LE FILM DE LA SEMAINE – Josée, le tigre et les poissons de Tamura Kotaro

Posté le 16 juin 2021 par

On découvre en salles cette semaine un film d’animation présenté en compétition à Annecy et dont on n’avait pas entendu parler il y a encore quelques mois : Josée, le tigre et les poissons, premier long-métrage de Tamura Kotaro.

Kumiko, paraplégique depuis l’enfance, vit avec sa grand-mère, qui la sur-protège du monde extérieur. Elle sort peu et s’est créé son propre univers, aidée par la lecture, sa fascination pour la mer et son imagination débordante. Elle demande qu’on l’appelle Josée, du nom d’une jeune héroïne d’un roman de Sagan. Tsuneo, brillant étudiant en biologie marine, aimerait poursuivre ses études au Mexique où il pourrait vivre son rêve, plonger dans les eaux tropicales. Pour cela il lui faut de l’argent et il cherche donc des petits boulots. Un soir, il tombe littéralement sur Josée et la sauve d’une horrible chute. Suite à cette rencontre accidentelle, la grand-mère de Josée engage Tsuneo comme aide-soignant. Josée se révèle autoritaire et têtue, mais Tsunéo est d’une grande patience. Ils apprennent à se connaître et même à s’apprécier. Un jour, il emmène Josée à la mer…

Ce film de Tamura Kotaro séduit d’emblée par le soin tout particulier apporté à la restitution de l’atmosphère d’une ville, Osaka, où se situait déjà la nouvelle de Tanabe Seiko dont il est l’adaptation. Se voulant réaliste, l’animation est soucieuse de faire ressentir le temps réel d’un trajet en train, l’ambiance d’une fête foraine, l’agréable silence d’une bibliothèque. On accompagne sans difficulté les retrouvailles quotidiennes de ses deux héros, Tsuneo, étudiant en biologie marine rêvant de poursuivre son cursus au Mexique et Kumiko, fan de Françoise Sagan ayant décidé de se rebaptiser « Josée ». Josée étant une jeune femme plutôt isolée, paraplégique depuis l’enfance, Tsuneo, sur l’invitation de la grand-mère de cette dernière, a été embauché comme aide-soignant. On devine l’évident horizon romantique d’une relation d’abord compliquée mais ce n’est heureusement pas tout.

Car si l’histoire de leur amour naissant est en elle-même plaisante à suivre, le film n’est jamais aussi beau que dans sa part la plus strictement sensorielle. Ce qui captive avant tout, comme dit plus haut, c’est la sensation quasi permanente d’évoluer au rythme des personnages, qu’ils soient statiques ou en mouvement, unis ou séparés, plongés dans leurs rêves ou confrontés à la réalité la plus sèche (le décès soudain de la grand-mère, qui succède à une scène plutôt légère). On se doit alors d’aller au bout de l’honnêteté en déplorant l’omniprésence d’une musique arrondissant par trop les angles, surlignant des affects se suffisant à eux-mêmes. Comme une crainte de la part du cinéaste que les épisodes un peu cruels, un peu dépressifs du film mettent à mal sa volonté fédératrice et « feel good ».

Josée, le tigre et le poisson n’en demeure pas moins un film d’une si belle facture technique que l’on est parfois tenté par l’arrêt sur image fantasmé. Les personnages sont si élégants, la mise en scène si fluide, les textures si attractives que l’on y ressent une qualité matérielle supérieure à nombre de films en prise de vues réelles. C’est à l’aune de cette matérialité que l’arrivée au cinéma de Tamura Kotaro est d’ores et déjà une bonne nouvelle. Si bien qu’une suite – forcément pas d’actualité – aux aventures de Josée, Tsuneo et leurs amis serait des plus désirable.

Sidy Sakho

Josée, le tigre et les poissons de Tamura Kotaro. Japon. 2020. En salles le 16/06/2021

© 2020 Seiko Tanabe/KADOKAWA/Josee Project

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