actifs qu’il fait ensuite disparaître. Utsubo souhaite se venger de Fable tandis que Fable désire faire amende honorable auprès de Hinako qui s’est retrouvée en fauteuil roulant par sa faute et toutes ces aspirations incompatibles vont faire tourner la situation au vinaigre.

Tout d’abord, cela fait très plaisir de se replonger dans les aventures quotidiennes de Fable et « Yoko », sa fausse sœur, ce que le film a très bien compris puisqu’il a beau se passer plusieurs années après l’opus précédent, il reprend peu ou prou là où nous avions laissé les personnages. Fable occupe toujours son travail de graphiste approximatif, il est toujours aussi fan du comique raté Jackal et surtout, il est toujours aussi inapte à la vie en société. Nous retrouvons également des aspects sympathiques de The Fable, avec cette ambiance qui réunit des scènes de vie quotidiennes humoristiques et une intrigue plus sombre et mouvementée. Néanmoins, si les éléments qui faisaient la force du premier volet sont réunis, le film a malheureusement plus de difficultés à aboutir sur un résultat aussi satisfaisant.

La principale impasse de The Fable: The Killer Who Doesn’t Kill est un problème d’équilibre. Il est très louable de la part de Eguchi de vouloir dépasser The Fable en tentant d’obtenir davantage d’enjeux, de drame, d’action et d’humour, néanmoins, ce faisant, le film s’égare trop par moments et les différents éléments se mélangent de façon bien moins organique. En ce qui concerne l’action, les scènes sont toujours aussi visiblement travaillées et certaines, comme la première sont très divertissantes, mais la démesure des moyens déployés endommage le principe de l’histoire. Là où dans The Fable, une attention particulière était portée au fait de prouver encore et encore que chaque blessure que Fable infligeait à ses adversaires n’était pas létale, ici cela est rendu impossible par le fait que les combats sont bien trop dantesques pour que ce soit crédible. Le film élude alors par moments la question, en nous laissant contempler des ennemis se faire éjecter d’un échafaudage de plusieurs étages par une explosion de grenade et en comptant sur notre propre volonté de nous convaincre que personne n’a été tué par cette succession d’évènements. Non seulement il est alors dommage d’être sorti du film qui nuit lui-même à sa principale règle diégétique mais en prime, quand on repense à la qualité des scènes de combat du premier, on a du mal à cerner la réelle nécessité de rajouter autant de moyens.

La démesure touche aussi le ton et l’ambiance du film. The Fable avait déjà quelques légers problèmes de dramatisme appuyé par moments, mais The Fable: The Killer Who Doesn’t Kill se hisse bien plus haut dans la tragédie au point de frôler (et parfois même d’atteindre) le ridicule. Tout d’abord, les personnages sont beaucoup plus archétypaux que dans le premier volet, ce qui n’aide pas vraiment à se sentir concernés par leur trajectoire et leurs sentiments. Nous savions déjà que Fable était plutôt un brave homme (activité de tueur à gages mis à part) lorsqu’il faisait des bonnes actions, comme épargner une femme enceinte dans The Fable. Or ici, le fait de traiter de son remord et de sa volonté d’aider Hinako le rend beaucoup plus classique comme protagoniste « bandit au grand cœur ». C’est d’autant plus dommage que lorsque le film nous rappelle qu’il s’agit d’un personnage assez singulier et atypique, il ne mobilise que des situations ou traits de personnalité de Fable que nous connaissons déjà. Utsubo, quant à lui, peut heureusement compter sur la prestation de Tsutsumi pour le rendre divertissant dans sa vilenie tant le personnage est exagérément mauvais. Partant de là, le manichéisme impacte quelque peu l’investissement émotionnel du spectateur, alors que le film essaie d’être bien plus touchant que le premier volet. Pour couronner le tout, la façon dont il tente d’émouvoir est souvent très maladroite. Pour ne citer qu’elle, l’intrigue sur la confiance en soi et le pouvoir de l’amitié de Fable qui, combinés, peuvent rendre l’usage de ses jambes à Hinako jusque-là en fauteuil est au mieux assez risible, au pire dérangeante.

The Fable: The Killer Who Doesn’t Kill n’a pas que des défauts et certaines scènes sont assez plaisantes. Malheureusement, la comparaison avec le début en fanfare qu’était The Fable nuit trop au film pour réellement apprécier cette suite un peu trop bancale. On reste toutefois aux aguets, des fois que Eguchi déciderait de poursuivre la franchise avec une histoire mieux maîtrisée.

Elie Gardel.

The Fable: The Killer Who Doesn’t Kill de Kan Eguchi. Japon. 2021. Disponible sur Netflix.

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