Après une avant-première à Annecy 2020, 7 jours, réalisé par Murano Yuta, trouve enfin le chemin vers les salles de cinéma.
C’est l’été et bientôt les vacances dans une petite ville du Japon. Un lycéen de seconde, féru d’histoire mais très timide, est amoureux de sa camarade de classe, qui est également sa voisine. Cette dernière, fille d’un politicien important, est amenée par la force des choses à déménager alors qu’elle n’en a aucune envie. Le jeune homme lui propose alors de fêter son anniversaire, qui a lieu une semaine plus tard, en fuguant. Les deux jeunes gens seront suivis par quatre autres amis et se couperont du monde pendant une semaine dans une usine désaffectée. C’est sans compter sur l’opiniâtreté du père de l’adolescente, qui ne tient pas à ce que cette fugue ternisse sa réputation.
Le titre international du film est 7 Days War, plus explicite sur l’objectif in fine de l’œuvre, qui entend mettre en lumière la dimension « lutte » qu’on décèle dans les intentions du réalisateur. Le personnage du père politicien a les contours d’un être maléfique, un patriarche affairiste qui étouffe sa fille dans un cocon luxueux mais très réglementé. La bande d’amis adolescents est décrite comme clairement imparfaite à bien des égards, mais leurs défauts sont le reflet de la société japonaise – voire mondialisée – dans laquelle les adultes détiennent des moyens de domination. Ces mêmes adultes n’hésitent d’ailleurs pas, à un moment-clé de l’intrigue, à utiliser contre la jeunesse, telle une arme, l’appareil des réseaux sociaux qu’ils prisent tant. Il s’agit donc bien d’une guerre, celle d’une jeunesse enfermée dans un carcan, en opposition à leurs parents et à la société japonaise qui les ligotent à l’intérieur de cette prison dans laquelle leurs aspirations de bonheur sont anéanties. Cette fugue dans un décor loin de tout devient alors quasi-paradisiaque – au-dessus de la ferraille de l’usine abandonnée, la verdure et les couchers de soleil romantiques prennent le pas. Une fois que les parents ont trouvé le point de chute de leurs enfants, la guerre se matérialise littéralement et les enfants rétorquent par l’action pour repousser les adultes.
Il y a donc deux dimensions dans 7 Jours : d’une part la lutte idéologique ; et d’autre part, la phase d’action. Dans l’une comme dans l’autre, le film peine à convaincre. L’opposition entre les adultes et la jeunesse est assez grossière, caricaturale et n’est pas plus détaillée ou subtile que ce qui est décrit ci-dessus. L’idée de prendre six (en réalité sept) jeunes gens avec un semblant de marginalité ressentie, et de les confronter à la panoplie complète du système hiérarchique japonais – l’autorité filiale, la politique, les médias – résonne de manière un tantinet ridicule dans cette configuration. L’impression est que le réalisateur et le scénariste ont voulu cocher toutes les cases de ce qui dysfonctionne dans la société moderne et le matérialiser dans une guerre des boutons qui ne mène qu’à un trop-plein de bons sentiments. C’est là le défaut de la seconde dimension de l’œuvre : la narration et le choix des scènes, l’idée de faire s’affronter les enfants et les adultes physiquement sans que personne n’ait de bobo, ne crédibilisent pas l’idée initiale louable de forger une œuvre progressiste et positive par la confrontation.
Peut-être reste-t-il tout de même, pour sauver une œuvre naïve mais bourrée de bonnes intentions, ce positivisme. Si l’exécution générale du film pèche, son dernier acte maintient la foi en l’avenir et dans le changement des mentalités. Sur cette jolie note d’espoir, le film se clôt avec un petit bout de femme qui tient tête à son père têtu, et une amitié retrouvée entre les personnages. On ne peut s’empêcher de se dire que le film aurait pu mieux prendre aux tripes si un soin accru avait été apporté aux choix scénaristiques et au développement des personnages, plutôt qu’à un focus sur autant d’idées à la fois. Mais la volonté était sans doute de créer un film très grand public, capable de toucher des jeunes spectateurs et de divertir les autres. Il risque de laisser sur le bas-côté les amateurs d’animation japonaise un tant soit peu chevronnés.
Maxime Bauer.
7 Jours de Murano Yuta. Japon. 2019. En salles le 06/10/2021