La catégorie New Cinema From Asia du Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) est toujours très attendue. On peut notamment y découvrir la comédie coréenne Ok! Madam, réalisée par Lee Cheol-ha.
Mi-Young et Seok-hwan forment un couple aux revenus modestes et travaillent dur pour élever leur fille unique. Leur train de vie se retrouve bouleversé lorsque le père gagne, à un jeu de hasard, un voyage à Hawaï. Seulement, le vol les embarquant vers leur destination paradisiaque est pris en otage par des agents nord-coréens bien déterminés à mettre la main sur une espionne passée chez l’ennemi et qui détiendrait des documents secrets très convoités par les diverses agences gouvernementales.
Ok! Madam a pour mission de parodier un sous genre du cinéma d’action à mi-chemin entre le rip off de Die Hard et les films de catastrophes aériennes qui ont pullulé dans les années 70. Cette niche a fait le bonheur des vidéo-clubs et a marqué bon nombre de spectateurs grâce, notamment, au court mais intense jeu de Steven Seagal qui est parvenu à sortir son unique expression, de surprise, de sa carrière. Le film de Lee Cheol-ha quant à lui bénéficie du budget des fins de séries hollywoodiennes qui sont passées par la case direct en DVD. A l’instar d’Exit, il parvient à transcender son sujet et son manque de moyen par une réelle inventivité dans les gags et les situations rocambolesques. Il faut l’avouer, cette équipe de terroristes n’est pas la mieux préparée et la plus effrayante que l’on puisse voir, et il faut reconnaître que les otages sont quelques peu indisciplinés.
Il y a quelques personnages bien croqués qui amènent du burlesque dans un contexte censé être dramatique avec, notamment, un steward survolté et maladroit qui rêve de côtoyer des célébrités à bord de l’avion, et la petite fille qui ne manque pas de répondant et déjoue le stéréotype de chantage lacrymal souvent utilisé dans les productions coréennes. On se moque volontiers de la célébrité des stars de Kpop, à bord de ce vol quelque peu perturbé et le cinéaste prend un malin plaisir à ridiculiser la figure imbue de l’homme politique. Il sait également mettre en scène les jeux incessants de cache-cache et de faux semblant que se livrent les personnages dans cet espace confiné.
Et surtout, le film reste tout de même assez généreux en scènes d’action. Il n’y a rien de trop pétaradant à part la scène d’ouverture qui offre une belle mise en bouche. Nous avons droit, dans les couloirs exigus de cet avion de ligne, à quelques beaux moments chorégraphiés où tous les ustensiles disponibles sur un plateau-repas servent d’armes létales, de quoi rendre jaloux Jason Bourne. Et quel plaisir de retrouver Uhm Jung-hwa dans un rôle physique, quelques quinze années après sa prestation marquante dans Princess Aurora.
Le film tient son rythme sur la durée, avec certes quelques petits coups de mou, mais parvient à rebondir assez facilement et ne joue pas trop le coup des suspenses très artificiels dans les faux plafonds de l’avion. Le réalisateur alterne avec une belle aisance les scènes d’action et le burlesque et prouve une nouvelle fois la présence d’un réel savoir-faire du cinéma coréen en matière de comédie. Un genre peu exporté, bien plus coloré que les thrillers pluvieux. Et pourtant, à part quelques références à la culture locale, tous les codes sont facilement compréhensibles et assimilables par un public français, le film jouant à fond le comique de situation et les gags visuels avec un aisance déconcertante.
On ne peut que féliciter les programmateurs du NIFFF d’avoir choisi cette comédie rafraîchissante, une véritable bouffée d’air frais et l’occasion rêvée d’oublier le quotidien durant 100 minutes. Depuis quelques années, les festivaliers et autres amateurs de cinéma coréen attendent fébrilement la diffusion des nouvelles pépites du genre et on ne peut que souhaiter que les distributeurs et autres plateformes se penchent un peu plus sur les comédies coréennes.
Martin Debat
Ok! Madam de Lee Cheol-ha. Corée. 2020. En sélection du NIFFF 2021
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